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Analyse linéaire Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit, « Un Rêve » (1842)

Publié le 19/02/2024

Extrait du document

« Un rêve J'ai rêvé tant et plus, mais je n'y entends note. Pantagruel, livre III. Il était nuit.

Ce furent d'abord, - ainsi j'ai vu, ainsi je raconte, - une abbaye aux murailles lézardées par la lune, - une forêt percée de sentiers tortueux, - et le Morimont(*) grouillant de capes et de chapeaux. Ce furent ensuite, - ainsi j'ai entendu, ainsi je raconte, - le glas funèbre d'une cloche auquel répondaient les sanglots funèbres d'une cellule, - des cris plaintifs et des rires féroces dont frissonnait chaque fleur le long d'une ramée, - et les prières bourdonnantes des pénitents noirs qui accompagnent un criminel au supplice. Ce furent enfin, - ainsi s'acheva le rêve, ainsi je raconte, - un moine qui expirait couché dans la cendre des agonisants, - une jeune fille qui se débattait pendue aux branches d'un chêne, - et moi que le bourreau liait échevelé sur les rayons de la roue. Dom Augustin, le prieur défunt, aura, en habit de cordelier, les honneurs de la chapelle ardente; et Marguerite, que son amant a tuée, sera ensevelie dans sa blanche robe d'innocence, entre quatre cierges de cire. Mais moi, la barre du bourreau s'était, au premier coup, brisée comme un verre, les torches des pénitents noirs s'étaient éteintes sous des torrents de pluie, la foule s'était écoulée avec les ruisseaux débordés et rapides, - et je poursuivais d'autres songes vers le réveil. (*) C'est à Dijon, de temps immémorial, la place aux exécutions. Aloysius Bertrand - Gaspard de la nuit - Livre III - 1842 Aloysius Bertrand (1807 - 1841) est issu d'une famille pauvre et n'a jamais réussi à échapper à la misère.

Il fut très influencé par le romantisme allemand et le baroque. Son recueil de poèmes Gaspard de la nuit sera publié en 1842 à titre posthume. Longtemps inconnue du grand public, cette œuvre influencera pourtant Baudelaire ou Rimbaud par l'originalité de l'inspiration et de l'écriture du poème en prose. Aloysius Bertrand est le précurseur du poème en prose.

Un rêve, également appelé "Il était nuit...

", est extrait du livre III : La nuit et ses prestiges.

Un rêve est un poème très construit.

Il se présente comme le compte-rendu d'un rêve relaté dans une atmosphère à la fois mystique et tragique.

Aloysius Bertrand déploie dans ce texte une prose poétique empreinte de lyrisme, transportant le lecteur dans un univers onirique où le réel se mêle à l'imaginaire. Nous pouvons donc nous demander comment Aloysius Bertrand parvient à créer une atmosphère onirique et à susciter l'émerveillement du lecteur dans son poème Un Rêve.

Pour répondre à cette question nous verrons dans un premier temps comment l’auteur nous emmène dans un décors onirique et mystérieux avant de nous attarder sur l’horreur de la scène pour enfin voir comment l’auteur fait preuve de résilience face à l’oppression. Dans ce texte, plongé dans l'obscurité de la nuit, le narrateur nous transporte dans un univers mystérieux et captivant.

Le passé simple, utilisé dès le début avec "Il était nuit", crée une atmosphère rétrospective, donnant au récit une dimension d'histoire passée.

La structure du texte, marquée par les expressions "Ce furent d'abord" et "ce furent ensuite", confère une rythmique narrative, soulignant la progression des événements.

L'utilisation de la première personne, notamment avec "ainsi j'ai vu" et "ainsi j'ai entendu", apporte une touche personnelle au récit, renforçant l'implication du narrateur.

La personnification de la lune lézardant les murailles de l'abbaye crée une image vivante et énigmatique.

La description de la forêt avec ses sentiers tortueux évoque une nature sauvage, contribuant à une atmosphère sombre propre au genre poétique.

L'allitération dans "grouillant de capes et de chapeaux" ajoute un effet auditif saisissant, renforçant l'impact visuel de la scène.

L'utilisation de l'anaphore avec "Ce furent d'abord" et "ce furent ensuite" accentue la séquence des événements, captivant l'attention du lecteur.

Le contraste entre les "cris plaintifs" et les "rires féroces" souligne la dualité émotionnelle de la scène nocturne.

La connexion entre les humains et la nature, exprimée par "dont frissonnait chaque fleur le long d'une ramée", ajoute une dimension sensorielle au récit.

L'expression "ainsi j'ai entendu, ainsi je raconte" crée une forme d'intertextualité, invitant le lecteur à réfléchir sur la subjectivité de la narration.

Enfin, le champ lexical sombre avec des termes tels que "funèbre", "plaintif", "féroce" et "supplice" renforce l'atmosphère ténébreuse du récit.

Ainsi, ce passage allie habilement les éléments narratifs, descriptifs et émotionnels.... »

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