Devoir de Philosophie

Aldous Huxley

Publié le 21/04/2012

Extrait du document

 
Huxley fut l'un des plus brillants esprits de sa génération, trop intelligent, trop “ cérébral ”, lui reprochèrent certains critiques, pour être un grand romancier. A seize ans, atteint d'une grave maladie de la rétine, ce frère et petit-fils de biologistes célèbres devient presque aveugle. Cette épreuve, en même temps qu'elle le force à un considérable effort de volonté pour apprendre le braille et écrire avec une machine, développe en lui une vie intérieure intense et une exigence spirituelle constante qui nourriront son œuvre. Bien qu'il retrouve progressivement la vue, il doit renoncer aux études de médecine et de biologie qu'il avait entamées, et se consacre désormais à la littérature. Après quelques poèmes de jeunesse, il publie ses premiers grands romans : Jaune de chrome (1921), Cercle vicieux (1923) et Contrepoint (1928) sont une satire des milieux intellectuels londoniens de l'après-guerre. Huxley se divertit de la lâcheté morale de ses contemporains, soucieux avant tout de satisfaire des bonheurs superficiels et de paraître. Le pessimisme et le désenchantement qui baignent ces récits s'exacerbent dans Le Meilleur des mondes (1932), “ contre utopie ” impitoyable qui décrit une civilisation de la machine et une société totalitaire dirigée par des hommes conditionnés biologiquement.     
     
Quelques années plus tard, Huxley renonce au roman, voyage et rédige des essais. De ses séjours en Inde et au Népal, il rapporte un mysticisme d'inspiration orientale ainsi qu'une anthologie du mysticisme qui semble lui avoir apporté, dans les dernières années de sa vie, les réponses qu'il avait toujours cherchées, y compris dans la drogue.     
 

« 1 1 Ce problème est celui de Huxley.

Sa vie affective, si importante en ce qu'elle le singularise des autres humains, lui apparaît absurde dès qu'il en vient à considérer le fondement physiolo­ gique sur lequel dle repose.

Gumbril, à l'instar de maint personnage de Huxley, échappe à ce dilemme en menant une vie extravagante et frénétique.

Et toute la vie de Huxley lui-même n'est qu'un long et pénible effort en vue de combler le fossé qui sépare l'âme du corps.

Durant les années 1920, Huxley se lia d'amitié avec D.H.

Lawrence, dont les idées exer­ cèrent sur lui une grande influence.

« L'homme est un, affirmait Lawrence, corps et âme, et les éléments qui le composent ne sont point ennemis.

» Frappé par le génie de Lawrence, Huxley s'acharna vainement à comprendre le point de vue de son ami.

Mais il finit par le rejeter dans Point Counterpoint (1928).

La structure de ce roman, extrêmement complexe, est en partie inspirée des Faux Monnayeurs d'André Gide.

S'efforçant d'imiter le dessin musical du contrepoint, Huxley passe sans transition du présent au passé, d'une intrigue à l'autre, de manière à créer chez le lecteur l'illusion d'assister à plusieurs aspects simultanés d'une même expérience.

Chaque personnage est comme un instrument de l'orchestre, chacun toutefois exécutant son propre thème « à la fois juste et faux, sans se soucier de l'ensemble ».

La structure décousue du roman illustre la conception que se fait Huxley de la société moderne.

Chaque individu agit confor­ mément à ses propres désirs, sans se préoccuper des autres.

Il n'est pas de croyances ou de devoirs communs susceptibles de conserver à la société sa cohésion.

Après Point Counterpoint, Huxley publia successivement Brave New World (1932), Eyeless in Gaza (1936) et After Many a Summer (1939).

Ces romans reflètent tous le dégoût de leur auteur devant la corruption de notre société décadente.

Brave New World est peut-être l'œuvre la plus célèbre d'Aldous Huxley.

Ce roman d'anticipation brosse le tableau utopique d'une civilisation totalitaire et mécanisée.

Les hommes de ce monde nouveau mènent une vie confortable et pros­ père, mais ils ont perdu tout ce qui faisait d'eux de véritables êtres humains.

Surgi du fond de sa réserve mexicaine, le Sauvage se répand en invectives contre la stérilité de ce monde impersonnel.

«Mais votre confort, je n'en veux pas! s'écrie-t-il, ce que je veux, c'est Dieu, c'est la poésie, c'est le vrai danger, c'est la liberté, c'est la bonté, c'est le péché.» Huxley, toutefois, ne nous permet pas de nous rallier avec trop de complaisance aux vues du Sauvage.

Mustapha Mond, se faisant l'avocat du « meilleur des mondes », rétorque au Sauvage qu'il réclame le droit de souffrir de la maladie, de mourir de faim, d'éprouver la peur, de succomber à des tentations dégradantes.

S'il refuse la mécanisation de la société, l'homme se trouvera à nouveau en butte aux souffrances décrites par Huxley dans ses précédents ouvrages.

Dans la préface qu'il a publiée en 1946 pour Brave New World, Huxley affirme que, s'il lui fallait récrire son roman, il y introduirait une nouvelle alternative pour l'espèce humaine : une petite collectivité continuerait à s'efforcer d'atteindre « la connaissance unitive du Tao ou Logos immanent, de la Divinité transcendante ou brahmane ».

Le mysticisme religieux qui s'était mani­ festé chez lui durant les années 1930 et 1940 est évoqué dans des œuvres telles que The Perennial Philosophy ( 1 945), The Deuils of Loudun ( 1952), The Doors of Perception ( 1 954) et Heaven and HeU (1956).

Le genre de mysticisme qui attire Huxley est celui pour lequel Dieu n'est pas une per­ sonne, mais un Esprit universel dont nos individualités éphémères sont l'expression et dans lequel elles sont appelées en dernier lieu à se confondre.

L'œuvre romanesque de Huxley dénonce aujour­ d'hui encore, à mainte reprise et avec violence, la société moderne; et, dans Ape and Essence ( 1 948), il dépeint les effroyables excès auxquels donnerait lieu une guerre atomique.

Son roman le plus récent, Island (1962), est une peinture de la société idéale telle qu'il la conçoit- société dans laquelle les êtres humains peuvent se réaliser pleinement dans un milieu intelligemment organisé.

Mais à la fin de l'ouvrage, le monde extérieur intervient, détruisant cette utopie.

Bien que ses idées aient évolué avec le siècle, Huxley n'a jamais nourri beaucoup d'espoir en ce qui concerne l'avenir de la civilisation.

CHARLES B.

COX Hull (Angleterre). »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles