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BARRÉS Maurice : sa vie et son oeuvre

Publié le 16/11/2018

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BARRÉS
BARRèS Maurice (1862-1923). Comment imaginer aujourd’hui ce que Barrès représenta pour ses contemporains? Adoré ou critiqué, il fut pendant près de trente ans de ceux qui tenaient le devant de la scène littéraire, et dont chaque livre faisait figure d’événement. Mais de sa personnalité complexe, de son évolution — si controversée —, de l’influence qu’il eut sur toute une génération, tant par son style de vie que par son style d’écriture, ne reste bien souvent qu’une image simpliste ou partiale. Peut-être souffre-t-il d’avoir été, en apparence du moins, trop bien accordé à son temps...
Une vie
Pour le jeune Barrès, né à Charmes dans les Vosges, où il passe son enfance, puis pensionnaire à Nancy, la Lorraine n’a pas encore valeur mythique : après les années d’internat, que ce petit garçon trop sensible supporte difficilement, mais dont il gardera longtemps le souvenir, après les premiers engouements littéraires de l’adolescence Baudelaire, Gautier, Flaubert), partagés avec son ami Stanislas de Guaita, et les premières contestations intellectuelles face à son professeur de philosophie, Auguste Burdeau, c’est Paris qui l’attire... Paris où, sous prétexte de terminer ses études de droit, il arrive à vingt ans, impatient d’admirer et de réussir.
Là, cet étudiant ambitieux et désenchanté, qui fréquente le cénacle de Leconte de Lisle, les milieux symbolistes, Moréas et ses amis, va tenter d’exprimer le malaise d’une fin de siècle avec laquelle il se sent en harmonie. Déjà son éphémère revue les Taches d'encre (quatre numéros, 1884-1885), dont il est l’unique rédacteur, présente une étude sur le « nihilisme contemporain »; mais elle révèle aussi une plume impertinente, dont Barrés se servira bientôt à l’encontre de ses maîtres préférés : Taine et surtout Renan. Puis vient le temps du succès : à la publication de Sous l'œil des Barbares ( 1888), chaleureusement soutenue par un article de Bourget, succède, l'année suivante, une double réussite littéraire — Un homme libre — et politique : le voilà, à vingt-sept ans, député boulangiste de Nancy. N’est-il pas alors un vrai « prince de la jeunesse », ce Barrés désinvolte et prodigieusement actif, qui achève sa trilogie du Culte du moi avec le Jardin de Bérénice (1891), exacerbe son individualisme dans l'Ennemi des lois (1893), siège à la Chambre sur les bancs de l’extrême gauche et poursuit ses voyages entre l’Italie et l’Espagne — qui lui inspireront un nouveau recueil, Du sang, de la volupté et de la mort (1894)? La gloire? Certes, mais après laquelle tout aura un peu goût d’amertume...
De successifs échecs électoraux ne le détournent pas pour autant de la politique : ayant consacré son unique pièce de théâtre (Une journée parlementaire, 1894) à la critique des mœurs politiques, il préside aux destinées d’un nouveau journal à l’éventail politique encore très ouvert, la Cocarde (1894). Mais, de plus en plus traditionaliste, il prétend s’enraciner dans sa province, prend violemment parti contre Dreyfus et devient, avec la publication des trois tomes du Roman de l'énergie nationale (1897-1902) — les Déracinés, l'Appel au soldat, Leurs Figures —, un des maîtres à penser du nationalisme...
Écrivain engagé, défenseur des « bastions de l’Est » — Au service de l'Allemagne (1905), Colette Baudoche (1909) —, Barrés n'en poursuit pas moins, en une sorte de dédoublement, la recherche de ses harmonies personnelles : Amori et dolori sacrum (1903), le Voyage de Sparte (1906), Greco ou le Secret de Tolède (1911) et la Colline inspirée (1913). C’est alors qu’il s’éprend d'Anna de Noailles et, rêvant toujours de voyages, s’embarque pour l’Égypte, puis pour l’Orient, qui l’attire depuis si longtemps. Mais la guerre venue simplifiera tout, faisant de Barrés un écrivain au drapeau, exclusivement et volontairement asservi à défendre — par la plume — la cause nationale.
Le personnage, pourtant, ne peut totalement masquer la personne : chez cet homme de lettres prestigieux, académicien et député depuis 1906, demeure une exigence de liberté qui, à travers le romanesque Jardin sur l'Oronte (1922), scandalisera certains lecteurs bien-pensants; et c’est encore à l’Orient qu’il consacrera son dernier livre — Une enquête aux pays du Levant (1923) —, avant qu’une mort brutale ne l’empêche de rédiger ses Mémoires et les nombreux récits qu'il projetait encore.
 
Une vie multiple, apparemment comblée, mais sourdement tendue entre des aspirations contradictoires — où l’écriture ne semble qu’un possible parmi d’autres...
Contrastes et unité de l'œuvre
Statut paradoxal que celui de l’œuvre de Barrés : il y a un style barrésien, des pages barrésiennes, mais il est difficile de trouver un livre qui soit parfaitement barrésien... Comme si, dans une production abondante — sans doute encombrée par des écrits de circonstance —, cette écriture ne pouvait atteindre sa perfection dans les limites d’un texte, mais seulement se développer selon un rythme contrasté d’un texte à l’autre.
La vérité de l’œuvre, il faudrait la rechercher dans un continuel va-et-vient, entre un morceau d’ironie et une méditation lyrique, un pamphlet politique et un essai sur l’art. Quand bien même une évolution se dessine — de l’égotisme au nationalisme, de la révolte au repli sur soi, du nihilisme au mysticisme —, elle n’est jamais caricaturale ni toujours définitive, car, tout au long des grands ensembles du Culte du moi, du Roman de l'énergie nationale et des Bastions de l'Est, court une série de textes qui n’ont pas de prétentions idéologiques, — et parfois même les démentent.
Mais ces contrastes par lesquels s’organise l’œuvre ne relèvent pas de la seule complexité d’un créateur, peu soucieux de rejeter une ambivalence fondamentale; sans doute indiquent-ils aussi les hésitations de l’écrivain. Sensible à la crise du roman qui sévit dans l’entre-deux siècles, adversaire du naturalisme, Barrés caressa le rêve d’un livre qui « aurait sa forme à lui », et il l’essaya dans ses premiers « romans idéologiques », romans qui n’en sont pas vraiment et qui tiennent tout à la fois de l’essai, du poème en prose et de l’autobiographie déguisée. Romancier, il le deviendra pourtant, mais avec effort, et tout en continuant à écrire plus librement nouvelles, évocations de voyages, conte poétique : écartèlement pleinement conscient entre les œuvres volontaires et celles qui satisfont son « goût de l’harmonie sans pensée » — mais non sans intelligence... Car n’est-il pas avant tout styliste admirable et, comme le dit Mauriac, « témoin-musicien plus que romancier »?
De ces incertitudes témoignent les ébauches répétées, les rêveries sur des personnages qu’il parvient difficilement à faire accéder au statut de la fiction, tant c’est à lui-même et aux résonances de ses rêves qu’il s’attache : «J’écris en poète, en mystique, je me raconte toujours... » Le va-et-vient entre les tons, entre les genres se fonde sur la présence d’un moi multiple. Et si les avatars romanesques de ce moi ne manquent pas — le Jc/Il, bientôt prénommé Philippe, du Culte du moi, André Maltère de /’Ennemi des lois, François Sturel des Déracinés, ou même, à demi rêvé, Guillaume, du Jardin sur l'Oronte —, Barrés n’a pu mener à bien ses propres Mémoires : aurait-il trouvé ainsi, dans un texte sans idéologie ni contrainte extérieure, l’unité de son être et de son œuvre?
Ce sont donc tous ses livres qui constituent un vaste espace autobiographique, aux facettes contradictoires, et renvoient à celui qui les a réalisés sans s’y réaliser vraiment : « Qu’est-ce que mon œuvre? Ma personne toute vive, emprisonnée. La cage en fer d’une des bêtes du Jardin des Plantes ».
Exister
Le nihilisme désenchanté qu’il partage avec toute sa génération et l’angoisse personnelle qu’il éprouve face à l’existence conduisent Barrés à sa première affirmation : la prise de conscience de soi en un acte volontaire. Sous des dehors désinvoltes, passe le rêve d’un moi démiurge, libéré de toute influence extérieure, devenant l’objet d’un culte et l’aboutissement d’un continu perfectionnement intime. « Sentir le plus possible en analysant le plus possible » : l’homme libre, à travers la recherche pathétique ou ironique de guides et de méthodes souvent pastichées des mystiques, n’ambitionne-t-il pas de concilier ainsi rationalisme et romantisme, en composant l’unité de son être avec la multiplicité de ses expériences?
Et quand, dans cet univers solipsiste et morcelé, se fait sentir la nostalgie d’une permanence et d’une harmonie, c’est encore au fond du moi que le personnage barré-sien croit découvrir les trésors de l’inconscient, par l’ouverture aux masses, aux vastes paysages et aux « petites secousses » de l’univers. C’est qu’ici l’influence de Hartmann interfère avec celles de Fichte, de Hegel, de Schopenhauer — avec celle aussi de Renan.
Car l’individualisme barrésien mêle à son égotisme un dilettantisme hérité de Renan — cette leçon de scepticisme et de curiosité intellectuelle — et une recherche ambiguë de l’énergie, qui peut mener à l’attente du Maître — « Axiome, religion ou prince des hommes » —, au culte du héros (Napoléon) ou à la révolte anarchisante de VEnnemi des lois, qui rejette les traditions et récuse l’intelligence pour ne se fier qu’à l’instinct : « Je m’accuse de désirer le libre essor de toutes mes facultés et de donner son sens complet au mot exister ».
Désir d’autant plus intense qu’il apparaît sur fond d’ennui fiévreux, et dans la hantise de la mort. L’élan partout recherché, dans le goût des émotions fortes, le voyage ou l’engagement, n’est peut-être qu’une image de la fuite : « Ma vie ne fut jamais une course vers quelque chose, mais une fuite vers ailleurs ». Ce tragique pourtant ne fait qu’affleurer; mis à distance par l’ironie dans la phrase, il l’est par le dandysme dans la vie : le personnage barrésien, qui se veut à la fois « fanatique et dilettante », capable de concilier le besoin de l’action et le détachement de l’analyse, se fera fort de conjurer le vertige par toutes les « gymnastiques » que lui offre la vie sociale.
Un écrivain engagé?
La politique en est un exemple : « Je lui dois la vie », reconnaît Barrés. Est-ce aspiration à la gloire ou secrète fascination pour un domaine d’échec? Goût de l’action ou attrait du spectacle — en ces jeux du cirque qu’évoque le cruel polémiste de Leurs figures, en ces séances de la Chambre, dont ne peut se passer notre antiparlementaire? Est-ce encore dilettantisme — « Peu m’importe le fond des doctrines, c’est l’élan que je goûte » — ou, plus profondément, recherche d’une discipline?
Boulangiste de gauche, Barrés s’est bientôt tourné vers un socialisme national, curieux mélange de fédéralisme, de socialisme proudhonien, de protectionnisme et de déterminisme tainien. Puis, érigeant en termes de doctrine le retour du moi à la terre et aux morts, le voilà devenu nationaliste : un nationalisme qui emprunte à Taine, à Jules Soury, à Michelet, et dont l’affaire Dreyfus montrera qu’il n’est exempt ni de xénophobie ni d’antisémitisme [voir Affaire dreyfus]. Mais le sectarisme n’est pas dans la nature de Barrés, et sa passion politique ne l’occupe pas tout entier : si le Roman de l'énergie nationale est un roman à thèse — mais aussi un constat d’échec du nationalisme —, s’il se croit obligé de sacrifier au culte des provinces perdues, dans ces textes de propagande que sont Au service de l'Allemagne et Colette Baudoche, et si les années de guerre le voient renoncer à toute expression personnelle au profit de sa tâche d’excitateur patriotique, combien de ses livres échappent heureusement à ces nécessités idéologiques!
Mais en un temps où les réalités politiques apparaissaient particulièrement médiocres, il n’était guère heureux d’en nourrir une partie de son œuvre et de donner à la littérature un autre but qu’elle-même... Barrés y trouva-t-il l’équilibre, ou se laissa-t-il prendre au piège d’une cause et d’un rôle dont il sentait les limites?
Evolution et ambivalence
De l’égotisme au nationalisme, l’évolution relève plus de l’affectivité que du raisonnement : cet approfondissement — ou ce rétrécissement — du moi aux dimensions

« écriture ne pouvait atteindre sa perfection dans les limi­ tes d'un texte, mais seulement se développer selon un rythme contrasté d'un texte à l'autre.

La vérité de l'œuvre, il faudrait la rechercher dans un continuel va-et-vient, entre un morceau d'ironie et une méditation lyrique, un pamphlet politique et un essai sur l'art.

Quand bien même une évolution se dessine -de l'égotisme au nationalisme, de la révolte au repli sur soi, du nihilisme au mysticisme -, elle n'est jamais caricaturale ni toujours définitive, car, tout au long des grands ensembles du Culte du moi, du Roman de l'éner­ gie nationale et des Bastions de l'Est, court une série de textes qui n'ont pas de prétentions idéologiques, -et parfois même les démentent.

Mais ces contrastes par lesquels s'organise l'œuvre ne relèvent pas de la seule complexité d'un créateur, peu soucieux de rejeter une ambivalence fondamentale; sans doute indiquent-ils aussi les hésitations de l'écrivain.

Sensible à la crise du roman qui sévit dans l'entre-deux siècles, adversaire du naturalisme, Barrès caressa le rêve d'un livre qui «aurait sa forme à lui », et il l'essaya dans ses premiers «romans idéologiques», romans qui n'en sont pas vraiment et qui tiennent tout à la fois de l'essai, du poème en prose et de l'autobiographie déguisée.

Romancier, il le deviendra pourtant, mais avec effort, et tout en continuant à écrire plus librement nouvelles, évocations de voyages, conte poétique : écartèlement pleinement conscient entre les œuvres volontaires et cel­ les qui satisfont son « go fit de l'harmonie sans pensée » - mais non sans intelligence ...

Car n'est-il pas avant tout styliste admirable et, comme le dit Mauriac, « témoin-musicien plus que romancier >>? De ces incertitudes témoignent les ébauches répétées, les rêveries sur des personnages qu'il parvient difficile­ ment à faire accéder au statut de la fiction, tant c'est à lui-même et aux résonances de ses rêves qu'il s'attache : «J'écris en poète, en mystique, je me raconte tou­ jours ...

» Le va-et-vient entre les tons, entre les genres se fonde sur la présence d'un moi multiple.

Et si les avatars romanesques de ce moi ne manquent pas - le Je/11, bientôt prénommé Philippe, du Culte du moi, André Maltère de l'Ennemi des lois, François Sture! des Déra­ cinés, ou même, à demi rêvé, Guillaume, du Jardin sur l'Oronte -, Barrès n'a pu mener à bien ses propres Mémoires : aurait-il trouvé ainsi, dans un texte sans idéologie ni contrainte extérieure, l'unité de son être et de son œuvre? Ce sont donc tous ses livres qui constituent un vaste espace autobiographique, aux facettes contradictoires, et renvoient à celui qui les a réalisés sans s'y réaliser vrai­ ment : «Qu'est-ce que mon œuvre? Ma personne toute vive, emprisonnée.

La cage en fer d'une des bêtes du Jardin des Plantes ».

Exister Le nihilisme désenchanté qu'il partage avec toute sa génération et l'angoisse personnelle qu'il éprouve face à l'existence conduisent Barrès à sa première affirmation : la prise de conscience de soi en un acte volontaire.

Sous des dehors désinvoltes, passe le rêve d'un moi démiurge, libéré de toute influence extérieure, devenant l'objet d'un cuhe et l'aboutissement d'un continu perfectionne­ ment intime.

«Sentir le plus possible en analysant le plus possible» : l'homme libre, à travers la recherche pathétique ou ironique de guides et de méthodes souvent pastichées des mystiques, n'ambitionne-t-il pas de conci­ lier ainsi rationalisme et romantisme, en composant l'unité de son être avec la multiplicité de ses expériences? Et quand, dans cet univers solipsiste et morcelé, se fait sentir la nostalgie d'une permanence et d'une harmo- nie, c'est encore au fond du moi que le personnage barré­ sien croit découvrir les trésors de 1 'inconscient, par l'ouverture aux masses, aux vastes paysages et aux «petites secousses>> de l'univers.

C'est qu'ici l'in­ fluence de Hartmann interfère avec celles de Fichte, de Hegel, de Scho pen hauer -avec celle aussi de Renan.

Car l'individualisme barrésien mêle à son égotisme un dilettantisme hérité de Renan -cette leçon de scepti­ cisme et de curiosité intellectuelle -et une recherche ambiguë de l'énergie, qui peut mener à 1 'attente du Maî­ tre-« Axiome, religion ou prince des hommes »-, au culte du héros (Napoléon) ou à la révolte anarchisante de l'Ennemi des lois, qui rejette les traditions et récuse l'intelligence pour ne se fier qu'à l'instinct :« Je m'ac­ cuse de désirer le libre essor de toutes mes facultés et de donner son sens complet au mot exister».

Désir d'autant plus intense qu'il apparaî't sur fond d'ennui fiévreux, et dans la hantise de la mort.

L'élan partout recherché, dans le goOt des émotions fortes, le voyage ou l'engagement, n'est peut-être qu'une image de la fuite : «Ma vie ne fut jamais une course vers quelque chose, mais une fuite vers ailleurs >>.

Ce tragique pourtant ne fait qu'affleurer; mis à distance par l'ironie dans la phrase, il l'est par le dandysme dans la vie : le personnage barrésien, qui se veut à la fois «fanatique et dilettante>> , capable de concilier le besoin de l'action et le détachement de l'analyse, se fera fort de conjurer le vertige par toutes les « gymnastiques>> que lui offre la vie sociale.

Un écrivain engagé? La politique en est un exemple : - ou, plus profondément, recherche d'une discipline? Boulangiste de gauche, Barrès s'est bientôt tourné vers un socialisme national, curieux mélange de fédéra­ lisme, de socialisme proudhonien, de protectionnisme et de déterminisme tainien.

Puis, érigeant en termes de doctrine le retour du moi à la terre et aux morts, le voilà devenu nationaliste : un nationalisme qui emprunte à Taine, à Jules Soury, à Michelet, et dont l'affaire Drey­ fus montrera qu'il n'est exempt ni de xénophobie ni d'antisémitisme [voir AFFAIRE DREYFUS].

Mais le secta­ risme n'est pas dans la nature de Barrès, et sa passion politique ne l'occupe pas tout entier : si le Roman de l'énergie nationale est un roman à thèse -mais aussi un constat d'échec du nationalisme -, s'il se croit obligé de sacrifier au culte des provinces perdues, dans ces textes de propagande que sont Au service de l'Allemagne et Colette Baudoche, et si les années de guerre le voient renoncer à toute expression personnelle au profit de sa tâche d'excitateur patriotique, combien de ses livres échappent heureusement à ces nécessités idéologiques! Mais en un temps où les réalités politiques apparais­ saient particulièrement médiocres, il n'était guère heu­ reux d'en nourrir une partie de son œuvre et de donner à la littérature un autre but qu'eUe-même ...

Barrès y trouva-t-il l'équilibre, ou se laissa-t-il prendre au piège d'une cause et d'un rôle dont il sentait les limites? Évolution et ambivalence De l'égotisme au nationalisme, l'évolution relève plus de l'affectivité que du raisonnement : cet approfondisse­ ment -ou ce rétrécissement -du moi aux dimensions. »

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