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ACADÉMIE

Publié le 13/02/2019

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ACADÉMIE. Lorsque le mot académie apparaît pour la première fois en français au début du xvie s. (chez Julien Fossetier et chez Lazare de Baïf), la France connaît depuis longtemps l'existence de cercles d'écrivains : cours

 

d'amour du pays de langue d'oc, Consistoire du Gai Savoir fondé à Toulouse dès 1323, puys de la France du Nord ou chambres de rhétorique de Bourgogne. Le Moyen Âge a vu se développer, du xiie au xve s., des réunions de poètes autour d'un protecteur — prince, grand seigneur ou notable bourgeois. Mais l'ambition de ces assemblées se haussait rarement au-dessus de la conversation galante et du jeu de société, tandis que leur horizon se confondait avec les bornes du fief seigneurial ou, en Artois et en Flandre, avec les murs de la cité.

 

C'est en Italie, à partir de la seconde moitié du xve s., que les réunions d’humanistes se transforment en compagnies régulièrement constituées, qui se nomment académies. Si elles jouissent le plus souvent d'une protection officielle, elles gardent leur autonomie propre et sont animées par des savants éminents (Aide Manuce à Venise, G. P. Leto, dit Pomponius Laetus, à Rome, Marsile Ficin à Florence). L'origine même du mot académie rappelle la communauté d'âme qui unissait Platon et ses disciples dans les jardins d'Akadê-mos. Mais ce patronage a une signification plus profonde : les manuscrits apportés en Italie par les Byzantins fuyant la conquête turque ont permis aux lettrés une rencontre directe avec les auteurs grecs sans passer par le filtre latin. La renaissance des lettres a provoqué un renouveau de la pensée. Dans le xvie s. italien, les académies constituent l'avant-garde philosophique et littéraire. Leur nombre se multiplie, en même temps que se définissent leurs objectifs et que se précise leur spécialisation.

 

À l'image de l'Italie, la mode des académies se répand dans toute l'Europe humaniste, mais plus particulièrement en France. Cette diffusion est favorisée par la longue tradition des cercles lettrés et humanistes (cercle des de Mesmes, de Nicolas Bourbon, de Mlle de Gournay, de Guillaume Colletet, des frères Dupuy surtout, connu sous le nom d'Académie putéane} et par les habitudes d'une société où les salons forment déjà les centres de la vie littéraire. Centres diversifiés et ouverts : en 1625, à Paris,

« une acadéntie se fixe pour but de réagir contre le purisme.

Mais c'est la volon té du prince qui donne aux académies l 'imp ulsion d éc isiv e.

Déjà la première acadéntie, créée en France par Antoine de Baïf en 1570 -l' Aca dénti e de poésie et de musiq ue, à laquelle Charles IX a vai t accordé des lettres paten tes - , se co nsa crai t essentiellement à la prépa ra ­ tion des divertissements de la cour ; Henri III avait patronné l' Acadéntie du Palais, animée par Guy du Faur de Pib rac et qui comptait des femmes parmi ses membres.

C'est Richelieu qui, e n créant l'Académie française (1634), fonde une polit ique d'orientation et de surveillance de to u tes le s disc ip lin es intellectuelles et créatrices, politique poursuivie par Mazarin (Académie royale de peinture et de scul ptur e, 1655) et surtout par Colbert.

La rationalisation du projet académique -Académies des inscriptions et belles-lettres (1663), des sciences (1666), de musique (1669), d'architecture ( 1671) -est un élément imp orta nt de la politique générale du « colbertisme >> : pressé par la néce ssité de mettre la France, par des découvertes dans le dom ain e des sciences appliquées, en état de répondre à la concurr en ce étrangère, soucieux également d'org ani­ ser le culte de la person nalit é royale, Colbert acc or de appui et crédits aussi bien au x savants préoccupés d'inven ­ tions techniques qu'aux artist es repré­ sentant le souverain dans le bronze ou la pierre, ou aux poétes chargés de composer les in scri pti ons des arcs triom­ phaux.

Cette intervention du pouvoir dans la vie intellectuelle et littéraire ne fait toutefois pas disparaître les acadé­ mies particulières : le prés ide nt Lamoi­ gnon réuni t, à partir de 1667.

un groupe de dix-huit membres (Gui Patin, Pellis­ son, le P.

Rapin, l'abbé Fleury) , hostiles au dirigisme ministériel et férus de r h étori que et d'histoire; l'abbé d'Aubi ­ gnac est l'âme, de 1663 à 1671, d'une « Académie de Monseigneur le Dau­ p h in » ou « des Belles Lettres » préoccu­ pée de poésie et de phi losop hie ; Habert de Montmort rassemble une assemblée éclectique d'adversaires des précieuses et de phy sicie ns cartésiens.

Cependant, sur le modèle de l'Acad é­ ntie française, s'organisent à travers les provinces françaises, à la fin du xvu• et au cours du xvnr• s., une trentain e d'acadénties qui ra ss emb lent les élites l o cale s, par all èlem ent aux loges de la f ranc-m aço nn eri e, aux soc iétés d'a gr i­ culture ou de médecine.

Leur fonction est d'imposer l'homogénéité culturelle dans un pays déjà unifié politiquement et relig ie u se men t.

Les premières créa­ tions conjuguent tradi tions pro vinci al es et intitation de la ca pital e, et diffusent la civilité nouvelle, par opposition à une g ro ssière té jugée archaïque et populaire.

Au long du xvm• siècle, les acadénties deviennent des. »

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