AUGIER Émile Guillaume Victor : sa vie et son oeuvre

AUGIER Émile Guillaume Victor (1820-1889). Dramaturge. Né à Valence, il renonce à succéder à son père, avocat, et préfère courtiser les Muses. Protégé du duc d’Aumale, il publie un recueil de vers, les Pariétaires, puis cherche sa voie au théâtre et, en 1844, obtient un premier succès avec la Ciguë. Déjà s’y manifestent les choix d’un écrivain qui, en applaudissant la Lucrèce de Ponsard (1843), a rallié l’« école du bon sens » : retour à un classicisme tout formel (Augier situe dans l'antiquité athénienne une intrigue de Boulevard) et attachement à une morale aussi édifiante qu’opposée au nihilisme du héros romantique.

Si Ponsard reste le chef de file, Émile Augier devient le plus bouillant sectateur du « bon sens ». Dans le Spectateur républicain (1848), organe du mouvement, il parle en théoricien, accusant les romantiques de brader l’esprit français aux cultures étrangères. Membre de la maison civile de Napoléon III, élu conseiller général de Bour-deaux, Drôme (1852), il démissionne en 1855, laissant pour testament politique une brochure fort peu hardie, la Question électorale (1864), et acceptant la dignité de sénateur alors que l’Empire agonise (1870).

Poursuivant assidûment son œuvre de dramaturge, il accumule les titres, écrit même en collaboration (il signe avec Musset l'Habit vert en 1849). Auteur à succès, il met invariablement le public de son côté par ses maximes simples et communes, exaltant le foyer, le père de famille et l’épouse honnête, stigmatisant la courtisane et le séducteur, menaces pour le bonheur légitime d’un couple. Gabrielle (1849) en est l’illustration parfaite, version moralisée avant la lettre de Madame Bovary : en