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Acte III scène 15, Beaumarchais Le mariage de Figaro

Publié le 20/09/2015

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Acte III scène 15, Beaumarchais

Le mariage de Figaro

 

Analyse : 

I) Le théâtre dans le théâtre

A. Les acteurs et les phases de la scène

- Les acteurs : les autres juges qui assistent Brid'oison ne s'expriment jamais et ne font qu'approuver en silence les paroles de Figaro.

Le comte siège au centre de la pièce « dans un grand fauteuil », et officie en réalité comme seul juge, privant ainsi les professionnels de leurs prérogatives : Brid'oison est « sur une chaise à côté » et les autres juges « sur une banquette ».

 

L'huissier n'est pas nommé. Les didascalies indiquent qu'il « glapit » en permanence, il ne fait que réclamer le silence à plusieurs reprises mais ses interventions posent le climat de la salle : on en déduit qu'elle doit être très bruyante. Lui-même agité, son rôle consiste à accélérer le rythme de la pièce et en augmente la tension.

 

Le greffier, nommé « double-main » (la main = le rôle du greffier, qui est de constituer le dossier examiné, est double = il est faux, et outrepasse ses fonctions en prenant parti contre Figaro), il a une responsabilité capitale dans la teneur dramaturgique de la scène. C'est lui qui lit les textes, et sa lecture porte à confusion, se prête à contestation. Il est clairement partial et se prononce contre Figaro : « En voilà beaucoup d'inutiles, car vous n'êtes pas demandeur, et n'avez que la défense. » C'est le secrétaire du procureur, Brid'oison.

 

Brid'oison, le juge qui a écouté les plaintes de Marceline dans les scènes précédentes (qui nous indiquent également qu'il a acheté sa charge = son métier, son mérite et sa compétence sont donc remis en question) est un personnage ridicule. Il bégaie, signe de la lenteur de la justice, de son inefficacité. Son nom même est ridicule : il évoque l'insignifiance, l'antonyme de la puissance.

- Les phases : tout le monde s'installe, l'audience est ouverte. Le greffier lit et expose les faits. Puis les contestations des uns et des autres portant sur les énoncés s'enchaînent et animent la scène, l'accélérant et faisant monter la tension. Les hurlements de l'huissier rythment la scène et permettent les enchaînements. Enfin, un ultime rebondissement clôt la scène : Figaro croit avoir gagné, et brutalement le jugement est rendu en sa défaveur, le laissant pantois. Le grand vainqueur est le comte, qui prend ainsi sa revanche sur Figaro qui l'a humilié tant de fois précédemment.

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« pour dynamiser la scène et créer des rebondissements ainsi que des effets comiques.

Chacun interprète à sa guise les pièces à conviction. - Les sujets polémiques s'accumulent : - La conjonction de coordination « et » et « ou » : « Qu'il y a, messieurs, malice, erreur ou distraction dans la manière dont on a lu la pièce, car il n'est pas dit dans l'écrit : « laquelle somme je lui rendrai, ET je l'épouserai, » mais « laquelle somme je lui rendrai, OU je l'épouserai » ; ce qui est bien différent.

» - Puis l'accent sur le « ou », qui change complètement son sens et donc l'interprétation possible du texte : « Examinons le titre en ce sens.

(Il lit.) « Laquelle somme je lui rendrai dans ce château, où je l'épouserai.

» C'est ainsi qu'on dirait, messieurs : « Vous vous ferez saigner dans ce lit, où vous resterez chaudement » ; c'est dans lequel.

« Il prendra deux gros de rhubarbe, où vous mêlerez un peu de tamarin » ; dans lesquels on mêlera.

Ainsi « château où je l'épouserai », messieurs, c'est « château dans lequel.

» - La ponctuation : l'absence ou la présence de la virgule est également décisive : « Elle y est.

C'est, virgule, messieurs, ou bien je l'épouserai.

» - Après la langue française, Figaro s'attaque au Droit : que stipule le contrat de mariage ? A quoi s'engagent les époux ? - La fin de la scène est jubilatoire, c'est l'apogée de la tension, qui est atteinte avec l'opposition entre le " j'ai gagné" et " j'ai perdu" de Figaro.

C'est un véritable retournement de situation.

Le Comte feint de se prononcer en faveur de Figaro avant de lui asséner une punition terrible, celle de devoir payer Marceline, tout en sachant que cela lui est parfaitement impossible : il l'oblige donc à l'épouser le jour-même ! II) Le caractère incisif de la scène A.

La satire de la justice - Elle y est dépeinte sans pitié comme une machine tantôt lourde et inefficace, molle et impuissante, tantôt comme étant rendue par une poignée d'escrocs non qualifiés et partiaux, qui s'acharnent sur des innocents mal défendus par des avocats incompétents.

Figaro attaque l'ordre des avocats en assumant seul sa défense en le revendiquant : « L'usage, maître Double-Main, est souvent un abus.

Le client un peu instruit sait toujours mieux sa cause que certains avocats, qui, suant à froid, criant à tue-tête, et connaissant tout, hors le fait, s'embarrassent aussi peu de ruiner le plaideur que d'ennuyer l'auditoire et d'endormir […].

Les avocats s'enrichiraient au détriment de leurs clients, et font mal leur travail.

Ils seraient donc inutiles voire même néfastes.

Il critique également la partialité absolue de Bartholo, qui l'injurie. - Le verdict, lui, est un compromis entre autorité politique et juridique.

Le Comte concentrant ces deux pouvoirs entre ces mains, il en abuse, et les exploite pour servir avant tout ses intérêts.

Beaumarchais dénonce ici la collusion des pouvoirs, et en revendique la séparation (thème des Lumières, les « checks and balances » de Locke, la théorie politique de Montesquieu, « tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser »). B.

La satire de la médecine. »

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