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Aux arbres - Yves Bonnefoy - 1953 - Commentaire

Publié le 15/09/2018

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bonnefoy

(Si son cheminement l'éloigne À travers tant de nuit et malgré tout ce fleuve, elle demeure dans le même monde que le Je (rappelons qu'il n'y a pas d'au-delà), et la séparation n'est pas absolue. Mais nous voyons bien à quelle condition cela est possible et pensable : que le Je consente à appartenir aux arbres, à leur matière ligneuse, c'est-à-dire à ce monde matériel au sein duquel il n'y a pas de séparation par la mort. Le renversement est total : c'est justement l'idée d'un au-delà qui supposait et justifiait celle de la séparation. Il n'y aura pas de séparation, si on ne tombe pas dans l'illusion nostalgique des retrouvailles : il faut donc consentir à ce matérialisme philosophique et poétique.)

 

Poète EST au monde, « je vous appartiens »

Les arbres désignent un lieu, il y a une proximité, « proches de moi », c’est dans ce lieu là que Douve a accédé à la mort.

Enfin, cette présence se dit dans une forme de joie, « fêtes », car la jeune femme n’a pas totalement disparu, persistance de son être (v. 4), tant qu'il y aura des témoins - les arbres, et le poète. Elle vit encore par le poète, grâce à la médiation de la nature ; elle est désignée comme un sujet vivant de verbes d'action. Le poète ne peut admettre la disparition dans le néant (qu’il n’y aura rien après).

 

 

CONCLUSION : Y. Bonnefoy évoque la mort, mais sans volonté de déploration, sans lyrisme véritable, plutôt avec \"austérité\". Mais en même temps, le poète tente de surmonter le tragique de la mort, en imaginant la jeune femme perdue, mais encore active, vivante, et proche de lui. Il donne ainsi aux arbres le rôle de médiateur, ils lient des êtres éloignés, et le poète profite de cette chance qui est d’appartenir aux arbres et à la matière pour se rapprocher de la femme aimée.

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« Les termes sont nombreux qui évoquent un trajet : "passage", "chemins", "barque", "son cheminement à travers..." ; « elle s’est jetée » si elle se jette elle passe d’un endroit à un autre. Dans les deux premiers vers, Bonnefoy évoque une scène du passé, celle de la mort de Douve.

Une image y est posée, simple et connue, qui va devenir obsédante, celle du passage, cela par le mot qui porte l'accent principal de fin de vers ; et cette image est spécifiée par une autre image, la double référence formant l'évocation d'une scène, prolongée sur deux vers : la mort-passage de Douve y est figurée comme la marche de quelqu'un qui s'enfonce et disparaît dans une forêt. Toutefois, la notion du passage se trouve comme masquée par l'idée de l'enfermement dans une épaisseur sans au-delà : le paradoxe d'un volume qui formerait pourtant limite et qui n'ouvrirait en fait sur rien doit être souligné, on ne saurait oublier que ces chemins ne mènent peut-être nulle part. B Les références mythologiques et historiques (pour décrire le passage). un passage (v.

1) sur lequel une porte se referme (v.

2), évocation de la descente aux Enfers de la mythologie antique : "elle s'est jetée dans la barque des morts" (allusion au passage du Styx, sous la direction du nocher, ou nautonier Charon ; "la bouche serrée sur l'obole" rappelle que les morts, en Grèce, devaient payer leur passage d'une petite pièce de monnaie, une obole, qu'on leur glissait sous la langue au moment de leur enterrement (historique ici) - faute de quoi ils ne pouvaient traverser le fleuve (v.

11) et devaient errer entre le monde des morts et celui des vivants.

Un peu plus loin, il est question à nouveau de Charon, "l'informe nautonier", tandis que le dialogue avec les chiens fait peut-être allusion à Cerbère, le chien à plusieurs têtes qui garde l'entrée des Enfers. C Omniprésence de la mort. Expression/vocabulaire : « Douve morte » ; « la barque des morts » « votre austérité » « bouche serrée », évoque le froid, la crispation des mâchoires =mort. Image d’enterrement « vous qui avez refermé sur elle vos chemins » ; image de recouvrement / Douve se fait recouvrir par les feuilles, les arbres ? Obscurité « la nuit » ; le mot « silence », qui rappelle la bouche serrée du vers 7. En fin de vers, ce silence signifie ce qui, dans la mort, sépare de la communauté des hommes et donc fait éprouver l'inhumanité de la mort, mais humainement et, pour ainsi dire, philosophiquement : être mort, c'est ne plus pouvoir s'adresser à tel autre humain, ici à l'humain aimé, pour constituer avec lui l'humanité. Telle est, en son étendue, l'expérience de la séparation qu'un poète peut humainement représenté autant qu'il peut se placer au point de vue d'un mort, tel est exactement le projet de ce poème. III Réunion des êtres dans la matière. A Union dans le bruit et la lumière. «Signifient qu’elle lie sa fortune à la mienne », sorte d’association ; idée d’union ; joie d’être unis qui se fait grâce aux arbres ; « fortune » = destinée ; verbe « signifier », message veut dire quelque chose, qu’elle lie son destin au sien, le tonnerre est porteur de sens, ces éléments naturels permettent d’exprimer ce que Douve souhaite, elle est là sous une autre forme.

Cette union se fait donc à travers : Le bruit : « dialogue »v9, ; « j’entends » on a l’impression qu’à travers le bruit des feuilles/arbres, il y a un échange de paroles entre Douve et les êtres des Enfers=> dimension auditive ; « le tonnerre profond qui roule sur vos branches, les fêtes qu’il enflamme au sommet de l’été », idée de mouvement/ de bruit, ici image phénoménale naturelle : l’orage de l’été, foudre crée des incendies=>embrasement festif // et aussi sommet de l’été=. »

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