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Analyse du tableau La Réunion 1, de Wifredo LAM

Publié le 22/01/2012

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Le métissage est au cœur de la vie comme de l’oeuvre de Wifredo Lam et ce tableau La Réunion I en est un exemple frappant, tant il illustre la rencontre de nombreuses polarités complémentaires de l’Univers, dans un foisonnement d’éléments assez disparates. Il faut dire qu’en 1941, le peintre quitte une Europe en guerre pour un retour au pays natal cubain, où il se replonge tout à la fois dans la luxuriance végétale, les traditions religieuses afro-caribéennes et la misérable condition du peuple noir, pas plus enviable sous le régime politique de Batista qu’à l’époque de l’esclavage. En conséquence, il est en proie à une profusion d’émotions et de questionnements existentiels, pour ne pas dire mystiques, que l’on retrouve dans sa peinture…

« Cuba, illustre le regain de passion de celui -ci pour le monde ésotérique auquel l’avait initié , durant son enfance, sa marraine grand e prêtresse du culte appelé Santeria, sorte d’adaptation de la religion Yoruba interdite aux esclaves africains dépo rtés dans les îles caraïbes et pratiquée de manière clandestine , sous couvert d’allégeance à la religion catholique imposée par les esclavagistes.

Ainsi, peut -être le peintre a-t-il représenté dans cette œuvre l’Orisha Ochun, symbole de féminité, de sensualité et d’amour, dont les couleurs dominantes sont le jaune et l’ocre.

Ou encore Osain, dieu des feuillages (possiblement symbolisés par l’aplat vert foncé figurant dans le quart inférieur droit du tableau) , illustré dans l’art Yoruba par un seul œil, une seule oreille, une seule main et un seul pied… En outre, les él éments végétaux présents au centre de la toile peuvent signifier les offrandes faites aux Orishas par les humains, pour s’attirer leurs faveurs.

Et o n peut aussi voir dans les trois têtes de cheval surmontant les silhouettes humaines stylisées le thème de la possession par un Loa (génie vaudou) d’un danseur en transe lors d’une cérémonie, dans le but de transmettre aux humains le message de sa volonté ou de son conseil… Car on sait qu’à l’occasion de son retour au pays natal et du renouveau de sa quête ésot érique, Lam s’est également penché sur l’héritage vaudou des pratiques religieuses ancestrales présentes à Cuba … Reste enfin qu’a y regar der de près, on peut relever dans La Réunion I des symboles, telles de nombreuses équerres, ou l’œil du Grand Architecte de l’Univers apparaissant dans le masque africain, pile au centre de la largeur de la toile, relevant d’autres traditions initi atiques plus européennes comme la franc -maçonnerie.

Mais en complément de cette quête de transcendance, ce tableau manifeste tout autant la protestation du peintre face au sort du peuple noir à Cuba comme ailleurs dans le monde, cette conscience politique ayant d’ailleurs été réveillée, lors de son passage en Martinique, par sa profonde amitié avec Aimé Césaire.

Ainsi, comment ne pas voir , dans la vertical ité des trois jambes disproportionnées dominant la partie inférieure du tableau, le symbole de « la négraille debout » chantée par Césaire, prête au sursaut de la révolte pour sortir des nombreuses oppr essions don t elle a été et demeure victime ? Un thème que viennent renforcer les pieds massifs, aux formes géomé triques, sur lesquels s’appuient ces êtres unijambistes, qui témoignent, à l’image des racines des arbres, d’un ancrage terrestre rappelant à la fois l’attache ment de Lam à la part africaine de son identité, profondément liée à la terre et à la nature , mais aussi à la déf ormation subie par les pieds nu s des esclaves en raison de leur travail harassant dans les champs de cannes à sucre.

Celui -ci expliquant sans doute, par ailleurs, la maigreur des membres inférieurs représentés, qui fait saillir leurs genoux et. »

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