ARENA : sa vie et son oeuvre
Publié le 14/11/2018
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ARENA (après 1500-1544). Poète provençal. Né à Sol-liès, près de Toulon, dans une famille de juristes d’origine napolitaine, Arena fait des études de droit en Avignon vers 1519; c’est à ses condisciples, bien connus pour former une société joyeuse, toujours disposée à la danse, qu’il dédie son traité des basses danses (Ad suos compagnones...) de 1529.
Une basse dance au talon
Vous voilà passé coquillon (docteur en droit)
rappelle en 1532 Rabelais, dans un blason des étudiants en droit d’Orléans (Pantagruel, V). En 1527-1528, Arena combat dans les troupes françaises d’Italie, à Rome, Naples et Gênes, assiste à la mort du connétable de Bourbon — le traître — et à celle de Lautrec — emporté par le « mal de Naples », la syphilis. Dès l’année suivante, il en publie un récit d’une grande verve, burlesque et pitoyable à la fois, réuni à son traité des basses danses. Le succès de ce recueil en vers macaroniques l’incite à continuer dans cette veine en 1537 dans la Meygra Entrepriza, qu’il dédie, « pro se rejohire et ale-gramento », à François Ier. Il y décrit en vers un peu plus sages et plus virgiliens l’invasion de Charles Quint en Provence en 1536, la générosité et la victoire du roi français, la déroute des Impériaux qu’Arena a guettée derrière les vignes, dans les montagnes d’Aix, en compagnie des paysans-guérilleros. En 1536-1537, il obtient la charge de juge royal à Saint-Rémy-de-Provence, charge qu’il semble avoir exercée avec une certaine dureté. Il meurt en 1544.
«
pour
former une société joyeuse, toujours disposée à la
danse, qu'il dédie son traité des basses danses (Ad suos
compagnones ...
) de 1529.
Une basse dance au talon
Vous voilà passé coquillon (docteur en droit)
rappelle en 1532 Rabelais, dans un blason des étudiants
en droit d'Orléans (Pantagruel, V).
En 1527-1528,
Arena combat dans les troupes françaises d'Italie, à
Rome, Naples et Gênes, assiste à la mort du connétable
de Bourbon -le traître -et à celle de Lautrec -
emporté par le« mal de Naples », la syphilis.
Dès l'année
suivante, il en publie un récit d'une grande verve, burles
que et pitoyable à la fois, réuni à son traité des basses
danses.
Le succès de ce recueil en vers macaroniques
l'incite à continuer dans cette veine en 1537 dans la
Meygra Entrepriza.
qu'il dédie, «pro se rejohire et ale
gramento », à François 1°'.
Il y décrit en vers un peu plus
sages et plus virgiliens l'invasion de Charles Quint en
Provence en 1536, la générosité et la victoire du roi
français, la déroute des Impériaux qu' Arena a guettée
derrière les vignes, dans les montagnes d'Aix, en compa
gnie des paysans-guérilleros.
En 1536-1537, il obtient la
charge de juge royal à Saint-Rémy-de-Provence, charge
qu'il semble avoir exercée avec une certaine dureté.
Il
meurt en 1544.
Arena est le premier auteur français à écrire des vers
macaroniques; cette langue factice, née en Italie à la fin
du xv• siècle, et qu'illustrent en ce pays, entre 1517 et
1540, les Macaronées de Folengo, se présente chez
Arena comme un « pot-pourri » de latin, de provençal et
de français- « latin de cuisine », latin de potaches, dont
on ne sait, à sa naissance, s'il est destiné à parodier ou à
soutenir le bon latin, à traiter les sujets ignobles pour les
ridiculiser ou pour les regarder objectivement : sans
doute tout cela à la fois.
De cette mixture Rabelais fera,
trois ans plus tard, bon usage; qu'il nous suffise
qu' Arena l'annonce par le goOt pour un rire énorme,
la recherche d'un lexique grotesque, voire l'éloge des
goutteux et vérolés.
Mais c'est aussi chez lui un langage
de la précision et de l'expressivité, très utile dans le
traité sur les danses : il permet de décrire les manières et
mouvements requis ou condamnés, assez clairement pour
faire autorité pendant un siècle.
Très efficace encore
dans les mille notations sur la vie misérable du soldat
vagabond : pleine des bruits de la guerre, de blessures,
maladies, famines, nuits à la bell e étoile, criant de froid,
manquant d'argent; or
Fauta d'argentis est dolor im pa reillu s!.
..
Jusqu'à la fin du xv1• siècle, c'est surtout le traité des
basses danses qui motive les rééditions (sept entre les
seules années 1574 et 1631); Rémy Belleau imite sa
Meygra Entrepriza dans le Poema macaronicum de bello
huguenotico, qui accompagne dorénavant le texte
d' Arena dans la plupart des éditions des xvu• , xvm• et
XJX0 siècles.
BIBLIOGRAPHIE Les éditions les plus importantes sont les suivantes : Ad suos
compagnones srudiames, qui sunr de persona friantes, bassas
dansas in ga/lan ti stilo bisognatas et de novo per ipsum correc
tas et joliter augmelltatas ...
guerra Romana ...
guen·a Neapoli·
tena ...
revolta Germuensi et guer ra A ven.ionensi, Lyon, Claude
Nourry, 1533; id ., la Meygra Entrepriza, Lyon, Claude Nourry.
1538; id., Paris, Galiot du Pré, 1574; Macaronee provenza/i, éd.
F.
Garavini et L.
Lazzerini, Napoli, Ricciardi, 1984.
Arena a été souvent étudié à partir du xtx• siècle.
Cf.
: Norbert
Bonnafous, introduction à l'édition de la Meygra Enrrepriza,
A ix , 1860; François Dollieule, Antoine Aretw, poète macaroni
que et jurisconsulte, Paris, 1886; Yves Giraud, «la Babel facé
tieuse du latin macaronique >>, dans Facétie et littérature facé
tieuse à l'époque de la Renaissance, R.H.R., Montpellier et
Saint-Étienne, 1978.
Pour
le genre macaronique, cf.
: Charles Nodier.
Du langage
factice appelé macaronique, Paris , 1834; Ern st Robert Curtius.
la Littérature européenne et le Moyen Age latin, P.U.F., 1956.
M.·M.
FONTAINE.
»
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