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BECQUE (Henry)

Publié le 16/02/2019

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BECQUE (Henry), auteur dramatique français (Paris 1837-id. 1899). Du demi-échec d'un vaudeville consciencieux (l'Enfant prodigue, 1868) au succès d'une comédie boulevardière {la Parisienne, 1885), la carrière d'Henry Becque n'est que l'histoire de ses compromissions calculées avec les directeurs de théâtre et le public pour faire jouer les pièces qui lui tiennent à cœur. Après l'échec de son drame « socialiste » {Michel Pauper, 1870) représenté à ses frais, et qui le fait saluer par Barbey d'Aurevilly comme le champion de l'« école brutale », le fiasco de l'Enlè-vement (1871) le détourne de la scène pour le confiner « devant sa glace », où il voit vivre à travers lui les gestes et les discours de ses personnages : ainsi naissent les Corbeaux, chef-d'œuvre du théâtre réaliste, représentés en 1882, et préparés par deux comédies en un acte, la Navette (1878) et les Honnêtes Femmes (1880). Les violentes réactions du public, qui ne peut tolérer de voir la cruauté sourdre non des caractères, mais des mœurs bourgeoises elles-mêmes, condamnent Becque à la comédie « rosse » et l'empêchent d'achever sa satire politique les Polichinelles. Becque a laissé des poèmes {Sonnets mélancoliques, 1887), des essais critiques {Querelles littéraires, 1890) et autobiographiques {Souvenirs d'un auteur dramatique, 1895).

« Henry Becque 1837-1899 Vers la fin de sa vie, tout en s'efforçant de terminer les Polichinelles, Henry Becque essaya de justifier son œ uvre, de la situer dans l'Histoire, d'en montrer les causes et d'en apercevoir les conséquences.

Il divisait le XIXe siècle en trois périodes théâtrales.

La première, d' Hernani à la Dame aux camélias qu'il appelait la période d'imagination ; la deuxième, de la Dame aux camélias aux Corbeaux , qu'il qualifiait de période d'esprit ; et la troisième, à partir des Corbeaux “ qui ne fait que commencer et que nous verrons bientôt, quand la vieille critique parisienne aura disparu, en pleine production et en plein succès ”. A cette période qu'il ouvrait avec les Corbeaux, il accolait les noms de Vie et de Vérité. En révolte contre les auteurs à succès, de Dumas fils à Labiche, il précisait : “ Nos prédécesseurs étaient des moralistes et nous sommes des observateurs.

C'est nous qui avons raison car toute espèce d' œ uvre ne dure que par l'observation.

Nos prédécesseurs étaient obligés, pour amener leurs conclusions morales, de combiner un certain nombre de choses contraires à la vérité et qui nous déplaisaient.

” Et, en nous laissant cet axiome “ qu'il n'est de vrai théâtre que de bibliothèque ”, soulignant ainsi un souci d'écriture théâtrale inhabituel à son époque, Henry Becque nous expose en ces termes sa réforme : “ Nous avons presque supprimé l'action, supprimé les incidents.

Vous savez que, dans le théâtre ancien, il y avait un personnage qui vous faisait rire.

Nous l'avons supprimé.

Il y avait un personnage sympathique chargé d'attirer les larmes aux bords de la paupière et qui vous faisait dire en sortant : “ Ah ! quel brave homme ! ” Eh bien ! nous avons supprimé le personnage sympathique.

Il y avait dans toutes les pièces un mariage.

Nous avons supprimé le mariage.

” Ailleurs, il ajoute, parlant des auteurs de la “ Nouvelle École ” qui le désignent comme leur chef : “ Ils ne connaissent que le sujet, ils l'étendent et le circonscrivent à la fois.

Ils n'y font entrer aucune situation, aucun personnage arbitraire. Ils lé conduisent depuis le commencement jusqu'à la fin avec une rigueur et une logique impitoyables.

Ce qu'ils veulent, c'est arriver aussi strictement que possible à la représentation de la vie et de la vérité.

” Cet ascétisme, ce goût de la contrainte, fort sympathiques, soulignent peut-être, avant tout, certaines insuffisances chez notre auteur, mais ils expliquent aussi son importance historique, car en réaction contre le théâtre à la mode, et dans l'agitation du naturalisme, la “ Nouvelle École ” s'empara de ses déclarations sur l'Observation et la Vie au théâtre, et Becque devint une manière de chef de groupe.

A ce titre, il écrivait : “ Antoine a obtenu du gouvernement que la censure n'entrerait pas chez lui.

Il a cherché alors un nom à son entreprise et il l'appela “ le Théâtre libre.

” Eh bien ! je ne crains pas de le dire, c'est ce “ Théâtre libre ” que Dumas dans un moment d'irritation a qualifié de “ fumier littéraire ”, c'est ce “ Théâtre libre ” qui a sauvé l'Art dramatique en France.

” Becque a cru qu'il échappait à toutes les conventions parce qu'il aimait la Vérité, la Vie et l'Observation.

Mais comment échapper aux conventions théâtrales, puisque le Théâtre est fondamentalement une convention ? L'Art dramatique, au fil des générations, épuise des conventions, voilà tout et en invente de nouvelles.

Celles de Becque l'ont amené à un art triste, desséché et un esprit non paradoxal pourrait prétendre que rien n'est plus faux que l'intrigue des Corbeaux. Becque disait : “ Je répète constamment à mes confrères que nos. »

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