ACTE II du CID de CORNEILLE (analyse)
Publié le 11/03/2011
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Le roi Don Fernand a envoyé son conseiller Don Arias auprès du Comte : il espère obtenir de lui qu'il s'excuse de sa violence. Mais son orgueil est intraitable, toute concession lui apparaît comme une faiblesse dégradante. Cette scène suit dans son mouvement une scène de Guillen de Castro ; mais il y a ici quelque chose de nouveau. A l'indépendance hautaine du Comte, à son individualisme de seigneur féodal qu'exprimait, non sans complaisance, le poète espagnol nourri du Romancero, Corneille, en bon sujet de Sa Majesté Louis XIII, oppose avec une singulière insistance le pouvoir absolu des rois. don arias. De trop d'emportement votre faute est suivie. Le Roi vous aime encore ; apaisez son courroux. Il a dit : « Je le veux ; « désobéirez-vous ? le comte. Monsieur, pour conserver tout ce que j'ai d'estime, Désobéir un peu n'est pas un si grand crime ; Et quelque grand qu'il soit, mes services présents Pour le faire abolir sont plus que suffisants. don arias. Quoi qu'on fasse d'illustre et de considérable, Jamais à son sujet un roi n'est redevable.

«
Scène II LE COMTE, DON RODRIGUE
don rodrigue.
A moi, Comte, deux mots.
le comte.
Parle.
don rodrigue.
Ote-moi d'un doute.
Connais-tu bien don Diôgue ?
le comte.
Oui.
don rodrigue.
Parlons bas ; écoute.
Sais-tu que ce vieillard fut la même vertu, La vaillance et l'honneur de son temps ? le sais-tu?
le comte.
Peut-être.
don rodrigue.
Cette ardeur que dans les yeux je porte, Sais-tu que c'est son sang ? Le sais-tu ?
le comte.
Que m'importe ?
don rodrigue.
A quatre pas d'ici je te le fais savoir.
le comte.
Jeune présomptueux !
don rodrigue.
Parle sans t'émouvoir.
Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées La valeur n'attend point le nombre desannées.
le comte.
Te mesurer à moi ! Qui t'a rendu si vain, Toi qu'on n'a jamais vu les armes à la main ?
don rodrigue.
Mes pareils à deux fois ne se font point connaître, Et pour leurs coups d'essai veulent des coups de maître.
le comte.
Sais-tu bien qui je suis ?
don rodrigue.
Oui ; tout autre que moi Au seul bruit de ton nom pourrait trembler d'effroi.
Les palmes dont je vois ta tête sicouverte Semblent porter écrit le destin de ma perte.
J'attaque en téméraire un bras toujours vainqueur; Mais j'auraitrop de force, ayant assez de cœur.
A qui venge son père il n'est rien impossible.
Ton bras est invaincu, mais nonpas invincible.
le comte.
Ce grand cœur qui paraît aux discours que tu tiens, Par tes yeux, chaque jour, se découvrait aux miens ; Et croyantvoir en toi l'honneur de la Castille, Mon âme avec plaisir te destinait ma fille.
Je sais ta passion, et suis ravi de voirQue tous ses mouvements cèdent à ton devoir, Qu'ils n'ont point affaibli cette ardeur magnanime, Que ta hautevertu répond à mon estime, Et que, voulant pour gendre un cavalier parfait, Je ne me trompais point au choix quej'avais fait.
Mais je sens que pour toi ma pitié s'intéresse ; J'admire ton courage, et je plains ta jeunesse.
Ne.
»
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