André Breton
Publié le 30/04/2011
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«
ANDRÉ BRETON
né en 1896
PRÉSENTER André Breton comme l'un des « grands écrivains » ou des « écrivains célèbres >>
de ce temps serait le trahir, disons cela tout d'abord, et vouloir sous ce seul point de vue le regarder
serait se duper intentionnellement, ou accepter d'être dupé.
Breton est un écrivain qui n'a cessé de
proclamer son mépris de la littérature et qui montre depuis toujours que l'écrivain chez lui est
accessoire à
l'homme (tandis que les autres surréalistes, sauf Artaud, ont été des écrivains avant
d'être des hommes); cependant, la merveille est que l'œuvre écrite de Breton prend du poids et de
la portée continuellement, à mesure que les années passent, et qu'à la plupart de nous elle apparaît
aujourd'hui comme le meilleur don, littérairement aussi et même, que nous ayons reçu de l'esprit
moderne.
Il faudrait donc, au début de ce que les limites de cet ouvrage réduisent à n'être qu'une
petite note, essayer de marquer la singularité absolue de l'homme et de l'écrivain à qui nous
avons affaire, souligner
autant qu'il se peut tout ce qui le rend incommensurable par rapport à
ses contemporains.
Un livre, pour André Breton, je crois que c'est avant tout une expérience et un message
(car le domaine intérieur ne lui importe pas moins que le monde extérieur, et je ne sais personne
chez qui la soif d'introspection et l'appétit de communication soient aussi prononcés et aussi par
faitement équilibrés que chez lui).
Or ces messages et ces expériences sont habités par une sorte
de charge, ou ils sont traversés par une sorte de courant, à si haute tension que dans l'ordre de la
pensée originale et dans celui de la beauté formelle ils brillent d'un éclat dont on chercherait
vainement le similaire.
Le lecteur est ébloui; son consentement est enthousiaste, ou bien son regard
est blessé par le violent feu, et il se détourne de ce qu'il ne peut supporter.
On n'insistera jamais
assez sur ces notions de « charge >> de « tension >> et de « magnétisme >> (déjà signalées par Julien
Gracq dans son bel essai, que je recommande une fois pour toutes, sur André Breton).
Elles valent
aussi bien pour la personne de l'écrivain, pour son caractère et pour son aspect, que pour son œuvre
ou pour le style de son œuvre.
Il n'est que de regarder les nombreuses photographies prises de lui
depuis son adolescence jusqu'à son âge actuel.
L'iconographie d'André Breton est une longue
suite d'éclairs.
Nul, dans l'histoire de la littérature, ne laissera pareilles traces de son passage, ce
qui nous assure encore que c'est beaucoup plus que d'un simple écrivain qu'il s'agit.
De qui, ou de quoi, s'agit-il donc? Répondre brièvement est malaisé, si l'on ne veut pas se
contenter des subterfuges qui ont cours à son sujet et au sujet du groupe qu'il inspire.
André
Breton, comme on sait, est inséparable du surréalisme, auquel il a donné naissance en rompant
de sa propre autorité avec le dadaïsme, en 1922; il n'a pas cessé de le diriger depuis lors.
« Le
langage a été donné à l'homme pour qu'il en fasse un usage surréaliste >>, écrivait-il dans le Premier
Manifeste, publié en 1924, et le ton est déjà caractéristique de ce besoin d'absolu qui ne faiblira
jamais chez lui.
Du même ouvrage, tirons encore cette définition à l'usage des futures encyclopé
dies :
« Le surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines formes d'associa
tions négligées
jusqu'à lui; à la toute-puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée.
Il tend
à ruiner définitivement tous les autres mécanismes psychiques et à se substituer à eux dans la
PHOTO IDA KAR.
»
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