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Arthur Rimbaud, Le dormeur du val - Analyse

Publié le 17/01/2014

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Le dormeur du val, Arthur Rimbaud C'est un trou de verdure où chante une rivière Accrochant follement aux herbes des haillons D'argent ; où le soleil, de la montagne fière, Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons. Un soldat jeune,bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est étendu dans l'herbe sous la nue, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut. Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme : Nature, berce-le chaudement : il a froid. Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. Arthur Rimbaud Octobre 1870 Analyse Introduction Ce poème, Le Dormeur du Val, est un des plus connus du poète, bien qu'il présente une esthétique encore peu innovante: utilisation du sonnet, de l'alexandrin, de la rime. On est de fait encore loin de la modernité d'Une Saison en enfer ou des Illuminations , dernières ?uvres du poète, et de l'audace des images qu'il offre dans le Bateau ivre, composé seulement un an plus tard. Le Dormeur du val n'en demeure pas moins un poème très abouti, et qui montre chez l'auteur une grande maîtrise des règles de versification - ce qui peut étonner à seize ans à peine. Contexte historique Ce poème est sans doute inspiré au jeune Rimbaud, 16 ans à l'époque, par la guerre franco-prussienne de 1870, et plus particulièrement par la bataille de Sedan scellant la défaite française le 3 septembre 1870 à ...
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« particulière, tr ès vive et active, comme le traduisent les nombreux verbes d'action utilis és («chante» renforc é par l'allit ération de   consonnes dentales au vers 1, «accrochant», «mousse»...) qui contribuent  à personnifier les diff érents  éléments naturels: la «rivi ère»,   la «montagne», le «val». Cette impression de foisonnement et de complexit é est encore accentu ée par l'utilisation de subordonn ées   («o ù chante...», «qui mousse...»), l'adverbe d'intensit é «follement», mais passe aussi par des rythmes acc élérés. Par exemple, au vers   3, les accents d élimitent trois groupes de syllabes: 2 («D'argent») ­ 4 («o ù le soleil») ­ 6 («de la montagne fi ère»); cela donne un  élan   au vers, une vivacit é. · Un cadre enchanteur et accueillant C'est une nature bienfaisante et harmonieuse: elle r éunit l'eau, le soleil et la v égétation. Rimbaud d écrit la fluidit é de l'eau par   l'enjambement du vers 1 au vers 2.  À cet  égard, «la Nature» du vers 11 se change en  all égorie   maternelle et protectrice, comme le   montre les lexiques de la maternit é («berce­le chaudement») et plus g énéralement de la douceur («lit», «baignant»). La  p ériphrase   «trou de verdure» du vers 1  évoque de plus un refuge. L'emploi de l'adjectif «petit» traduit dans la m ême ligne d'id ée une certaine   familiarit é. · Des jeux sur les sens Cette description fait appel  à plusieurs sens, principalement la vue (pr ésente par exemple  à travers les adjectifs de couleur: «bleu»,   «vert», «p âle») sur laquelle on insiste par des rejets aux vers 2 et 3 («D'argent») et 3 et 4 («Luit»), l'odorat («sa narine»), le toucher   (qui passe par des pr épositions marquant des positions: «dans son lit vert», « étendu dans...», «la main sur la poitrine»), l'ou ïe   («chante»). Rimbaud met ici en place des synesth ésies, comme Baudelaire avant lui dans son po ème  Correspondances , qui   conduisent parfois  à des situations des images paradoxales, liant de fa çons inhabituelle les sensations: «un petit val qui mousse de   rayons» (reliant  éléments solide, liquide  à des radiations), «la lumi ère pleut» (liquide et radiation encore ici). Finalement, bien   qu'agr éable et vigoureuse, cette nature famili ère rev êt aussi des aspects plus myst érieux et  étranges. L'int égration d'un personnage: le soldat · Un soldat très jeune L'auteur  évoque, au vers 5, un «soldat»  étendu dans l'herbe. C'est cependant sa jeunesse qui frappa le po ète, on le voit au placement   de l'adjectif «jeune», juste avant la virgule, et  à la place faite au lexique de l'enfance m ême, plus que de la jeunesse («berce»,   «enfant»), et ce militaire est d'ailleurs compar é à un «enfant» aux vers 9 et 10 («comme... Sourirait un enfant malade»). · Une apparente tranquillité La position allong ée de cet homme l'assimile  à un simple «dormeur», comme veut nous le faire croire le titre du po ème. Son aspect   est peu r églementaire: il est la t ête nue, sans casque ou k épi. Il y a donc l'id ée d'un certain rel âchement d û à la sieste du soldat.

  Notons la rime de «comme» et «somme» (vers 9 et 10). Cette atmosph ère d'inactivit é est particuli èrement travaill ée. Les champs   lexicaux du sommeil et de la passivit é sont bien d évelopp és («bouche ouverte», « étendu», «berce»...), et on peut m ême parler de   b éatitude lorsque Rimbaud r épète aux vers 9 et 10 le verbe sourire. Les m étaphores («dans son lit vert», «baignant dans le frais   cresson...»), la r épétition de termes de m ême  étymon que le verbe dormir («dort» aux vers 7, 9 et 13, «dormeur» dans le titre), ainsi   que les rejets («dort» au vers 7, «tranquille» au vers 14, qui est en plus mis en valeur par l'apposition). Toutefois, ce calme est   trompeur. · Une place ambiguë au sein de la nature M ême si la nature semble  être accueillante, ce soldat y occupe une place difficile  à qualifier. D'un c ôté ce jeune homme appara ît  . »

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