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« Souviens-toi du vase de Soissons. »

Publié le 17/01/2022

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Phrase prononcée en 488 par Clovis, roi des Francs Saliens (466-511) au moment où il fracassait d'un coup de francisque le crâne d'un de ses soldats. Le soldat avait brisé un vase dont l'évêque de Reims, Saint Rémi, avait demandé la restitution. Utilisation : la mémoire… et la rancune ? (la sanction tardive, ou la vengeance tardive).

« L'épisode du vase de Soissons La leçon d'un chef 486 Roi des Francs Saliens depuis 481, Clo­ vis entre dans l'Histoire en 486 lorsqu'il détruit la principauté de Syagrius.

Celle­ ci, établie entre la Loire et la Somme, avec Soissons pour capitale, était le der­ nier vestige de la puissance romaine en Gaule.

Des pillages ont évidemment accompagné la victoire: un très beau vase liturgique a été pris avec d'autres dans une église dont Grégoire de Tours ne précise pas le nom.

L'évêque du lieu fait prier le roi vainqueur de lui restituer cette pièce.

A Soissons où a lieu le par­ tage du butin, Clovis demande à toucher le vase en plus de sa part.

Un soldat s'y oppose et frappe l'objet d'art de sa hache.

Le roi supporte l'affront en silen­ ce et fait rendre le vase à l'évêque.

Un an plus tard, passant ses troupes en revue, Clovis retrouve son contradic­ teur; il lui reproche d'avoir des armes mal entretenues, lui arrache sa hache qu'il jette au sol.

L'autre se baissant pour la ramasser, le roi lui fend le crâne avec la sienne en disant: ((C'est ainsi que tu as fait à Soissons avec le vase.)) De la sorte, nous dit Grégoire de Tours, Clovis inspira une grande crainte.

Cet épisode très célèbre a toutes les chances d'être authentique; de même, le vase a dû rester intact, étant fait de mé­ tal.

En effet, dans son testament, saint Remi, qui baptisa Clovis, précise qu'il lègue à son église ((le vase dont m'a fait cadeau le roi Clovis».

Il s'agit probable­ ment du fameux vase de Soissons.

L'anecdote, triplement révélatrice, nous apprend que Clovis sait dissimuler dans l'attente du moment opportun; il ne recule pas devant la cruauté - il en a malheureusement donné bien d'autres exemples -pour parvenir à ses fins et pour mieux désarmer les résistances.

On constate aussi que le roi n'a qu'un pou­ voir limité: il doit partager le butin avec ses hommes qui forment encore un groupe d'hommes libres et égaux, con­ trôlant leur chef; c'est par sa seule valeur militaire que ce dernier peut s'imposer.

Enfin, dix ans au moins avant son baptême, Clovis veille à se ménager la faveur de l'épiscopat catho­ lique qui lui apportera l'appui des popu­ lations gallo-romaines très largement majoritaires dans le pays.

Ainsi l'épisode du vase de Soissons aide-t-il à mieux connaître le fondateur de la dynastie mérovingienne, qui, sous des dehors brutaux et primitifs, cachait un sens politique aigu.. »

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