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ALCESTE - personnage de Molière

Publié le 15/02/2011

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alceste

   Introduction.    Pour comprendre pleinement les œuvres littéraires, il convient souvent de tenir compte des circonstances dans lesquelles elles ont vu le jour. Ainsi, pour comprendre Alceste, peut-on ignorer les luttes du Tartuffe au cours desquelles Molière l'a conçu ? Ne trouvera-t-on pas là l'explication des défauts dont Molière l'a chargé, des qualités qu'il lui a laissées ? Ces questions élucidées, ne comprendrons-nous pas mieux nos réactions vis-à-vis de ce singulier personnage ?    1. — Alceste et la querelle du « Tartuffe «.    Au cours de la querelle du « Tartuffe «, Molière a été pris à partie par des censeurs rigoristes qui condamnaient le théâtre et son « immoralité «. Répliquant à ces censeurs, Molière dit, dans la Préface du Tartuffe : « Je ne vois pas quel grand crime c'est que de s'attendrir à la vue d'une passion honnête ; et c'est un haut étage de vertu que cette pleine insensibilité où ils veulent faire monter notre âme. Je doute qu'une si grande perfection soit dans les forces de la nature humaine... «. Si tout homme est faible — y compris les censeurs de Molière — à quoi bon poser le principe de l'absolue perfection ? Présenter la perfection comme un programme à réaliser, et non pas comme un idéal à viser, c'est de la démesure :

alceste

« « Je veux qu'on me distingue...

ou encore au « J'aurai le plaisir de perdre mon procès.

(Son pessimisme aura raison l sombre plaisir d'orgueil !) Alceste croit quetout le monde a les yeux fixés sur lui : dans son procès, il défie ses adversaires de lui « faire injustice aux yeux del'univers ».

Ses actes, ses « sacrifices », ses sentiments mêmes, sont déterminés par l'opinion des gens.

Ne parlonsdonc plus de vertu pure ou d'amour profond, mais de vanité, d'ostentation : Ah ! rien n'est comparable à mon amour extrême, Et, dans l'ardeur qu'il a de se montrer à tous,... Relisons bien cet aveu effarant : Et, dans l'ardeur qu'il a de se montrer à tous, Il va jusqu'à former des souhaits contre vous.

Oui, je voudraisqu'aucun ne vous trouvât aimable, Que vous fussiez réduite en un sort misérable, Que le Ciel, en naissant, ne vouseût donné rien, Que vous n'eussiez ni rang, ni naissance, ni bien, Afin que de mon cœur l'éclatant sacrifice Vous pûtd'un pareil sort réparer l'injustice ; Et que j'eusse la joie et la gloire, en ce jour, De vous voir tenir tout des mains demon amour, (v.

1421-1432).

C'est la charité du Chêne de la fable ! — un égoïsme odieux — L'amitié et l'amour sont don de soi.

Or Alceste ne songe qu'à lui.

Il rudoie Philinte en goujat: Ah ! morbleu ! mêlez-vous, monsieur, de vos affaires, (v.

1234).

Monsieur, encore un coup, laissez-moi, s'il vousplaît, Et ne prenez souci que de votre intérêt, (v.

1243-1244).

Le souhait qu'il formule aux vers 1421-1432, citésplus haut, révèle l'instinct de possession de l'amour-passion tel qu'il apparaît chez l'odieux Arnolphe de Y Ecole desFemmes : Je vous épouse, Agnès, et cent fois la journée Vous devez bénir l'heur de votre destinée, Contempler labassesse où vous avez été, Et dans le même temps admirer ma bonté Qui, de ce vil état de pauvre villageoise, Vousfait ^monter au rang d'honorable bourgeoise. (v.

679-684). Trahi par Célimène il a tôt fait de disposer des sentiments d'Eliante (v.

1246 et sqq.). De ces deux défauts fondamentaux : l'orgueil et l'égoïsme, découlent de multiples ridicules : — l'inadaptation :Alceste ne veut se plier ni aux usages ni à la politesse, dans laquelle il ne voit à tort que de l'hypocrisie.

Il ne veutpas embrasser tout le monde.

(Ici, tenons compte des changements survenus dans les manières.

Les embrassadesdu XVIIe siècle correspondent à nos poignées de main.

Or qui refuserait de serrer la main d'un inconnu ou même d'unennemi dans une rencontre mondaine ?).

Sa conduite vis-à-vis d'Oronte et sa sortie en public contre Célimènerelèvent de la goujaterie. — La colère et la haine — On se souvient du mot de Dorine à Orgon : Ah ! vous êtes dévot, et vous vous emportez ! (v.

552). Alceste lui aussi s'emporte sans cesse, et contre les hommes, non contre le vice. Ph.

— Vous voulez un grand mal à la nature humaine. A.

— Oui, j'ai conçu pour elle une effroyable haine...

...

Non, elle (= ma haine) est générale, et je hais tous les hommes... Sa galanterie se réduit à une suite ininterrompue de réprimandes.

Célimène le lui fait remarquer : Ce n'est qu'en mots fâcheux qu'éclate votre ardeur Et l'on n'a jamais vu un amour si grondeur, (v.

527-528). Pierrot, dans Dom Juan, était plus soumis dans les reproches qu'il adressait à Charlotte, plus véritablementmalheureux, plus « nature ».

« Morqué ! que mal te fais-je ? Je ne te demande qu'un peu d'amiquié...

» — Alceste connaît les illusions de la passion et de l'orgueil : « ...et sans doute ( = sans nul doute) ma flamme De ces vices du temps pourra purger son âme. Philinte souligne immédiatement le ridicule de telles prétentions : Si vous faites cela, vous ne ferez pas peu. — Enfin, par son ton grandiloquent, Alceste donne l'impression de « se guinder sur grands sentiments ».

Molière metdans sa bouche des vers qui parodient des vers célèbres de Corneille, ou qui sont d'allure tragique.

Mais ne prenonspas la parodie tragique pour le tragique véritable ! Dès la Critique de l'Ecole des Femmes, Molière avait présentél'héroïsme cornélien comme. »

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