Devoir de Philosophie

Vers l'abolition de la traite et de l'esclavage

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

esclavage
Dans les premiers temps de la Révolution le grand débat sur le problème de l'esclavage et de la traite n'a pas lieu et les armateurs négriers ne sont pas inquiétés jusqu'en 1793. A l'Assemblée les députés qui défendent les intérêts coloniaux sont plus représentés et mieux organisés que ceux qui demandent l'abolition de l'esclavage et la fin de la traite. La guerre avec l'Angleterre et la révolte des esclaves noirs à Saint-Domingue - qui condamnent les négriers à l'inactivité forcée - pèsent autant sur la décision d'abolir l'esclavage que les préoccupations philosophiques.
esclavage

« interdire la traite, il faudra une ordonnance et trois lois promulguées entre 1817 et 1831 pour que soitenfin mis un terme à l'activité négrière française.

Une telle interdiction ne peut être véritablementrespectée tant que l'esclavage persiste.

L'Angleterre montre la voie en décrétant l'abolition del'esclavage en 1833.

Quinze ans plus tard, c'est au tour de la France grâce à l'intervention de VictorSchœlcher, sous-secrétaire d'État aux Colonies de la Seconde République, qui obtient le 27 avril 1848la signature du décret d'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises. Il n'y a pas de "bons sauvages" S'inscrivant dans ce consensus ambiant, cette idéologie dominante pourrait-on dire, lesmissionnaires entendent apporter la Civilisation aux "primitifs" et étendre "l'œuvre de Dieu" sur les"terres idolâtres".

Autant de thèmes repris par toute la littérature missionnaire et que l'on retrouve dansl'ouvrage du R.P.

Joseph Gorju de la Société des Missions Africaines de Lyon, La Côte d'Ivoire Chrétienne , publié en 1915, et dans les multiples rapports de mission du R.P.

Roger Dussercle des Pères du Saint-Esprit, parus dans les années trente et relatant sa pastorale parmi les Noirs des îles del'océan Indien, ceux de l'archipel des Chagos.Pour ces deux missionnaires, les R.P.

Gorju et Dussercle, il s'agit, en allant apporter la "BonneNouvelle", d'effectuer une "œuvre de régénération" afin de sortir tous ces "sauvages", ces "primitifs",des "ténèbres".

Une démarche que l'on retrouve aussi formulée dans les catéchismes, les écritsreligieux et les Encycliques où il apparaît très clairement que les différences physiques comme lacouleur de peau ne sont que des "accidents", que tous les hommes ont une origine commune - Adam -, que l'homme au singulier ne peut exister - car, par définition, il est un homme social qui ne réaliseson humanité que sous l'influence éducatrice de la société chrétienne et lorsqu'il a été "régénéré" parle baptême et tous les autres sacrements, notamment le sacrement du mariage.Ainsi, il n'y a pas de "bons sauvages" : il n'y a que des êtres déchus, tombés ou dégénérés, quisouffrent d'une dégradation aiguë de ce qui fonde l'homme.

Tous ces peuples vivent dans dessociétés mutilées et mutilantes.

Régénérées par les sacrements, ces sociétés retrouveront laplénitude des sociétés chrétiennes.

Le paganisme n'est que la forme dégradée de la vraie religion, cequi explique pourquoi "les croyances païennes ont d'étranges similitudes".

Apporter le christianisme -entendons : le catholicisme romain -c'est apporter la Civilisation, c'est-à-dire apporter une société quipermet à l'homme de développer son humanité.

Le rôle des missions est d'amener ces peuplesproches de la barbarie au niveau de l'Occident chrétien.Mais attention, insiste Mgr Melchior de Marion Brésillac, le fondateur des Missions Africaines deLyon, attention aux égarements possibles : on veut par exemple "transformer ces peuples en despeuples français, anglais, italiens, portugais ou autres.

Gardez-vous en, imprudent missionnaire.

Vousrisqueriez de fouler aux pieds l'œuvre même du Saint-Esprit."Cette mise en garde arrive cependant trop tôt ou est trop révolutionnaire et on lui préfère la visiongrandiose, formulée par Mgr Lavigerie, "d'une France soldat de l'Evangile, vouée au triomphe universelde la foi du Christ et de l'Eglise de Pierre" (Raoul Girardet, op.

cit.).C'est cette vision qui prédomine au sein de l'Eglise missionnaire durant toute la périodecoloniale.

Une vision qui est en parfaite adéquation avec "cette éclatante bonne conscience donttémoigne avec évidence l'expression du credo colonial français".

Mais laissons la parole à l'historienRaoul Girardet qui, en quelques phrases lumineuses, résume les certitudes de la civilisationoccidentale et chrétienne. Les certitudes de la civilisation occidentaleCette éclatante bonne conscience "ne fait que reposer sur un système beaucoup plus large depréjugés, de croyances et d'habitudes mentales, liées à la conviction très profonde et à peu prèsunanimement partagée de l'évidente primauté de la civilisation européenne, - en vérité la seuleCivilisation, - par rapport à toutes les autres sociétés humaines.

Encore une fois il faut insister sur lefait que cette conviction dépasse très largement les oppositions politiques et les débats idéologiquesou confessionnels.

Elle se confond, dans l'opinion catholique et conservatrice, avec celle de laprééminence de la seule Religion révélée et des concepts moraux qui lui sont rattachés.

Elle senourrit, dans l'opinion républicaine, de la foi dans la Science, le Progrès, les idéaux de 1789.

Pour lesuns l'Occident, incarné par le missionnaire, apporte au reste du monde la Rédemption et le Salut.

Pourles autres l'Occident, incarné par l'administrateur, le médecin ou l'instituteur, apporte la justice,l'égalité, l'école, la lutte contre les forces d'oppression et de mort.

Mais pour les uns comme pour lesautres, l'Occident représente les Lumières face aux Ténèbres.

L'idée d'une hiérarchie, d'un ordre devaleurs dans l'échelle des communautés humaines constitue un postulat de base que bien peu,apparemment, songent à mettre en cause : au sommet le monde occidental, chrétien ou rationaliste,au plus bas les sociétés africaines définies globalement comme le règne de la sauvagerie ou de labarbarie ; entre les deux, les sociétés musulmanes et asiatiques considérées, avec des nuancesdiverses, comme arriérées ou retardées à un moment quelconque de leur développement."Ces présupposés idéologiques qui, au temps des colonies, se parent de toutes les vertusaccordées à la Science, sont directement induits par les théories évolutionnistes énoncées par CharlesDarwin et relayées par les maîtres incontestés de la jeune école anthropologique, alors en plein essor,Morgan, Maine et surtout Tylor dont la traduction française de son ouvrage fondamental, La Civilisationprimitive, paraît en 1877.

Pour tous ces auteurs anglo-saxons, l'histoire des sociétés humaines s'inscritdans un mouvement linéaire et continu dont l'évolution passe, par une succession d'étapes, de la. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles