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ANOUILH Jean : sa vie et son oeuvre

Publié le 15/11/2018

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ANOUILH Jean (1910-1987). Jean Anouilh naît à Bordeaux. Son père est tailleur, sa mère violoniste. Il fait du droit, de la publicité qui, dira-t-il plus tard, lui a donné « des leçons de précision et d’ingéniosité ». En 1928, le Siegfried de Giraudoux décide de sa vocation d’homme de théâtre. Il devient secrétaire de Jouvet...

 

Sa seconde pièce, l’Hermine, montée en 1932 par Pierre Fresnay, suscite de vives controverses mais l’impose à l’attention. Grâce à Georges et à Ludmilla Pitoëff qui présentent coup sur coup le Voyageur sans bagage (1937) et la Sauvage (1938), il se voit consacré. Dès lors vont se succéder avec une grande régularité, et ce jusque dans les années récentes (Œdipe roi, 1986), des pièces dont les tonalités oscilleront de la fantaisie à la noirceur, avec un goût de plus en plus marqué pour le trait appuyé et l’acrimonie.

 

Parallèlement, il écrit de nombreux dialogues de films, les plus notoires étant la Ronde et Madame de... de Max Ophuls, il adapte en français des œuvres étrangères (Richard III, Catherine de Heilbronn), il s’essaie à la mise en scène et permet ainsi de redécouvrir le chef-d'œuvre de Roger Vitrac, Victor ou les Enfants au pouvoir (1962). Sans doute Anouilh n’est-il pas insensible aux aventures et avatars du théâtre contemporain : à peu près seul à l’époque, il prend la défense d’En attendant Godot de Samuel Beckett (1953). Pourtant, le dramaturge n’a jamais cherché, semble-t-il, à combler le fossé qui le séparait chaque jour un peu plus des nouvelles générations.

 

D’entrée de jeu s’affirme une vision du monde teintée de nietzschéisme. Deux « races » s’y affrontent dans un combat sans issue ni réconciliation : les « médiocres » et les « purs ». Les premiers, englués dans le conformisme, la soumission à l’ordre établi, l’obsession du confort matériel..., sont des fantoches à la fois veules et suffisants, parfois ignobles. Héritiers sinistres des petits-bourgeois de Labiche, ils font, comme on dit, du théâtre — discours ronflants, affabulations, poses étudiées... — pour camoufler le sordide de leur existence et, pire, de leurs sentiments. En face, le camp vulnérable de la jeunesse et de la pureté. Ce sont des intraitables. Fût-ce au prix de leur vie, ils refusent de se compromettre, de pactiser (Antigone, 1943). En même temps, et c’est par là qu’ils peuvent toucher, leur intransigeance échoue, se brise contre les aspérités du réel, misère, tartufferie, renoncement... Plus tard, on les appellera des « marginaux ». C’est que la pauvreté leur a fait voir très tôt le monde et les humains tels qu'ils sont. La richesse, pour eux, n’a même plus d'attrait. Ils savent trop ce qu’elle recouvre de bassesse et de cruauté : « Je suis ta fille, déclare Thérèse à son père dans la Sauvage. Je suis la fille du petit monsieur aux ongles noirs et aux pellicules; du petit monsieur qui fait de belles phrases, mais qui a essayé de me vendre un peu partout, depuis que je suis en âge de plaire ».

 

Le temps, chez Anouilh, use les énergies, émousse les passions, amène la résignation. Les « médiocres » ont tous derrière eux « l’expérience de la vie ». Aussi les héros, conscients du péril, refusent-ils la durée. Mais peut-être ce faisant, refusent-ils la réalité. Ils rêvent d’un instant primordial où se concentrerait l’existence tout entière. L’instant des commencements émerveillés... « Je veux être sûre de tout aujourd’hui, proclame Antigone, et que cela soit aussi beau que quand j’étais petite ou mourir ».

 

Le héros anouilhéen est donc pris à son propre piège. Son exigence morale, son rêve existentiel lui interdisent de se compromettre. C’est-à-dire, en fin de compte, de vivre. Des solutions? Anouilh n’en propose guère. La fuite. Mais où? Et pour quoi faire? (le Voyageur sans bagage, la Sauvage, la Répétition ou l’Amour puni, 1950...). La mort, acceptée ou recherchée (Eurydice, 1942; Antigone, Médée, 1953; l'Alouette, 1953...).

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« public qui associent théâtre et modernité.

Car, s'il est vrai qu'on lui a reproché un peu injustement de s'enfer­ mer dans des formules éprouvées, il n'en reste pas moins que ses tentatives de renouvellement à partir des années 50 sont restées dans la tradition du théâtre de texte bien « ficelé » qui prévalait entre les deux guerres.

Mais tout ce qui a transformé l'écriture dramatique et la représentation contemporaines, la forme brechtienne, les recherches inspirées par Artaud, les expériences venues de l'étranger, tout cela semble avoir glissé sur Anouilh comme l'eau sur les plumes du canard ...

BIBLIOGRAPHIE Œuvres.

-Une édition d'ensemble du théâtre d'Anouilh est parue en 1961-1962 (6 volumes, Éd.

de la Table Ronde).

Elle suit le découpage proposé par l'auteur: pièces noires, roses, grinçantes, brillantes et costumées.

En 1970, un septième volume de «nouvelles pièces grinçantes>> l'a complétée qui comprend la production d'Anouilh de 1959 (l'Hurluberlu) à 1970 (les Pois­ sons rouges).

Les ouvrages les plus récents sont accessibles, en édition séparée, toujours à la Table Ronde.

On trouve enfin un grand nombre de pièces en édition de poche (Folio/Gallimard).

Etudes.

-Pour l'essentiel, on dispose de six monographies, généralement biographiques et/ou thématiques.

Celle d'Hubert Gignoux (Jean Anouilh, Éd.

du Temps Présent) offre l'intérêt d'avoir pour auteur un homme de théâtre, mais elle date de 1946.

Plus récents sont les ouvrages de : Robert de Luppé, Jean Anouilh, Éd.

Universitaires, 1965; Pol Vandromme, Jean Anouilh, un auteur et ses personnages, Éd.

de la Table Ronde, 1965; Clément Borgal, Anouilh, la peine de vivre, Éd.

du Centurion, 1966; Paul Ginestier.

Jean Anouilh, Seghers, coll.

« Théâtre de tous les temps », 1969; Jacques Vier, le Théâtre de Jean Anouilh, S.E.D.E.S..

1976 (pour être le plus récent, ce dernier ouvrage n'en pèche pas moins par une complaisance excessive à l'égard de son objet).

Aperçus intéressants dans : Marc Beigbeder, le Théâtre en France depui s la Libération, Bordas, 1959; Pierre-Henri Simon, Thééitre et destin : la sig nifi cat io n de la renaissance dramatique en France au xx' .fiècle.

Armand Colin, 1959; Paul Surer, Cin­ quante ans de thé8tre, S.E.D.E.S .• 1964 (édition revue et com­ plétée en 1969).

1.-J.

ROUBINE. »

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