ANTIGONE (analyse du personnage)
Publié le 06/10/2018
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A l'inverse, Créon incarne une autre forme de morale, celle de la responsabilité politique immédiate. Face à une Antigone qui ne pense qu'à son acte en tant que tel, Créon répond par la prise en compte des conséquences. Il doit maintenir l'ordre, il ne peut admettre que qui que ce soit, même une fille de roi, enfreigne ses ordres. En tant que roi de Thèbes, Créon doit en permanence prévoir, peser, anticiper : il est comptable du salut de la ville.
Les deux points de vue sont évidemment inconciliables. Antigone accepterait de voir périr la ville au nom de sa morale, Créon est prêt à toutes les manœuvres et toutes les compromissions pour la protéger et la développer. L'une ne raisonne que sur la valeur morale des moyens, l'autre ne s'intéresse qu’au but poursuivi. ..
En fait, il n'y a pas de solution à ce débat, qui dure depuis plusieurs dizaines de siècles. Les différentes positions ont été tour à tour soutenues, depuis Platon jusqu'à Stuart Mill (1806-1873) et Marx, sans solution acceptable. Le pas le plus décisif a été fait par le philosophe allemand Max Weber (1864-1920), lorsqu'il a explicité dans Le Savant et le politique (1919) l’opposition radicale entre éthique de responsabilité et éthique de conviction.
Sur le plan littéraire, ce débat a été illustré, outre le thème exemplaire d'Antigone, par une œuvre comme Les Mains sales de Jean-Paul Sartre (1948), dans laquelle le dialogue

«
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• Antigone
La guerre s'achève par un massacre général, dans lequel
Etéocle et Polynice sont tués.
Créon, frère de Jocaste, prend
le pouvoir.
Il décrète que le corps d'Etéocle sera enseveli
avec les honneurs et que celui de Polynice sera laissé sans
sépul ture.
De plus, il décide de marier Antigone à son propre
fils, Hémon.
Mais Antigone refuse de laisser son frère sans sépul ture, ce
qui l'emp êcherait à jamais de trouver le repos des morts.
Après avoir demandé son aide à Ismène, qui lui conseille
plutôt de se soumettre au plus fort, elle se glisse hors des
remparts et, bravant les gardes et les ordres, tente avec ses
seules mains d'ensevelir son frère .
Capturée par les gardes, elle est mise en présence de
Cré on.
C'est un véritable dialogue de sourds, au cours duquel
il tente de la convaincre, au nom de la raison d'Etat, de
renoncer à son projet.
Il ne veut pas la faire mourir, mais y
sera contraint si elle refuse de respecter la loi.
Antigone ré
pond en se référant à la loi divine, qui lui interdit de laisser
sans sépulture le cadavre de son frère .
Antigone est finalement condamnée à être emmurée vi
vante.
Elle repousse avec des sarcasmes sa sœur Ismène qui
s'of fre à partager son sort; et marche à son supplice.
Lorsque
Hémon intervient pour tenter de la sauver, il est trop tard :
dans le cachot souterrain où on l'a enfermé e, An tigone s'est
pendue.
Désespéré, le jeune homme se donne la mort à son
tour.
[ Quelques pistes--------------,
Antigone est surtout connue pour ce face -à-face avec
Créon, dans lequel elle invoque la loi morale face aux
compromissions de la politique.
Jeune fille intransigeante, elle incarne d'abord l'exigence de
pureté et d'idéal qui est celle de la jeunesse.
Elle n'admet pas
les raisonnements politiques de Créon , pour qui la consigne
qu'il a donnée a d'ab ord pour but la conservation de l'ordre
public.
Antigone est entière , elle refuse tout compromis et
ressent de plus une attirance morbide pour les idées de mort.
»
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