Devoir de Philosophie

Traités de Westphalie: Le triomphe diplomatique de la France

Publié le 11/11/2018

Extrait du document

LE RÈGLEMENT DE TRENTE ANS DE CONFLITS AU CŒUR DE L'EUROPE

 

Les traités de Westphalie mettent fin à la guerre de Trente Ans (16181648). Ils marquent le début d’un nouvel équilibre européen où la France prend tout son essor et où elle va pouvoir imposer sa politique et sa culture. Ils marquent aussi la fin des guerres de religion, et par la proclamation de la souveraineté territoriale, consomment la ruine du Saint Empire romain germanique.

ACTIONS MILITAIRES ET NÉGOCIATIONS

Enjeux de la guerre de Trente Ans La guerre débute en 1618, à la suite d'une querelle entre les protestants de Bohême et leur roi Mathias, par ailleurs empereur catholique

du Saint Empire {défenestration de Prague) Le conflit, alors limité à cette province, prend un caractère international lorsque le roi d'Espagne Philippe IV de Habsbourg,

 

allié de l'Empire, prend prétexte des événements pour reprendre la guerre contre ses possessions des Provinces-Unies en 1621.

Défenestration de Prague Entrée en guerre de l’Espagne Entrée en guerre de la France Ferdinand III devient empereur Premières négociations Diète de Ratisbonne Traités de Westphalie Traité exécutoire de Nuremberg Condamnation des traités par une bulle papale

LES PEINTRES DE GUERRE ET DE PAIX

Les grandes batailles de la guerre se fixent sur la toile, rendant compte des tactiques et des

demandent alors le secours du roi Christian IV du Danemark dont la défaite face à la Ligue catholique oblige Gustave Adolphe de Suède à s'engager pour lui porter secours. Si le roi de Suède obtient quelques succès, sa mort en 1632 au cours

de la bataille de Lützen renverse à nouveau le cours de la guerre. Le 30 mai 1635, l'empereur Ferdinand II de Habsbourg est tout près de mettre fin au conflit en signant la paix de Prague. Cependant, la France, pour prévenir l'encerclement du pays par les Habsbourg, décide d'intervenir. La guerre va durer treize années supplémentaires. En 1648, Ferdinand III, nouvel empereur, se trouve alors menacé par la jonction des armées française et suédoise marchant sur Vienne. Il est obligé de trouver un compromis diplomatique et de conclure la paix.

Les premières négociations

Particulièrement violente et destructrice, cette guerre cause des ravages terribles, en Allemagne surtout. Partout, le long du Rhin, des villages florissants se trouvent réduits à une poignée de silhouettes faméliques. Face à ce désastre humain, le pape Urbain VIII tente, dès 1636, de proposer des offres de médiation. Il se sert des ordres mendiants et des jésuites comme ambassadeurs de la paix mais ces derniers sont partout perçus comme des espions. Le pape propose aux belligérants de se réunir à Cologne

drames. La bataille de Lützen du 16 novembre 1632 fut immortalisée par Anthonie Palamedes (1601-1673).

Jacques Callot (1592-1635) dessine les misères et les malheurs de la guerre. Laurent de La Hyre (1606-1656) représente la paix de Westphalie dans une allégorie conservée au château de Versailles, tandis que Gérard Terborch (16171681) peint l'assemblée ratifiant le traité de Miinster.

« MAZAiliN (IM2·1111), LE CARDINAL DIPLOMAn voyages, ses charges comme nonce apostolique et • ambassadeur» de Richelieu, lui donnent une diverses, tout en étant plus souple que Richelieu et en apparence moins rancunier.

Il a une vision claire de la paix qu'il souhaite obtenir dont la profession de foi paraît sous le titre Ada Pads Westpha/icae le 30 septembre 1643, signée alors par Henri-Auguste Loménie de Brienne (mort en 1666, secrétaire d'État aux affaires étrangères).

communauté universelle de chrétiens mais il devait se soumettre à la volonté des princes et à l'indépendance des États.

lA RADICALISATION DE L'ESPACE CULTUEL l'exercice public et légal d'un culte, qu'il soit catholique ou protestant, a toujours eu pour règle de référer à la religion choisie par l'État ou par le prince, selon le principe du Cujus regio, ejus religio (la religion dominante est celle 1-------------,-------------l du souverain).

Dans ces traités, il ne s'agit nullement de tolérance mais de reconnaissance; les sujets qui négociations menées par Hugues de Uonne en juin 1658, à Frandort.

Les électeurs allemands vont avec l'infante d'Espagne.

En échange, la France restitue au comte du Tyrol, Ferdinand­ Charles, le comté de Hauenstein et le Brisgau avec la Forêt-Noire, et elle lui verse 1 million de livres d'indemnités pour le landgraviat - comté -de Haute-Alsace.

LEs ACQUISITIONS sutDOISES l'article 10 du traité d'Osnabrück accorde à la Suède la Poméranie occidentale.

La Suède annexe par ailleurs 11le de Rügen, à titre de principauté, la ville et le port de Wismar sur la côte de Mecklembourg.

l'archevêché de Brême (mais pas la ville) et l'évêché de Verden, avec les droits sur la cathédrale et le chapitre de Hambourg.

Elle s'assure donc l'essentiel du contrôle des côtes allemandes de la Baltique et de la mer du Nord, ce qui lui permet d'exercer sa domination sur le commerce maritime dans ta région.

La dynastie des Vasa, avec à sa tête la jeune Christine de Suède, a de ce fait un véritable empire maritime qui va faire sa fortune tout au long du siècle suivant La reine de Suède obtient également le droit de siéger à la diète de Frandort à la faveur des territoires allemands acquis; ce qui n'est pas le cas de la France dont les territoires sont cédés en toute souveraineté.

La Suède promet de maintenir les privilèges des pays cédés et de n'interférer en rien dans le libre exercice de la religion catholique.

I.'INDtpENDANCE DES PROVINCES ALLEMANDES Las d'être trop souvent engagés dans les conflits des grandes puissances frontalières, les Cantons suisses s'efforcent de constituer une confédération avec une armée fédérale de défense du territoire.

Lors des négociations, ils exigent la reconnaissance de leur souveraineté.

Le traité de Westphalie est pour eux, non seulement l'acte fondateur de l'indépendance suisse, mais encore celui de sa neutralité dans tous les conflits européens jusqu'à ce jour.

l'électeur de Brandebourg obtient le reste de la Poméranie et se trouve dédommagé par la sécularisation de quatre évêchés: Kamién, Magdeburg.

Halberstadt et Minden.

Concernant les Provinces-Unies, un traité particulier, signé à La Haye le 30 janvier 1648, entre celles-ci et l'Espagne reconnaît leur indépendance.

l'accord est ratifié par l'empereur et la diète allemande au cours de l'année 1654.

Le traité provoque aussi des grands changements en Allemagne même.

Le Bas-Palatinat ou Palatinat rhénan, est restitué à Charles-Louis, fils de Frédéric V, avec la dignité électorale.

Ce qui porte à huit, contre sept précédemment, le nombre d'électeurs.

La Bavière annexe le Haut-Palatinat.

LES CLAUSES RELIGIEUSES DES TRAITÉS LA UGrTIMATION DU PROTESTANTISME ALLEMAND La paix de Westphalie introduit le principe de l'égalité des cultes chrétiens en Allemagne.

Les princes luthériens et calvinistes sont traités sur un pied d'égalité.

Les traités maintiennent donc les clauses de la paix d'Augsbourg (1555).

Cependant, ce traité réglait les relations entre les catholiques et les «adhérents à la confession d'Augsbourg», autrement dit les luthériens.

Le traité d'Osnabrück englobe les mêmes droits à «ceux qui s'appellent entre eux les réformés», c'est-à-dire les calvinistes 1--------------1 comme l'électeur palatin.

LA FIN DU SAINT EMPIRE ROMAIN GERMANIQUE Le Saint Empire romain germanique, fondé en 962 par Otton 1�.

est dissous le 6 août 1806 suite à la renonciation de François Il de Habsbourg à la couronne impériale.

François prend le titre d'empereur d'Autriche et laisse donc le champ libre à la domination prussienne sur les territoires allemands.

Ces clauses religieuses, surtout la sécularisation de biens ecclésiastiques catholiques au profit de princes protestants, suscitèrent le mécontentement du pape.

Mais Rome eut beau déclarer ce traité «nul, invalide, réprouvé, sans force et sans effet>> , ses récriminations vinrent mourir sans plus d'écho au pied des chancelleries européennes.

Le pape n'était plus l'antique médiateur d'une ne veulent pas se convertir dans les trois ans à la religion du prince doivent émigrer dans les cinq ans.

Il ne tient qu'au bon vouloir du prince d'assouplir cette disposition, à l'exemple de l'électeur du Brandebourg.

Concernant les biens et les fiefs ecclésiastiques sécularisés au profit des protestants, il est décidé une date butoir au 1 �janvier 1624.

Seules les sécularisations effectuées depuis cette date sont annulées.

Les évêchés qui ont un administrateur protestant ne sont pas restitués.

Cela revient à dire que les sujets qui, en 1624, n'ont pas l'exercice de leur religion, ont le droit de quitter le pays en «retenant» ou en vendant leurs biens.

Les biens «retenus» sont administrés par des employés et le propriétaire peut venir les visiter sans aucune lettre de passeport Même les serfs ont le droit de partir.

Ils recevront pour cela leur lettre d'affranchissement.

Ces décisions sont prises sans tenir compte des droits de I'Église.ll n'est question que de partager un butin et de confirmer la prédominance d'une religion dans un espace défini.

LA GENUE DE L'EUROPE POLITIQUE LES CLAUSES POLITIQUES DES TRAITtS Les traités marquent l'effondrement de la politique hégémonique des Habsbourg.

l'étau autour de la France se desserre, et � la conception d'hégémonie succède celle de l'équilibre des forces politiques et religieuses.

Car, parallèlement à la fin du rêve impérial des Habsbourg.

la Contre-Réforme échoue.

Les traités n'ont nullement l'ambition de définir une philosophie européenne.

La France impose une vision réaliste de la situation européenne avec un seul but: assurer la paix et l'équilibre des forces en brisant l'autorité impériale.

En accordant l'indépendance et l'égalité aux 343 principautés allemandes, les traités entérinent l'Implosion du Saint Empire romain germanique.

Les États du Saint Empire reçoivent la « Landeshoheit», c'est-à-dire le libre exercice dans leur territoire d'une autorité législative, économique, religieuse et administrative.

Ils ont le droit de conclure des traités entre eux ou avec des princes étrangers à condition que ces traités ne soient pas dirigés contre l'empereur, contre l'Empire ou contre la paix politique dans l'Empire.

Ils reçoivent malgré tout l'investiture de l'empereur; un lien de vassalité subsiste.

La couronne impériale reste élective, mais les électeurs ont quant à leur choix, une indépendance absolue.

La diète impériale siégeant à Ratisbonne devient souveraine en matière de paix, de guerre, d'impôt et d'armée.

Mais pour garantir la paix à l'intérieur de l'Empire, le traité d'Osnabrück prévoit non plus un vote à la majorité mais à l'unanimité sur les questions importantes, comme les questions religieuses, afin de ne léser aucun parti.

C'est en raison de cette clause -pourtant très sage en théorie - que les membres de la Diète ne parviendront jamais à se mettre totalement d'accord.

Ce système empêcha par la suite toutes les réformes qui eussent été nécessaires et apparut plus comme un système politique figé sur les dispositions du traité d'Osnabrück, et ce jusqu'à la Révolution française.

l.'tvOLUTION DU CONCEPT DE NATION Les traités de Westphalie consacrent la dissolution de !'«unité» du Saint Empire romain germanique en créant des centaines de grandes et petites principautés, et en posant la territorialité comme principe de la souveraineté et de la non-ingérence dans les affaires des autres États.

Ils empêchent par là même la formation d'un État national allemand et territorialement uni jusqu'au XIX' siècle.

Cependant, le partage du Saint Empire romain germanique entre la maison d'Autriche et la Prusse en 1806 est déjà inscrit dans ces traités.

Les États relevant de l'empereur font preuve d'une relative cohésion territoriale, d'une unité religieuse quasi complète, mais aussi d'une diversité de langues et d'origines ethniques.

Ils constituent la base de l'Empire austro-hongrois du XIX' siècle.

Le Brandebourg.

future Prusse, a acquis des territoires et va travailler à asseoir son influence sur des États dispersés, aux confessions religieuses diverses mais parlant tous allemand.

Malgré tout, les princes reconnaissent leur retard par rapport à la France.

C'est la raison pour laquelle, par exemple, Ftidtric Il, roi de Prusse, va favoriser la venue des Huguenots chassés de France afin de moderniser l'économie, et encourager les idées des Lumières, avec par exemple la présence de Voltaire à sa cour.

Son attitude participe LA PAIX D'AUGSBOURG GRDnUS Avocat protestant hollandais, Hugo de Groot (1583-1645), dit Grotius, est une figure emblématique de l'humanisme.

Il est le théoricien de la • doctrine de la guerre juste •.

Grotius ne prétend pas supprimer la guerre, il veut la réglementer.

Il est considéré pour cela comme l'un des péres fondateurs du droit international.

grandement à la puissance prussienne et à celle de la dynastie des Hohenzollern au siècle suivant.

Si, en France, le concept de nation est venu se superposer à un État depuis longtemps unifié, ce n'est donc pas le cas pour l'Allemagne.

C'est cette spécificité propre à chacun des deux pays qui différencie le droit d'accès à la nationalité.

Si, pour la France, est français celui qui naît sur son sol, l'Allemagne est allée chercher les composantes de la nation dans la langue, la culture, la généalogie, etc.

C'est là que se trouvent les racines du jus soli (droit du sol) qui imprègne le droit de la nationalité en France et du jus sanguinis (droit du sang) qui régit toujours en grande partie le droit à la nationalité allemande.

LA NAISSANCE DU DROIT INTERNATIONAL Les traités de Westphalie traduisent en acte les principes théoriques du droit international pensé par Grotius.

Ils consacrent définitivement la souveraineté des États contre les prétentions du pape et de l'empereur.

Ils réorganisent le découpage politique de l'Europe et tentent d'établir l'égalité souveraine des États sur le plan juridique.

Ils suivent en cela le «Grand dessein» dont les textes sont attribués à Henri IV.

On aborde donc le principe de non-ingérence et au-delà le droit international humanitaire, c'est-à-dire la pro tection des personnes en terre étrangère � co mm encer par le personnel diplomatique présent en Westphalie .

Le 26 juin 1650, un second traité assurant l'application des traités de Westphalie fut signé à Nuremberg.

Le pape Innocent X les condamna à nouveau dans sa bulle Zelo dominus dei, le 3 janvier 1651, sans susciter d'émotion.

La diète de 1653-1654 les érige en loi de l'Empire.

Le 25 septembre 1555, Charles Quint consent à mettre un terme à la guerre civile qui déchire les États du Saint Empire romain germanique.

A la différence de l'édit de Nantes de 1598 qui reconnalt la liberté de conscience individuelle, par cet accord de paix les princes peuvent choisir entre le catholicisme et le luthéranisme; il leur revient ensuite d'imposer ce choix à leurs sujets.

Cette paix est à l'origine de l'abdication de Charles Quint qui, désespéré de n'avoir pas su rétablir l'unité religieuse, partage alors l'Empire entre son frère Ferdinand (le Saint Empire romain germanique) et son fils Philippe Il (l'Espagne).. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles