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Tamil Nadu

Publié le 29/11/2025

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« Dans son dictionnaire amoureux de l’Inde Jean-Claude Carrière définit le Tamil Nadu à travers les temples qui sont « ce qu’il y a plus indien en Inde » symbolisant « ce qu’on y trouve de plus particulier, de plus étonnant, et qu’on ne verra nulle part ailleurs ». Le Tamil Nadu « pays tamoul » est un État d'Inde situé au sud-est étant bordé au nord par l'Andhra Pradesh, au nord-ouest par le Karnataka, à l'est par le golfe du Bengale et deux enclaves de Pondichéry, et à l'ouest par le Kerala.

Au sud et au sud-est, il est bordé par la mer des Laquedives, la baie et le détroit de Palk, sur lesquels se forme une frontière maritime avec les Maldives et le Sri Lanka.

Le principal cours d'eau de l'état est le fleuve Kaveri occupant la partie centrale du territoire. Le Tamil Nadu compte environ 83 millions d'habitants pour 130 000 km2 ce qui en fait le sixième état le plus peuplé.

La densité moyenne de 645 hab/km2 est forte et le Tamil Nadu est un état plus riche et plus urbanisé que la moyenne étant le quatrième plus haut PIB à l’échelle nationale.

La capitale de l'État Madras, rebaptisée Chennai est une métropole indienne et Coimbatore, une métropole régionale, Madurai une grande ville.

Le Tamil Nadu a été créé selon des critères linguistiques en 1956 : il correspond à peu près aux régions d'Inde où l'on parle tamoul. Dans quelle mesure le Tamil Nadu s’affirme-t-il comme modèle de développement, à travers ses particularismes, en dépit d’une appartenance à l’Union Indienne, elle-même, moteur de rayonnement et de contraintes pour cet Etat ? Si, d’abord, le Tamil Nadu possède une identité propre résultant de caractéristiques originales à l’origine d’un développement particulier, cet Etat s’inscrit néanmoins dans un environnement régional spécifique, faisant parti de l’Union Indienne ce qui entraîne des conflits entre différents acteurs.

Enfin, l’Etat affronte des problématiques locales qui soulèvent des enjeux globaux suscitant des réponses variées. Dans un premier temps, nous allons nous intéresser à l’Etat du Tamil Nadu comme possesseur d’une identité propre résultant de caractéristiques particulières et d’un héritage original à l’origine d’un développement marqué. Tout d’abord, le Tamil Nadu présente des caractéristiques naturelles spécifiques relatives au géo-climat et à la géophysique, présentées dans l’article de François Durand-dastès intitulé tamilnadu (2009) : l'État du Tamil Nadu est constitué de plaines littorales et deltaïques à l'est et au sud-est, puis, vers l'ouest, un alignement de petits blocs montagneux, quelques plaines et plateaux intérieurs (plaine de Coimbatore) et une partie des blocs montagneux élevés du sud de l'Inde.

Le climat est marqué par un régime pluviométrique particulier avec des pluies qui diminuent pendant les mois d'été pour connaître un maximum en novembre à l’inverse de l’Inde.

Les plaines côtières sont les parties les plus actives de l'État : contraste entre plaines du Nord, abondamment arrosées (Madras) avec un système d’irrigation et de pompage électrique (delta de la Cauvery) spécialisés dans la riziculture tandis que celles du Sud (delta de la Vaigaï et plaine de Tirunelveli) plus sèches marqués par des systèmes de culture différents axés sur le millet, les arachides et les cocotiers.

Dans ces campagnes modernisées s'est affirmé le rôle d'une paysannerie, qui emploie beaucoup de salariés agricoles.

Dans, la région de Tirunelveli, la présence de sols noirs à fort pouvoir de rétention d'eau permet la culture du coton.

Le Tamilnadu possède la partie la plus importante des hautes montagnes boisées des Nilgiris, où l'on trouve des plantations de thé et de café.

Les plaines et les plateaux intérieurs, aux climats secs et sols profonds sont spécialisés dans la culture du coton induisant un travail de cette fibre par de petits centres industriels, comme à Coimbatore. Ensuite, l’adaptation agro-industrielle des sociétés à ce terroir a permis, par des aménagements, un développement urbain important.

Le facteur essentiel est la présence de Chennai, ancien comptoir britannique, comme pôle de modernité et de développement local, participant à la croissance générale, devenu depuis, le plus actif et sans doute le plus soucieux de son autonomie en face du pouvoir central de New Delhi.

Le Tamilnadu est un des États de l'Inde où le progrès économique est le plus rapide.

Il le doit en partie à sa cohésion sociale et politique et à une exploitation industrielle des ressources naturelles (lignites de Neyelveli, bauxite, magnésite), ainsi qu’une tradition textile des grands centres de pèlerinage, comme Kanchipuram et Madurai, et enfin la présence d'une population importante appartenant aux basses castes, dont la spécialité rituelle est le travail du cuir.

L'usine de construction de trains à Perambur est l'une des plus importantes d'Asie ; une usine de tanks se trouve à Avadi, près de Madras, où une raffinerie de pétrole est implantée d’après l’ouvrage Inde, le territoire et hommes de Philippe CADÈNE.

Madras est une capitale administrative, économique, culturelle et universitaire.

Le gouvernement fédéral y a l'implanté des usines d'automobiles, de construction ferroviaire et d'équipements électriques.

Le centre est typique des anciens comptoirs : l'ancien fort est devenu le premier quartier d'affaires avec un port à proximité et de grands espaces militaires puis quartiers industriels qui se sont développés vers le nord et le nordouest, le long de la voie ferrée Bombay-Madras.

Au sud, un axe commercial et bancaire s'étire créant ainsi deuxième quartier d'affaires. Tout autour, une constellation de villages urbanisés et les traces habituelles de la pauvreté indienne d’après François Durand-Dastès.

Ainsi, les industries sont fort variées : textiles, sidérurgiques, métallurgiques, mécaniques, électriques, chimiques, caoutchoutières, papetières, cinématographiques. Enfin, ce développement est au service de la valorisation du patrimoine culturel original du Tamil Nadu.

D’après l’article Tamoules, langues et littérature de François Gros, le Tamoul qui est la langue officielle de l’Etat de Madras, occupe une place privilégiée dans le groupe dravidien par l'ampleur, l'ancienneté de sa littérature et la conscience récente de sa personnalité au sein de la culture indienne étant la seule langue indienne qui offre dès l’an 0 un corpus lyrique connu en sanskrit, avec des épopées, une poésie religieuse, des musiques et danses mettant en scène le monde paysan, avec des personnages de légende comme un raja révolté contre les Anglais signalant leur présence géographique ancienne.

Une culture de calcul du Tamil Nadu reposant sur l’usage de tables créer par Sundara Row inspira les Européens d’après l’article de Keller.

Le rapport Transnational Tamil Networks écrit par Priya Kumar en 2012 présente la langue tamoul comme élément identitaire central avec la formation de dispora.

Les temples du Tamil Nadu servent de modèles architecturaux et spirituels dans toute la diaspora.

Ainsi, Tiruvannamalai, Chidambaram, Madurai (temple Meenakshi), Palani, Kanchipuram, sont des pôles de pèlerinage pour les Tamouls de l’étranger.

La diaspora finance et promeut Bharatanatyam , la musique carnatique garantissant une certaine attractivité touristique.

Dans l’article « Acteurs, pratiques et territoires du sport en Inde, entre traditions sportives et adaptation aux pratiques mondialisées », le kabaddi est décrit par Baÿ et Doceul comme un sport de rue ancestral, originaire du Tamil Nadu s’étant répandu est devenu l’une des disciplines des Jeux du Commonwealth, organisés tous les 4 ans, et des Jeux d’Asie depuis 1982. Dans un deuxième temps, nous allons étudier l’inscription du Tamil Nadu dans les enjeux propres à l’environnement régional des Mondes Indiens liée à une appartenance géographique à l’Union Indienne. D’abord, la localisation au sud-est de l’UI entraîne des flux de migrations à la gestion complexe.

Dans l’article « A demeure en exil », Anthony Goreau, évoque la présence, en août 2013, de 117 camps au Tamil Nadu, accueillant une population dépassant les 73 000 personnes.

La contiguïté géographique avec moins de 16 kilomètres entre l’île de Mannar et Rameswaram, les affinités linguistiques, la disponibilité de bateaux font du Tamil Nadu un choix « naturel » pour les Tamouls sri-lankais au début de la guerre civile.

Ces camps sont en effet des espaces ouverts mais sous contrôle, permettant une certaine liberté de déplacement à une population pauvre qui a recours au travail informel pour améliorer ses conditions de vie.

Ils cristallisent des tensions entre le gouvernement fédéral et celui du Tamil Nadu en matière de politique extérieure avec le Sri Lanka. Désormais inscrits dans le paysage du Tamil Nadu, ils représentent une situation de frontière, des espaces sous-contrôle mais liminaires étant rattrapés par l’urbanisation et sont maintenant englobés dans un tissu ni totalement urbain ni totalement rural.

Le camp de Keezhputhupattu est ainsi inséré entre un deux hôtels au nord et au sud et la East Coast Road à l’Ouest, où se diffuse l’urbanisation de Pondichéry.

Dans ce contexte de pauvreté entraînant travail informel, le journal le monde caractérise le Tamil Nadu de nouveau hub des cartels de la drogue, notamment du trafic de cocaïne. Ensuite, le système de caste de l’UI est retrouvable à l’échelle de l’Etat du Tamil Nadu, à l’origine d’une ségrégation socio-spatiale.

Dans l’article « Violences et spatialités du sacrifice hindou en Inde du Sud » écrit en 2009, Pierre-Yves Trouillet évoque le village tamoul de Mailam dont des villageois pratiquent chaque année après 8.... »

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