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Bernard MOITESSIER, Cap Horn à la Voile

Publié le 25/02/2011

Extrait du document

(L'auteur, après avoir perdu son bateau, dans un naufrage, est seul et sans ressources dans une île des Antilles...) ... J'ai expliqué tout cela à mon copain. Puis je lui ai parlé de la solution, la seule solution vraiment sûre qui me permettrait de regagner la France. Adolfo a d'abord changé de couleur. Puis, peu à peu, son attention s'est cristallisée. Enfin, ses yeux s'illuminent de joie, car il sent, pour la première fois sans doute depuis mon retour à Trinidad, que je suis enfin sauvé. Mon idée consiste à construire un bateau en papier journal tendu sur une armature de bois, légère mais solide. Cette solution n'est pas aussi folle qu'elle le paraît à première vue. En effet une partie des jonques d'Indochine sont construites en lamelles de bambou tressées comme un panier, que l'on enduit ensuite d'une mixture constituée par de la bouse de vache et de l'huile de bois mélangée à la résine. Ce véritable bordé1 parfaitement étanche mais un peu... flexible, reçoit alors une armature de bois assez rudimentaire. Nous en avons déjà discuté à propos d'un jeune gars sans un radis qui voulais naviguer dans le port de Durban. Il nous a pris pour des illuminés, c'était pourtant la seule solution. Quand on songe que Rommer a traversé l'Atlantique à bord d'un kayak, d'autres en doris2, d'autres à l'aviron, et que ce petit gars ne voulait même pas entendre parler d'un bateau en papier pour faire des ronds dans le port... Le manque d'imagination est vraiment une calamité! « Du calme, Bernard, chacun fait ce qu'il peut, et ce gars-là n'avait pas vraiment envie de naviguer. Il y a un monde entre «désirer« et «vouloir«. Bernard MOITESSIER, Cap Horn à la Voile. 1. «bordé« : coque du navire. 2. «doris« : barque à fond plat, employée jadis par les pêcheurs de morue de Terre-Neuve. sujets au choix 1) Imaginez que l'auteur ait construit son bateau, et racontez ce qui lui arrive. 2) «Cette solution n'est pas aussi folle qu'elle le paraît à première vue. « Vous raconterez une autre invention, réelle ou imaginaire, tout aussi «folle«. 3) «Il y a un monde entre «désirer« et «vouloir«. Comment comprenez-vous cette phrase? Qu'en pensez-vous ?

« saugrenues, on en produit quotidiennement lorsqu'on est enfant...

ou poète.

(Lisez par exemple quelques extraits dulivre de Raymond Roussel Impressions d'Afrique.)• Vous avez donc l'embarras du choix; du lance-pierres à deux vitesses jusqu'à la station orbitale, un peu folles,vraiment folles ou complètement démentes, toutes les inventions ont leur place ici; de préférence...

«n'inventezpas» votre exemple s'il est du domaine du réel, mais soyez imaginatif si vous choisissez la fiction. Sujet 3 • Ici nous touchons à la philosophie! Essayons d'être clair : Désirer quelque chose, c'est se fixer un but, un résultat, sans indiquer de quelle manière on se propose del'atteindre. Vouloir quelque chose, c'est être décidé à faire tout ce qu'il faudra, même si c'est difficile, pour obtenir la findésirée.

La psychologie classique distinguait dans l'acte volontaire quatre moments successifs : — la conception : si je faisais ceci?... — la délibération : vais-je le faire? — la décision : je le ferai. — l'exécution : je le fais et de telle manière... Une chose est de désirer aller en seconde...

une autre est de travailler dans ce sens.

La volonté est souvent ce quimanque à ceux qui désirent sans agir. • Sur ce thème votre expérience quotidienne vous offre sans doute de nombreux exemples de réflexion.

Exposez-lesde la manière la plus concrète possible.. »

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