BERNART DE VENTADORN : sa vie et son oeuvre
Publié le 18/11/2018
Extrait du document
BERNART DE VENTADORN (en français, BERNARD DE VENTADOUR) [xiie siècle]. Èbles II de Ventadorn avait, aux côtés de son suzerain et ami le duc d’Aquitaine Guilhem IX, inauguré la chanson d’amour en langue vulgaire. Cette révolution dans les mœurs et dans l’art avait eu le temps de se répandre dans la société féodale, quand un disciple d'Ebles, à Ventadour même, Bernart, se fit poète à son tour. Qui est ce troubadour qui suscita envie et admiration de son vivant, en qui les Modernes voient l’un des plus grands poètes de l’Europe médiévale? Une allusion de Pèire d’Auvergne, qui n’est peut-être qu'une médisance, fait de lui le fils d’un serviteur et d’une femme qui cuisait le pain au château. Son biographe Uc de Saint-Cire reprend le thème et s’en sert pour donner à cet homme de l'origine la plus humble une destinée des plus illustres, par la grâce de la poésie, allant jusqu'à en faire le héros d'un amour partagé avec Aliénor (ou Eléonore) d’Aquitaine.
Il est difficile de distinguer le vrai du faux dans cette élaboration mythique, sauf qu'évidemment sous le nom d’Aliénor, il y a confusion entre la dédicataire du chant et l'amie chantée. Bernart de Ventadorn a, de toute façon, symbolisé la place que le génie poétique occupait dans la civilisation courtoise, équivalente du plus haut degré de la hiérarchie sociale.
«
finalement,
comme un chant, comme une structure
mélodique.
En reprenant ce triple schéma, on voit bien comment
Bernart se hausse au premier rang.
D'abord, il est un
incomparable musicien, un inventeur de belles mélodies
(nous en possédons vingt), encore qu'elles ne présentent
que peu de complexité.
Certaines, comme celle de la
chanson dite de l'Alouette, vont connaître une immense
célébrité, dont fait foi la tradition manuscrite.
Il est aussi un artiste des mots : le poncif se renouvelle
chez lui de trouvailles verbales, toutes évidentes d'appa
rence, qui y développent l'image ou y font rebondir
l'émotion.
Son texte est une sorte de mine poétique:
qu'il s'agisse de l'expression du sentiment ou de la pein
ture d'une nature déréalisée par le rêve, le désir, élevée
en beauté par la saison du cœur, il fournit les citations
des anthologies universelles.
Bernart place donc son originalité dans l'approfondis
sement d'une leçon reçue.
Il ne change rien à l'amour
courtois.
Mais il aime mieux que quiconque.
C'est dans
une vérité de l'émotion amoureuse que réside, selon lui,
le secret de son art.
Vérité qu'il ne faut pas prendre au
sens banal de la passion anecdotique pour telle ou telle
dame, mais dans un abandon sans réserve au sentiment
lui-même, à la fois volupté et douleur intérieures.
Cette ambiguïté, il la développe dans des chansons
qui font fi d'une cohérence psychologique et traversent
la mobilité d'états successifs en un balancement qui va
de l'espoir à l'accablement, du pôle de la mort au pôle
du joi (de l'exaltation animique).
C'est cette chronique
du vécu amoureux, devenue philosophie de l'existence
en même temps qu'art poétique, qui permet de reconnaî
tre Bemart de Yentadorn parmi tous ses confrères [voir
aussi TROUBADOURS).
BfBLIOGRAPHIE Carl Appel, Bemart von Ventadom : seine Lieder mit Einlei
tung und Glossar.
Halle, 1915; Moshé Lazar, Bernard de Venta
dour.
chansons d'amour, Paris, Klincksieck, 1966; Léon Billet,
Bernard de Ventadour, troubadour du XIF' siècle, Tulle, Orfeuil,
1974..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- BONNETAIN Paul : sa vie et son oeuvre
- ZÉVACO Michel : sa vie et son oeuvre
- WEYERGANS François : sa vie et son oeuvre
- VIE DE SAINT LOUIS de Jean, sire de Joinville (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)
- SAINTE-BEUVE (vie et oeuvre)