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Sully

Publié le 27/02/2008

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Depuis le XVIIIe siècle, l'historiographie a constamment parfait le personnage de Maximilien de Béthune, duc de Sully, à tel point qu'il est devenu un héros populaire de la galerie des hommes d'État français. Chaque écolier garde en mémoire le jeune page de Henri de Navarre, âgé de douze ans, échappant à la fureur assassine de la Saint-Barthélemy, un gros missel sous le bras. Au ministre de Henri IV, on attribue le relèvement de la France après quarante ans de guerres civiles. On en fait le défenseur de la catégorie sociale la plus digne d'estime, celle qui vit du pâturage et du labourage. Un de ses biographes le présente comme " faiseur de miracles à force d'organisation financière solide et sévère ". Il n'est pas jusqu'à sa disgrâce, après l'assassinat du " bon roi Henri ", qui ne participe à la création du mythe : Sully renvoyé, ce sont à nouveau dilapidations du trésor royal et triomphe des forces centrifuges. Ajoutons que la fidèle amitié qui lie Sully et Henri IV, lui aussi auréolé de prestige populaire, a toujours préservé le ministre de l'accusation de confiscation de pouvoir. Alors que la réputation impérieuse de Richelieu a longtemps repoussé Louis XIII dans l'ombre, Sully est toujours apparu comme le serviteur zélé du monarque, sans pour autant qu'il s'interdise envers lui une franchise jugée parfois inopportune.    
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« Depuis le XVIIIe siècle, l'historiographie a constamment parfait le personnage de Maximilien de Béthune, duc de Sully, à tel point qu'il est devenu un hérospopulaire de la galerie des hommes d'État français.

Chaque écolier garde en mémoire le jeune page de Henri de Navarre, âgé de douze ans, échappant à la fureurassassine de la Saint-Barthélemy , un gros missel sous le bras.

Au ministre de Henri IV , on attribue le relèvement de la France après quarante ans de guerres civiles. On en fait le défenseur de la catégorie sociale la plus digne d'estime, celle qui vit du pâturage et du labourage.

Un de ses biographes le présente comme “ faiseur demiracles à force d'organisation financière solide et sévère ”.

Il n'est pas jusqu'à sa disgrâce, après l'assassinat du “ bon roi Henri ”, qui ne participe à la création du mythe : Sully renvoyé, ce sont à nouveau dilapidations du trésor royal et triomphe des forces centrifuges.

Ajoutons que la fidèle amitié qui lie Sully et Henri IV , lui aussi auréolé de prestige populaire, a toujours préservé le ministre de l'accusation de confiscation de pouvoir.

Alors que la réputation impérieuse de Richelieu a longtemps repoussé Louis XIII dans l'ombre, Sully est toujours apparu comme le serviteur zélé du monarque, sans pour autant qu'il s'interdise envers lui une franchise jugée parfois inopportune.

Né à Rosny en 1560 de parents huguenots, le jeune Maximilien appartient à l'illustre lignée Béthune.

Famille ancestrale, mais de peu de biens : les dilapidations dugrand-père paternel, les confiscations qui suivent la capture du père à Jarnac en font un cadet impécunieux auquel ne s'offre guère que la carrière des armes.

En1574, il rallie le roi de Navarre, chef des protestants ; dès lors, toute son existence est liée à la fortune du futur Henri IV P139 .

Sa fougue lors des combats des guerres de religion, son application à les préparer, le font rapidement goûter de son maître.

Devenu chef de sa Maison par la mort d'un aîné, il se soucie de rétablirl'ancien lustre de sa famille, pendant les loisirs que lui laisse la rude vie des camps.

Henri de Navarre apprécie ce mélange de bravoure chevaleresque et d'espritménager.

La promotion de son maître comme héritier du trône des Valois (1584) permet à Sully d'exercer de nouveaux talents.

Les délicates négociations entre Henri IIIP1748 et le Bourbon, surtout lorsque éclatent les Journées des Barricades KW117 à Paris (1588), révèlent en Sully un fin diplomate.

Aussi n'est-il pas étonnant de le voir promu conseiller d'État peu après l'avènement (1589).

Encore que le roi veuille lui épargner les travaux guerriers, afin de le conserver pour l'œuvre derestauration intérieure, Sully est de toutes les grandes batailles, où il paie de sa personne (il est blessé gravement à Ivry).

Mais ce sont ses talents financiers quiétablissent définitivement sa réputation.

A peine est-il entré au Conseil des Finances (1596) qu'il propose au roi de faire une tournée dans les généralités duroyaume pour faire rendre gorge aux agents du Trésor.

Il se charge personnellement d'écumer la vallée de la Loire et “ réussit ” beaucoup mieux que ses collègues,puisqu'il récupère trois cent mille écus.

Coup d'éclat ou maraude, juste sévérité ou manque de scrupules, voilà qui importe peu à un roi sans argent, ayant à faireface aux charges de la pacification.

Une autre occasion de montrer son art a été fournie à Sully par la prise d'Amiens P307M1 par les Espagnols en 1597.

C'est lui qui réussit à munir d'argent et de matériel les troupes royales qui reprennent la ville en septembre.

La question des pouvoirs de Sully a été souvent débattue.

Nombre d'historiens ont émis l'opinion qu'il était omnipotentdès 1597, et que les conseils ne faisaient qu'entériner ses décisions.

Dans son Histoire générale de la Maison de Béthune , publiée du vivant du ministre (1639), l'historiographe du roi André du Chesne affirme que dès l'an 1596 “ Sa Majesté leconsidérant de naissance, d'esprit et de courage propre pour être employé aux plus hautes charges et offices du royaume,tant de paix que de guerre, elle l'intro-duisit dans ses conseils...

qui pour lors étaient composés de dix ou douzepersonnes.

Lesquelles petit à petit lui cédèrent le pouvoir qu'elles avaient en l'administration des affaires, et surtout decelles des finances : où il se trouva absolu devant que la paix de Vervins fût conclue ”.

Il ne semble pas que Sully aittriomphé si facilement de ses collègues, en particulier du chancelier Bellièvre.

C'est en 1599 qu'il est, en fait, sinon en titre,surintendant des Finances, mais ce n'est pas avant 1604 qu'il réussit à étendre son autorité à toutes les parties dugouvernement.

L'œuvre de Sully est avant tout de restauration financière.

Si l'on en croit sa correspondance, les bureaux de finances établis dans les généralités se signalaient parleur incurie et leur malhonnêteté.

Le système était pourtant moins chaotique qu'on ne l'a dit, et Sully le conserve, tout en y introduisant ses créatures et enmultipliant les inspections.

Mais il est bien difficile de supprimer les privilèges de corps.

En 1604, Sully lance un emprunt et soustrait les officiers de finances quisouscrivent à toute recherche pour leur gestion passée.

Le stratagème réussit mais montre le succès mitigé de la politique de répression des fraudes.

On a fait gloireà Sully d'avoir baissé la taille, impôt écrasant pour la paysannerie.

Mais les impôts indirects doublent durant le temps de sa surintendance et le revenu total de lafiscalité augmente de plus de 50 %.

Le plus beau résultat de son administration est d'avoir rétabli, dès 1600, l'équilibre du budget.

Encore doit-on constater quec'est au prix d'une banqueroute maquillée, où les créanciers de l'État sont perdants.

Quoi qu'il en soit, au début de 1610, Henri IV P139 , qui prépare une expédition sur le Rhin, dispose de dix millions de livres, en plus des cinq millions du trésor de la Bastille.

En 1597, Sully a reçu le titre de Grand Voyer de France.

Après quarante ans de guerres, routes et ponts étaient dans un piteux état.

Engageant la lutte avec despouvoirs locaux négligents, Sully crée l'administration centralisée de la voirie.

Le trafic profite de la construction de ponts de pierre et de l'aménagement de routes àaccotements, sur lesquels sont plantés des ormeaux, encore appelés “ sullys ” en Poitou, province dont le ministre était gouverneur.

Un plan de construction decanaux reçoit un début de réalisation avec le commencement du canal de Briare.

L'effort fourni est considérable.

Si l'on tient compte de la dévaluation de la livre, ilfaut attendre l'administration des Ponts et Chaussées de Louis XV P204 pour retrouver pareil élan.

Dans cette œuvre importante, Sully a utilisé le corps des ingénieurs du roi, sur lequel la charge de surintendant des Fortifications et des Bâtiments lui donne juridiction.

Le ministre est un précurseur de Vauban A129 : il fait passer la défense des villes de la muraille médiévale au système moderne des bastions avec escarpe et contrescarpe.

La capitale lui doit les places Royale etDauphine et la Galerie du Bord de l'Eau.

Au total, Sully lègue à Louis XIII P2029 une école et des dynasties d'ingénieurs autochtones et qualifiés.

Ajoutons au palmarès la restauration de l'artillerie, dont Sully est grand maître, les encouragements à l'agriculture, pour des raisons économiques, mais aussipolitiques le paysan français fait un excellent soldat l'aide au développement industriel, sans oublier les nombreuses missions diplomatiques tant en Grande-Bretagne qu'auprès de ses coreligionnaires, rendus méfiants par l'abjuration d'Henri IV P139M4 .

Resté huguenot sincère, Sully est le médiateur qui rassure et permet la réconciliation.

Il aurait été politiquement mauvais qu'il se convertisse.

L'inimitié de Marie de Médicis P2126 , de nobles et de conseillers avec lesquels il a eu querelle, précipite sa disgrâce en 1611.

Pendant sa longue retraite (il meurt en 1641), Sully écrit les Économies royales où il justifie son œuvre.

Du “ cadavre de la France ” il a fait un État puissant.

Plus largement, son action est une étape originale de l'évolution monarchique vers l'absolutisme.

Prédécesseur de Richelieu P285 et Colbert P075 , dont il annonce les méthodes, il a combattu cours souveraines et autorités provinciales.

Tout en luttant contre l'indiscipline des nobles, il a voulu le triomphe de l'épée sur la robe qu'il tient en mépris : ne livre-t-ilpas les charges à l'argent en institutionnalisant leur vénalité ? Qui ne reconnaîtrait dans l'essai de conciliation d'une monarchie absolue et d'une noblesse active etindustrieuse les théories reprises par Richelieu P285 ? Nous sommes encore loin du “ règne de vile bourgeoisie ” ( Saint-Simon L190 ) et de la noblesse oisive de Versailles.. »

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