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Tomás de Torquemada

Publié le 28/02/2010

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Le nom de Torquemada a pris valeur de symbole : il évoque immédiatement les cachots, les salles de torture et les bûchers de l'Inquisition. Mais, comme on sait relativement peu de chose du personnage lui-même, une étude sur Thomas de Torquemada retrace, en fait, l'instauration et le fonctionnement de l'Inquisition espagnole jusqu'au 16 septembre 1498, date à laquelle le Grand Inquisiteur mourut à Avila. Récemment, un auteur (M. Américo Castro) a monté en épingle les origines juives attribuées à Torquemada et a rangé ce dernier parmi les convertis (conversos) qui se sont faits les plus atroces ennemis des israélites et des chrétiens issus du judaïsme eux-mêmes. Cet auteur croit trouver dans les origines juives de Torquemada un argument de poids en faveur de sa théorie : "Les ex-rabbins qui, au XVe siècle, ont tracé le plan du Saint-Office (espagnol) l'ont conçu comme un Bet Din (un tribunal rabbinique), plein de ruses cruelles et minutieuses de délations et de secrets."

« l'Inquisiteur était deudo de Pedro Fernandez : ce n'est pas le mot que l'on emploie en espagnol pour désigner le filsde quelqu'un.

Par ailleurs, la "parenté" entre Pedro et Thomas peut fort bien s'être établie à travers des branches"vieilles-chrétiennes" de leurs familles respectives.

L'ascendance juive (qui serait, en tout état de cause, lointaine)du Grand Inquisiteur reste encore à prouver. En revanche, la thèse de l'origine juive de l'Inquisition espagnole peut être, dès maintenant, facilement réfutée.Entre 1484 et 1498, Torquemada, assisté de ses principaux collaborateurs, promulgua plusieurs séries d'instructionssur la pratique inquisitoriale.

Aucune de ces instructions ne fait penser, ni de près, ni de loin, à la législation et à laprocédure du Beth Din rabbinique.

Presque toutes renvoient à la pratique de l'Inquisition médiévale dont la législationet la procédure avaient été fixées par les conciles et les papes : ce fait n'a rien d'étonnant, étant donné que lescollaborateurs du Grand Inquisiteur étaient pour la plupart des spécialistes de droit canon.

Les nombreuses victimesde l'institution dirigée par Torquemada ont été jugées selon le code de l'Inquisition pontificale.

La papauté, quiapprouva explicitement l'action du Grand Inquisiteur, transféra, dans les limites de leurs royaumes, à des monarquesparticuliers la direction du redoutable tribunal ecclésiastique qu'elle avait créé et dont certaines règles,profondément arbitraires, pouvaient couvrir les excès les plus cruels ; elle fit plus : elle accepta de n'exercer aucuncontrôle sur l'Inquisition espagnole. Torquemada n'essaya guère de modérer la brutalité de la persécution inaugurée en 1481 ; loin de mettre un frein àl'activité de ses subordonnés, il s'efforça de stimuler leur zèle.

Dans la longue histoire de l'Inquisition espagnole, lapériode torquemadienne est sans conteste la plus cruelle.

Le Grand Inquisiteur organisa ce monument d'iniquitéqu'est le procès des prétendus assassins du saint Enfant de la Guardia où réapparaît l'ignoble accusationantisémitique de meurtre rituel.

Il semble avoir pris une part importante à l'expulsion des Juifs d'Espagne en 1492,que les souverains justifièrent par le souci de préserver les "néo-chrétiens" de la contagion judaïque.

En 1496,Torquemada obtint une bulle papale interdisant perpétuellement à tout "néo-chrétien", ex hujusmodi Judaeorumgenere mediate vel immediate descendentem, l'accès du monastère qu'il avait fondé à Avila : or, il faut noter que,pour une raison bien compréhensible, les "néo-chrétiens", même (et surtout) lorsqu'ils étaient sincèrementcatholiques, se sont toujours opposés avec vigueur à ce genre de statuts racistes.

Torquemada a consacréd'emblée le caractère à la fois fastueux et terrifiant de la fonction de Grand Inquisiteur.

De la confiscation des biensdes hérétiques condamnés, il tira non seulement les ressources qui enrichirent le trésor royal et alimentèrent labureaucratie inquisitoriale, mais encore celles qui permirent la construction du magnifique monastère dominicaind'Avila, la réédification de celui de Santa Cruz de Ségovie (dont il était le prieur), la réfection d'une église et laconstruction d'un pont à Torquemada, sa ville natale.. »

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