BAILLON André : sa vie et son oeuvre

BAILLON André (1875-1932). Publiée durant les dix dernières années de sa vie, l’œuvre de cet écrivain belge né à Anvers rassemble une dizaine de volumes. Elle est presque essentiellement autobiographique, sous le masque de la fiction. Bâillon a transcrit sa vie médiocre, « quotidienne » en une série de récits déchirants et insolites dont le ton et le propos conservent une résonance singulièrement active. Il y a quelque chose d’essentiellement moderne dans l’analyse de sa difficulté d'être et dans sa description lucide, presque froide, de la maladie mentale qui le détruit peu à peu.

Bâillon fascine par une écriture dépouillée, des phrases courtes et cadencées, un style dynamique, sans périphrases et sans fioritures. Il surprend par des associations de mots parfois saugrenues mais toujours logiques et des images frappantes (« ne pas décrire, faire voir; souvent un mot suffit », écrit-il). Et, surtout, son œuvre est traversée par un humour amer, l'humour d’un faux naïf qui tente de cacher son désarroi sous la dérision.

Le personnage central de ses « romans » — qui, quel que soit le nom qu’il porte, est Bâillon lui-même — apparaît comme un petit employé saisi par la soif d’absolu. Déchiré entre une vie terne et « quelque chose d’autre », incapable de choisir, recherchant même la souffrance, ce personnage se laisse sombrer dans la folie sans opposer de résistance. Bâillon décrit ce parcours avec une ironie tranquille qui fait frémir, lorsqu’on sait qu’il fut lui-même interné à plusieurs reprises.