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Alfredo Bryce Echenique, ou comment peut-on être péruvien ?

Publié le 04/12/2018

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D’un côté, un bourgeois de Lima, formé aux Lumières européennes, à la haute culture, à la liberté des mœurs et à celle de l’esprit, avec juste ce qu’il faut de jugement critique, d’ironie élégante et de désinvolture aristocratique. De l’autre, un Péruvien en exil, déraciné d’une nation improbable, colonisée, appauvrie, exploitée, divisée, étouffée par les préjugés de classe, la déculturation, la haine sociale, l’hypocrisie sexuelle. Si Bryce Echenique essaie de rompre avec une moitié de lui-même, il n’est plus qu’un handicapé ou une âme morte ; mais s’il veut réunir les contraires, il sombre dans le délire, la haine de soi et la folie. Quoi qu’il fasse et de quelque côté qu’il se tourne, il se retrouve dans la position du traître. Son drame personnel est à l’image de celui de son pays. Pour survivre, il faudrait oublier...

 

Mais parler de drame, c’est encore faire pencher la balance d’un seul côté : celui du pathos où se complaît si souvent la culture populaire péruvienne. Le titre de son dernier roman, Ne m’attendez pas en avril, est aussi celui d’une de ces rengaines sirupeuses au son desquelles la jeunesse de Lima berce

Dans la grande vague du roman latino-américain qui a submergé l’Europe au milieu des années soixante-dix, curieusement, l’écrivain péruvien Alfredo Bryce Echenique a été oublié. Un cercle restreint d’admirateurs enthousiastes proclamait vainement la puissance et l’originalité de cet auteur dont l’œuvre, cocasse et amère, laisse poindre la détresse dans les déflagrations de l’humour.

 

La publication, en 1997, de Ne m’attendez pas en avril, un roman presque autobiographique sur la jeunesse dorée de Lima, pourrait bien marquer la fin de cet injuste purgatoire.

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