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BALZAC, Jean-Louis Guez de : sa vie et son oeuvre

Publié le 16/11/2018

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BALZAC, Jean-Louis Guez de (1597-1654). On ne lit plus Guez de Balzac. Son œuvre, étroitement liée à son époque et à son milieu, n’est pas d’un accès immédiat pour le lecteur moderne; en revanche, elle fut tenue, durant la première moitié du xviie siècle, pour le modèle de la prose éloquente et élégante, et constitue ainsi un objet d’étude privilégié pour l’histoire littéraire.

 

Les origines et les débuts de Balzac résument assez bien le cursus de l’homme de lettres de l’époque. Il est issu d’une famille en voie de promotion : son père, Guillaume Guez, de petite noblesse languedocienne, est devenu le secrétaire de confiance du duc d'Epernon et a épousé Marie Nesmond, de bonne famille angoumoisine, qui apporte en dot la seigneurie de Balzac. On le destine aux emplois de l’éloquence politique : il étudie chez les jésuites, puis à Paris, enfin à l'université de Leyde, où enseignent les maîtres les plus réputés de l’art oratoire, notamment Heinsius. Il y a pour compagnon Théophile de Viau et se trouve en contact avec la Réforme et le libertinage. Rentré en France, il est, dans la clientèle du duc d’Épernon, employé pour des écrits de polémique

 

(le duc soutient les manœuvres de la reine mère). Puis il est (1620-1622) l’agent à Rome du cardinal de La Valette, fils du duc. Cependant, à son retour, sa carrière bifurque : malade, il se retire à Balzac. Il n’a pas renoncé à ses ambitions, mais il semble être tenu un peu en suspicion (par Richelieu notamment) à cause de ses premiers écrits polémiques. Mal satisfait de ce qu’il obtient (titres de conseiller et d’historiographe, pension fort mal payée — de 2 000 livres), il se cantonne dans sa retraite, tout en gardant des relations suivies avec les cercles littéraires parisiens. Dès lors, son œuvre reflète sa situation paradoxale : il se pose en ermite volontaire et en maître de l’éloquence mondaine, alors même qu’il rêve d’être un modèle de l'éloquence politique et d’occuper de hautes fonctions.

 

L’éloquence politique et religieuse correspond surtout à trois ouvrages : le Prince (1631), long panégyrique de Louis XIII, les discours du Socrate chrétien (1652), apologie du catholicisme le plus conformiste, et VAris-tippe (1658, publié posthumément mais entrepris sitôt après le Prince), critique des mauvais ministres dont nombre de traits peuvent s’appliquer à Richelieu et à Mazarin. Comme beaucoup d’écrivains de son temps, Balzac adapte ses opinions déclarées à la conjoncture : il loue le roi quand il espère encore des emplois; il blâme les ministres (après avoir envisagé d’en faire l’éloge) quand il n’espère plus rien; par le Socrate, il se défend des accusations de libertinage portées contre lui. Ses options idéologiques (vœux d’un pouvoir fort mais non tyrannique, de paix et d’unité nationale, respect de la religion établie et refus des controverses) correspondent à l’idéal de juste milieu de l’« honnête homme ». Pourtant, ces ouvrages n’eurent guère de succès : cela tient en partie à ce que le rétablissement de l’autorité monarchique ôtait à l’éloquence politique la possibilité d’une efficience immédiate.

 

A l’inverse, l’essor de la vie de société favorisait l’éloquence mondaine : c’est dans ce domaine que Balzac accède à la gloire, dès la publication de ses Lettres (1624). Ce genre était encore neuf en France. Balzac y apporte l'alliance de l’authenticité et d’une forme élaborée : ses lettres sont de vraies missives, mais en les rédigeant, il songe déjà à la publication; aussi le dialogue avec le destinataire s’y efface au profit de l’exercice oratoire. Actualité mondaine, littéraire, politique, descriptions de Rome ou de l’Angoumois, éloge de la vie retirée et confidences personnelles; la thématique en est d'ordre familier : un épicurisme modéré, fait de réflexion sur soi et d’un regard critique sur toute chose (il a médité Montaigne), perce souvent au milieu des formules conventionnelles imposées par le genre et l’époque. Balzac se place dans la lignée du plus illustre des épisto-liers : aux lettres familières de Cicéron, il emprunte un ton, des thèmes, le goût des périodes bien construites. Le purisme, le souci de la clarté et la recherche de l’harmonie de la phrase caractérisent son style. Le public cultivé trouvait là un art épistolaire en accord avec l’idéal de l’honnêteté qui s’élaborait alors. Balzac puisera dans la même veine d’autres recueils de Lettres, ses Œuvres diverses (1644), ses Entretiens (1658). Il faisait figure d’autorité dans le domaine de la prose à la fois familière et soutenue, et son influence sur la formation du goût classique fut considérable.

 

Sa verve polémique eut l’occasion de s’exercer aussi, dans diverses querelles littéraires. A ses débuts, Goulu (général de l’ordre des Feuillants) l’accusa d’impiété, de narcissisme, ainsi que de pillage des Anciens. A bien des égards, toute l'œuvre de Balzac est un plaidoyer sur ces divers points. Vis-à-vis des Anciens, il refuse le pédantisme et l’imitation servile. Il combat aussi toute éloquence artificielle, toutes les « fleurs de rhétorique », au nom de la clarté, de l’ordre, de la bienséance. 

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« tard, lors de la publication des Lettres de Voiture, les admirateurs de celui-ci placeront son style enjoué et libre au-dessus de la prose soutenue de Balzac [sur cette polé­ mique, voir COSTAR).

Il y a là l'indice d'une évolution du goût.

Bien qu'il ait été, dès son vivant, considéré comme l'équivalent pour la prose de ce qu'était Mal­ herbe pour la poésie, le succès et l'influence de Balzac déclinèrent sensiblement après sa mort, alors que se manifestait une génération nouvelle dont il avait pourtant largement contribué à façonner le goût.

[Voir aussi CoR­ RESPONDANCE].. »

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