ACADÉMIES DE PROVINCE
Publié le 14/11/2018
Extrait du document
ACADÉMIES DE PROVINCE. L’origine des académies de province se situe, en France, au XVIIe siècle. Il y eut des précédents, notamment des sociétés de concours littéraires (p. ex., les jeux Floraux toulousains). Il existait des modèles : les principales villes de la péninsule italienne comptaient chacune une société lettrée. Mais l’essentiel se produisit quand, au milieu du xviie siècle, se formèrent dans diverses villes des cercles d'hommes de lettres. Ils sont d’abord indépendants des pouvoirs — ou, tout au moins, ne sollicitent pas une institution officielle. Ils manifestent la convivialité des notables locaux et le désir, chez les écrivains éloignés du pôle parisien, de se donner des structures de groupe aptes à promouvoir leurs écrits, et leur carrière le cas échéant.
Si l’on excepte un premier groupe ayant existé à Orléans au début du siècle (l’académie De Heere), il est notable que les foyers initialement les plus actifs se situent en pays d’oc : dans les années 1640 naissent des académies privées à Castres et à Toulouse; au début des années 1660, à Arles. L’éloignement de la capitale explique en partie le fait. Des raisons locales y interviennent aussi : à Castres, population protestante nombreuse, qui cherche à la fois à se conforter et à engager un dialogue avec les catholiques (et l’académie servit ces deux buts), traditions de vie littéraire à Toulouse et à Arles. Comptent aussi les initiatives des individus : ainsi Pellisson, avant d’être une figure de proue de la vie littéraire à Paris, a été un promoteur d’académies à Castres et à Toulouse. Mais le même mouvement se fait aussi sentir ailleurs : Caen est une ville-phare à cet égard. Là. la proximité de Paris joue, au contraire, comme un stimulant (on relève aussi un rôle notable des protestants). Bien entendu, le dynamisme général de l’académisme en ce temps et la fondation de l’Académie française sont autant de facteurs favorables.
Dans un second temps, après 1660, s’engage un processus de reconnaissance officielle. Arles est la première à recevoir des lettres patentes (1669). Suivent Soissons ( 1675), Nîmes ( 1683), Angers ( 1686). Les grands centres obtiendront les leurs à la fin du siècle et au début du xvmc siècle : Toulouse, Lyon, Bordeaux, Dijon... Dans ce processus, le gouvernement louis-quatorzien trouvait une occasion de faire progresser sa politique d’intégration nationale. En terre d'oc, les académies ont à charge de développer la langue française (cela figure dans leurs statuts). Partout, elles sont un moyen de diffuser le modèle parisien : souvent, les statuts prévoient une affiliation à l'Académie française — affiliation que les sociétés provinciales recherchaient comme un honneur.
Le xviiie siècle est le temps de l’apogée des académies de province. Leur influence dépasse assez souvent le cadre local ou régional et peut atteindre au retentissement national : l’épisode de la participation de Jean-Jacques Rousseau à un concours de l’académie de Dijon illustre bien cela. Mais en même temps un mouvement s’engage, qui transforme ces sociétés de cercles littéraires en sociétés savantes.
«
cadre
local ou régional et peut atteindre au retentisse
ment national : l'épisode de la participation de Jean
Jacques Rousseau à un concours de l'académie de Dijon
illustre bien cela.
Mais en même temps un mouvement
s'engage, qui transforme ces sociétés de cercles littérai
res en s0ciétés savantes.
Au xvmc siècle, de façon signifi
cative, alors que, dans les débuts, les affiliations à l' Aca
démie française étaient les seules, on voit se multiplier
les demandes d'affiliation à l'Académie des sciences.
Ainsi prend forme le quatrième temps de l'histoire des
académies de province, caractérisé par leur statut de
groupes érudits, dont les efforts sont centrés sur la
connaissance du milieu local, et qui se fait sentir encore
aujourd'hui (où le déclin est sensible).
De plus, ces
sociétés savantes regroupent souvent plusieurs sociétés
à l'origine distinctes et qui se sont formées successive
ment : sociétés de sciences, de belles-lettres, d'agricul
ture, d'archéologie ...
Il faut mesurer la profondeur de cette évolution : dans
les origines et dans le temps de l'expansion, les sociétés
académiques provinciales ont des visées essentiellement
littéraires.
La dimension purement érudite, souvent
accompagnée d'une visée moralisatrice, n'est venue
qu'ensuite.
Or ce glissement, laissant s'échapper vers
Paris les activités les plus créatrices, a contribué à pous
ser les académies de province vers les formes pointillis
tes de l'académisme traditionaliste, et donc à leur ôter
du dynamisme et du prestige.
-�--------.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- « Pourquoi Flaubert a-t-il intitulé son roman Madame Bovary, mœurs de province ?
- RABOUILLEUSE OU UN MÉNAGE DE GARÇON EN PROVINCE (La) Honoré de Balzac
- HISTOIRE D’UNE VILLE DE PROVINCE
- SOUVENIRS DE PROVINCE Domingo Faustiuo Sarmiento (Résumé et analyse)
- RABOUILLEUSE (la) ou Un ménage de garçon en province