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Willy Brandt

Publié le 22/02/2012

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Quand le futur Chancelier de la République Fédérale d'Allemagne naquit à Lübeck le 18 décembre 1913, il s'appelait Herbert Frahm. C'était un enfant conçu hors mariage, sa mère, Martha Frahm, fille d'ouvriers, gagnait sa vie comme vendeuse. Le jeune Herbert fut élevé par son grand-père, forte personnalité dont l'autorité morale eut beaucoup d'influence sur l'enfant. Venu en ville pour échapper à l'oppressante atmosphère féodale qui régnait encore à la campagne dans son Mecklemburg natal, il y avait adhéré au Parti social-démocrate. Dans le monde marginalisé, dans la "contre-société" des prolétaires, la social-démocratie, avec ses solides croyances marxistes, apportait une éthique et une espérance. On vivait mal, mais on vivait fièrement, on luttait, on se cultivait, on travaillait pour l'avenir. Le jeune Herbert, de plus, était doué d'une solide intelligence. Il obtint une bourse dans un des lycées les plus prestigieux de la vieille cité hanséatique. Il s'y plaça d'une façon constante parmi les premiers. Dès l'âge de seize ans, il adhéra aux jeunesses ouvrières socialistes. Tout en bénéficiant de la formation que la bourgeoisie réservait généralement à ses propres enfants, il voulait rester fidèle à son milieu et à sa classe.

« secteurs occidentaux), Reuter est élu "Maire régnant".

Avec Reuter, Brandt prend alors position pour la créationrapide d'un État allemand de l'Ouest dont Schumacher veut retarder encore la constitution.

Comme délégué duParlement de Berlin, il reçut un siège de député au Bundestag, mais, suivant les décisions des Alliés, les députés deBerlin y siègent sans droit de vote.

Dans les grands débats qui suivirent la naissance de la République Fédérale(Statut de la Ruhr, entrée au Conseil de l'Europe, réarmement allemand), il prit avec Reuter et quelques autres despositions modérées et possibilistes face à l'intransigeance de la majorité du SPD qui emboîtait le pas à Schumacher.En 1949, il est élu Président du SPD dans un des douze districts de Berlin.

Il obtint aussi la direction d'un quotidienqui lui donna une tribune où il put reprendre son ancienne activité de journaliste.

En 1950 il entra au Parlement deBerlin. La mort de Schumacher en 1952, celle de Reuter en 1953, ouvrent des possibilités d'avancement à des responsablesjeunes de la génération de Brandt.

Une nouvelle et sévère défaite électorale du SPD, lors des élections auBundestag de 1953, fait avancer au sein du Parti les réflexions qui tendent à une révision des positions héritées dugrand leader disparu.

Quelques semaines auparavant, Brandt et ses amis avaient dû assister impuissants ausoulèvement des ouvriers de Berlin-Est contre la dictature communiste. En 1955, Brandt fut élu Président du Parlement.

Il était maintenant le deuxième personnage officiel de la ville et cesfonctions l'amenaient à faire de fréquents voyages à l'étranger.

Au sein de son Parti, il représente toujours uneminorité modérée (il s'oppose notamment à la campagne du SPD contre le réarmement et la loi sur le serviceobligatoire).

En automne 1957, Brandt devient à son tour "Maire régnant".

A quarante-quatre ans, il est l'un desprincipaux responsables politiques de l'Allemagne retrouvée.

Cependant les élections fédérales de 1957 apportèrentune nouvelle défaite du SPD (32 % des voix contre 50 % à la CDU).

La nécessité d'un changement d'hommes et depolitique s'imposait de plus en plus clairement. Willy Brandt, lui, poursuivit son ascension.

Au début de 1958, il accéda à la tête du Parti Social-démocrate berlinois.En mai, le congrès national du SPD le nomma membre de la direction.

En novembre 1959, le congrès de BadGodesberg adopta avec sa participation active un nouveau programme qui abandonne le dogmatisme marxiste et leprincipe de la lutte des classes, reconnaît les mérites de l'économie de marché et proclame l'attachement du Parti àla démocratie parlementaire. Après le programme, les hommes : le 24 avril 1960, pour affronter la CDU, la Présidence du SPD désigne Willy Brandtcomme "candidat-chancelier" en vue des élections de 1961.

Le Parti fait appel à un homme encore jeune quarante-six ans qui attire la sympathie et la confiance par son expression virile et aimable, par sa réputation de sérieux et desimplicité, par les succès remportés à la tête de la "Ville du Front".

Mais tandis que se développait la campagneélectorale, une crise montait à Berlin.

Des milliers de réfugiés quittaient chaque semaine l'Allemagne communiste, lavidant ainsi de sa substance (mille quatre cents personnes en un seul jour, le 12 août).

Dans la nuit du 12 au 13août, l'Allemagne de l'Est entreprend la construction du "Mur".

L'Occident, pris au dépourvu, ne réagit pas.

Le mondecommuniste pouvait désormais se sentir rassuré à l'abri de sa muraille.

A l'ouest, Adenauer, une fois de plus, gagnales élections, après une campagne riche en attaques personnelles contre Brandt traître, déserteur, ayant portél'uniforme ennemi, ayant dû changer de nom à cause d'un passé politique douteux.

Il est vrai que le pourcentagedes voix social-démocrates enregistrait une forte progression, de 31,8 % à 36,3 % alors que la CDU tombait de 50,1% à 45,2 %.

C'était beaucoup mais ce n'était pas suffisant.

Cependant, malgré cet échec relatif, le Parti, tout enconfirmant Brandt comme candidat à la Chancellerie, le désigna en 1964 comme son président à la placed'Ollenhauer emporté par la maladie.

Pendant ce temps, avec son collaborateur Egon Bahr, Brandt élaborait unenouvelle conception pour la politique extérieure de la République Fédérale et pour sa politique allemande.

Le refus dereconnaître les faits accomplis créés par l'URSS n'avait abouti qu'à rendre plus profond le fossé qui divisait les deuxAllemagnes.

Par une politique de reconnaissance, par la détente et la coopération, il serait peut-être possible d'enarriver à des rapprochements.

Cependant, la campagne de 1965 fut de nouveau décevante, dure pour l'hommeBrandt par l'acharnement et les calomnies de ses adversaires, attristante par l'insuffisance des progrès pourtantindéniables. Brandt, cette fois-ci, se croyant usé et déjà trop âgé, se montra résolu à quitter la vie politique active et à seretirer à Berlin, mais le Parti lui gardait sa confiance.

Pourtant, un dénouement imprévu approchait : le ChancelierErhard, successeur d'Adenauer, se montrait incapable de maîtriser la crise de récession économique qui semaitl'effroi en Allemagne après plus de quinze ans de croissance ininterrompue.

La CDU, pour en sortir et pour se libérerdes exigences enflées de ses petits alliés libéraux, accepta l'idée d'un gouvernement de grande coalition avec lesSociaux-Démocrates.

A sa propre surprise, Willy Brandt se trouva, en décembre 1966, ministre des Affairesétrangères, chef de la diplomatie allemande, successeur de Bismarck et de Stresemann. La période de la grande coalition apparaît aujourd'hui comme un moment de transition.

L'adversaire CDU, en s'alliantau SPD, apporta lui-même à celui-ci la caution d'honorabilité bourgeoise et de capacité gouvernementale grâce àlaquelle le grand parti d'opposition apparaîtra à une majorité d'Allemands comme une alternative gouvernementalesérieuse.

Les ministres sociaux-démocrates s'acquittent fort honorablement de leur tâche ; le gouvernement vientfacilement à bout de la récession économique.

La montée en flèche de l'extrême droite NPD (National-DemokratischePartei Deutschlands), provoquée par la peur de la crise, sera vite stoppée.

Brandt est un excellent ministre desAffaires étrangères qui prend goût à ses fonctions nouvelles.

Avec le Chancelier Kiesinger, il essaie d'inaugurer unepolitique plus réaliste envers l'Union Soviétique et les autres pays de l'Est, mais leurs avances trouvent peu d'écho.Les dirigeants soviétiques et leurs amis de Varsovie, de Prague et de Berlin-Est considèrent en effet que laRépublique Fédérale n'est pas encore prête à payer le prix qu'ils exigent : la double reconnaissance de la frontière. »

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