Les langues régionales
Publié le 05/12/2018
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SOIXANTE-QUINZE LANGUES REGIONALES
La France compte parmi les pays d'Europe occidentale qui présentent le plus grand nombre de langues régionales. On en dénombre 75, dont les deux tiers sont parlées dans les départements et territoires d'outre-mer. Parmi les langues régionales de métropole figurent principalement les nombreuses langues d'o'il et d'oc, le breton, l’alsacien, le flamand occidental, le francique, le franco-provençal, le basque, le catalan et le corse. Dans les DOM-TOM, on recense les créoles de Martinique, de Guadeloupe, de Guyane et de la Réunion, les 6 langues amérindiennes de Guyane, le hmong (originaire du Laos), les 28 langues kanakes, le tahitien, le marquisien et une dizaine d’autres langues polynésiennes.
LE CADRE LÉGISLATIF
LANGUES RÉGIONALES ou MINORITAIRES
• On qualifie de « régionales » les langues de la République autres que le français, ce qui différencie celles-ci des langues vivantes étrangères.
• Dans Les Langues de la France, rapport remis au ministre de l’Éducation nationale et au ministre de la Culture et de la Communication en avril 1999, les langues régionales ou minoritaires sont définies comme « les langues pratiquées traditionnellement sur une partie
du territoire d’un État par les ressortissants de cet État qui constituent un groupe numériquement inférieur au reste de la population de l’État, et différentes de la langue officielle de cet État ».
• Cette définition exclut les divers dialectes de la langue officielle ainsi que les langues des migrants.
• Dans certaines régions, notamment en Corse, les groupes nationalistes font de la reconnaissance officielle de leur langue un enjeu politique.
La langue de la République
• La Constitution de la
V' République de 1958 n'évoque pas le statut du français ni celui des langues régionales.
• La révision constitutionnelle du 25 juin 1992 introduit dans l'article 2 de la Loi fondamentale la mention : « La langue de
la République est le français ».
■ À l'heure de l’intégration européenne, nombreux sont ceux qui tirent l'alarme afin de préserver la place du français au sein des instances européennes face à la pression de l'anglais.
Les lois
• La question des langues régionales se pose depuis un demi-siècle dans la vie politique française comme
en témoigne le grand nombre de lois statuant sur l'usage du français : loi Deixonne de 1951, loi Haby de 1975, loi Toubon de 1994, auxquelles il convient d'ajouter une cinquantaine de décrets et d'arrêtés.
• En 1951, la loi Deixonne, aujourd'hui abrogée, reconnaît officiellement quatre langues régionales - le breton, le basque, l'occitan et le catalan - et autorise leur utilisation dans le cadre scolaire, pour un enseignement facultatif
de une à deux heures par semaine.
• La loi Haby, promulguée en 1975, énonce qu'« un enseignement des langues et des cultures régionales peut être dispensé tout au long
de la scolarité ».
• Le statut de la langue française est aujourd'hui régi par la loi d'août 1994 relative à l'emploi de la langue française, dite « loi Toubon », qui fixe les circonstances dans lesquelles l'usage de la langue française
reste obligatoire. Celle-ci énonce, à propos des langues régionales : « Les dispositions de la présente loi
«
•
Parlé à la frontière septentrionale
entre le département du Nord et la
Belgique, dans la région de Dunkerque,
le ftomond occidental, variante
du West Vlaams, est aussi appelé
flamand de Westhoek.
• Difficile à établir, le nombre de locuteurs
est estimé entre 20 000 à 100 000,
ce qui est peu au sein d'une population
comptant 4 millions d'habitants.
•Comme
le gallois,
l'irlandais et l'écossais,
le breton
-brezoneg
appartient
aux langues
celtiques :
c'est la
dernière parlée sur le continent.
• Le breton est parlé en Basse-Bretagne,
qui couvre le Finistère et les parties
occidentales des Côtes-d'Armor et
du Morbihan.
Plus à l'est, le gallo est à
ranger dans la famille des langues d'o"1l.
• De par les péripéties de l'histoire,
le breton est proche du gallois et
du comique, langue parlée jusqu'au
XVII' siècle en Cornouailles.
• C'est au v• siècle que les habitants
du Pays de Galles, fuyant l'avancée
saxonne, se réfugièrent en Armorique.
• Le nombre de locuteurs est estimé entre
250 000 et 370 000 personnes sur une
population de 1,5 million d'habitants.
• On distingue généralement quatre
variantes du breton : le léonais, parlé
dans le nord-ouest, le cornouaillais
dans le sud-ouest, le vannetais dans le
sud-est et le trégorrois dans le nord-est.
lE BASQUE, LA PLUS VIEIW
LANCUE D'EUROPE
• La longue btlsque -euskera -est
parlée dans deux provinces espagnoles, le
Pays Basque et la Navarre, ainsi que
dans trois provinces françaises situées
dans le sud-ouest du département
des Pyrénées-Atlantiques : le Labourd,
la basse Navarre et la Soule.
• C'est une langue tout à lait originale
en Europe, dont les linguistes
cherchent toujours à établir l'origine.
L'hypothèse caucasienne est retenue,
mais reste controversée.
• On estime à 70 000 le nombre
de locuteurs sur les 260 000 habitants
du Pays Basque français.
• Le basque possède plusieurs variétés
dialectales : le labourdin et le bas
navarrais en France ; le guipuzcoan,
le biscayen et le haut-navarrais
en Espagne.
• Fortement influencé par le toscan
et le ligure, appartenant au groupe
des langues italo-romanes, proche
d'une forme dialectale de l'italien,
le corse compte 150 ooo locuteurs
sur les 250 000 habitants de 111e.
• Le corse est la seule langue régionale
parlée sur le territoire national
à bénéficier d'un statut privilégié
lié à l'existence de la collectivité
territoriale corse, créée en 1982.
• En 2000, 20% des élèves
scolarisés dans 111e ont passé
l'épreuve de langue corse.
département
des Pyrénées
Orientales.
• Longtemps considéré comme
une variante de l'occitan, le catalan
est aujourd'hui reconnu comme
une langue à part entière.
• Le catalan est la langue nationale
de la province autonome espagnole
de Catalogne ; il est également parlé
aux Baléares et en Pays Valencien.
• En France, un tiers de la population
des Pyrénées-Orientales parle
le catalan, soit 125 000 locuteurs
sur 370 000 habitants.
•
Cette langue bénéficie du dynamisme
du catalan dans la péninsule Ibérique
où il est protégé par le gouvernement
de Catalogne et la Constitution
espagnole.
ENTRE PAYS D'OC ET PAYS D'OiL,
LE FRANCO·PROVENÇAL
• Forgé au x1x' siècle, le terme
de « franco-provençal » est pourtant
bien impropre pour désigner un groupe
de langues parlées depuis la région
de Neuchâtel en Suisse jusqu'aux
départements français de la Savoie
et de l'Isère et à la province
du Val d'Aoste, en Italie.
• Si l'origine du franco-provençal
est bien romane, ses racines sont
plus proches des langues d'o"1l
que du provençal.
• Selon les régions, le franco-provençal
est appelé savoyard, dauphinois,
lyonnais, forézien ou arpitan.
• Son aire linguistique, en France,
s'étend du sud de la Franche-Comté à
la Savoie en passant par le Dauphinois,
le Lyonnais, le Forez, le Bugey
et la Bresse.
• Il est difficile de préciser le nombre
de locuteurs.
Plutôt âgés, ils seraient
environ 60 000.
Le franco-provençal
est partout en voie d'extinction,
sauf dans le Val d'Aoste.
LA FIANCE D'OUTIE-MEI
LE CRtOLE, LANCUE MfliSStE
• Les langues créoles parlées
dans les quatre départements français
d'outre-mer -la Martinique, la
Guadeloupe, la Guyane et la Réunion -
utilisent une base lexicale française.
• Chacun de ces créoles présente
des particularités.
• Le mot « créole » provient du
portugais crioulo et de l'espagnol
cria/Jo, eux-mêmes issus du latin criare,
qui signifie, par extension,
« le serviteur nourri dans la maison ».
• Le terme a fini par désigner
les langues
nées de
la troite
desNoin
africains
organisée par les
puissances
llllllll européennes
-G rande-
Bretagne, France, Portugal, Espagne,
Pays-Bas -à partir du XVI' siècle.
• Le créole mêle vocabulaire
des négriers et des planteurs européens
à une grammaire d'origine africaine.
• Parmi la centaine de langues créoles
répertoriées, 35 sont à base d'anglais,
15 de français, 14 de portugais.
1----------------'-------------l ' Certains créoles mélangent anglais,
L'APPRENTISSAGE DES LANGUES RÉGIONALES (nombre d'élèves)
Primaire Collège Lycée
Toto/
Basque 6 493 2
215 643
9351
Breton 9 195 6 370 1
011
16576
Catalan 8 611 2 187 377 11 175
Corse 21 424
7 398
1 962 JO 784
Créole 14967
925 136 16028
Gallo 1 409 171
181 1
761
Occitan 48 299 15
506 3 744 67 549
Langues d'Alsace
55 235
26 738 1
186 8J 159
Langues mosellanes
3 814
640 n.
c.
4454
Tahitien n.
c.
7 716
1 212 8 928
Lang.
mélanésiennes
n.
c.
493
n.
c.
49J français,
portugais et néerlandais.
·Tout comme les créoles hanien,
dominicain, seychellois ou mauricien,
les créoles martiniquais, guadeloupéen,
réunionnais et guyanais sont fondés
sur le français.
• Les langues créoles sont parlées,
dans leur ensemble, par plus
de 8 millions de locuteurs dans
les Antilles, l'océan Indien et en Afrique.
Quelque 600 000 Réunionnais,
380 000 Martiniquais et
425 000 Guadeloupéens parlent créole.
• En Guyane, où 60 % des
150 000 habitants parlent un créole
à base lexicale angle-portugaise, sont
aussi répertoriées plusieurs
langues amérindiennes -galibi ou
kalina, wayana, palikour, arawak ...
-
ainsi que la langue hmong.
parlée
par les Laotiens immigrés dans
les années 1970.
• Le français est la seule langue officielle
des départements d'outre-mer.
• La Loi d'orientation pour
l'outre-mer de décembre 2000
énonce que « les langues régionales
en usage dans les départements
d'outre-mer font partie du patrimoine
linguistique de la nation ».
• À Mayotte, dans l'archipel
des Comores, sont parlés le mahorais
et le shibushi, une langue dérivée
du swahili qui appartient à la famille
bantoue.
DIVERSirt DES LANCUES
POLYNtSIENNES ET MtLANtSIENNES
• Dans l'océan Pacifique,
les langues vernaculaires polynésiennes
sont le tahitien, le marquisien,
la langue des Touamotou et plusieurs
langues des iles australes comme
les langues de Ra'ivavae et de Ra pa.
• Dans l'archipel de Wallis-et-Futuna,
on parle le wallisien et le futunien
qui appartiennent à la famille
des langues austronésiennes.
• La Nouvelle-Calédonie ne compte
pas moins de 28 langues kanakes
qui appartiennent au groupe mélanésien.
L'ENSEIGNEMENT
DES LANGUES RÉGIONALES
lA CIRCULAIRE DE 1982
• La circulaire de juin 1982 relative
à l'enseignement des langues
régionales énonce que :
- l'État s'engage dans l'organisation
des enseignements de langues
et cultures régionales (il s'agit
de la première utilisation de cette
expression dans un texte officiel) ;
-l'enseignement des langues
et cultures régionales bénéficie
d'un statut dans l'Éducation nationale;
-l 'enseignement est basé
sur le volontariat des élèves et
des enseignants, dans le respect
de la cohérence du service public.
• Globalement on estime que
sur 12 millions d'élèves, 250 ooo
(100 000 dans le primaire, 150 000
dans le secondaire) suivent
un enseignement au moins partiel
dans une langue régionale.
• Sans attendre le développement
de l'enseignement des langues
régionales au sein de l'Éducation
nationale, de nombreuses langues
ont fait l'objet de systèmes
d'enseignement spécifiques.
ÉCOLES DIWAN ET AUTRES
• C'est ainsi en partie grâce
aux écoles Diwon que le breton
reste une lang ue dynamique.
L'enseignement se fait uniquement
en breton, jusqu'au cours préparatoire ;
le français est introduit à partir du CEl.
Il
existe plus de trente écoles Diwan,
depuis la maternelle jusqu'au lycée.
• Les Calendretas fondées en 1980
à Pau sont des écoles associatives
où l'enseignement est dispensé
en occiton.
• On compte plus d'une trentaine
de Calendretas rassemblant
plus de 1 500 élèves.
·Les Bressolas sont l'équivalent
catalan des Calendretas.
• En Corse, la situation est
sensiblement différente puisque
ce sont les pouvoirs publics
qui ont mis en place l'apprentissage
de la langue corse au sein
du système scolaire.
• Au Pays Basque, les écoles
associatives lkastolas sont au nombre
d'une vingtaine, de la maternelle
au collège.
• En Alsace, l'enseignement
de la langue est assuré au sein
de l'Éducation nationale, de l'école
privée et dans des écoles
de l'Association pour le bilinguisme
en classe dès la maternelle (ABCM
Zweisprachigkeit).
L'AVENIR DES LANGUES
RÉGIONALES ET MINORITAIRES
DE L'HhlTACE À LA PRATIQUE
• Publié en 2002, le rapport de l'INSEE
intitulé Langues régionales, langues
étrangères : de l'héritage a la pratique,
dresse un état des lieux de la situation
des langues régionales en France.
• Cette enquête révèle que 74% des
adultes vivant en métropole n'ont,
dans leur petite enfance, entendu
parler que le français par leurs parents.
• Parmi les 26 % restant, la moitié
ont entendu leurs parents parler,
occasionnellement ou régulièrement.
une langue étrangère, et l'autre moitié
une langue régionale.
Rapporté
à l'ensemble de la population adulte,
ce taux indique que 5,5 millions de
personnes ont été en contact.
dans leur
enfance, avec une langue régionale.
Bien peu en ont acquis la pratique.
• En France métropolitaine, les langues
régionales les plus utilisées sont.
par ordre d'importance, l'alsacien, le
breton, le basque, le corse et le catalan.
• Toutes ces langues souffrent
d'un vieillissement des locuteurs,
qui sont principalement des ruraux, et
de l'absence de vecteur de transmission.
• L'enquête révèle également qu'une
majorité de Français estime peu utile
l'usage d'une langue régionale, surtout
porteuse à leurs yeux de valeurs
symboliques liées à l'identité régionale..
»
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