Bilan des notions sur l'ironie

« ont poussé dans le cœur de chaque irlandais. On parle parfois de l'ironie du sort.

Le destin peut regarder une personne avec un riresarcastique.

Chateaubriand dit « D'une amère et ironique distribution de la fortune ».

De mêmeGautier affirme « Quelle ironie sanglante qu'une cabane en face d'un palais » L'ironie est une arme redoutable Elle permet de contourner la censure car l'auteur feint de penser le contraire de son opinionréelle ou fait parler quelqu'un d'autre.

Molière, dans Dom Juan , écrit notamment « un homme qui prie le ciel tout le jour ne peut manquer d'être bien dans ses affaires ».

De même, Montesquieufait parler d'autres personnages avec Les Lettres Persanes, Usbeck et Rica, afin de critiquer lefanatisme, le despotisme et le mensonge.

Swift est horrifié par la misère de l'Irlande qui meurttout comme Voltaire l'est des exécutions du Chevalier de la Barre ou de l'amiral Byng mais ilschoisissent de ne pas le crier.

Beaumarchais proclame même : « Les vices, les abus, voilà ce quine change point mais se déguise en mille formes sous le masque des mœurs dominantes : leurarracher ce masque et les montrer à découvert, telle est la noble tâche de l'homme qui se voue authéâtre.

Soit qu'il moralise en en riant, soit qu'il pleure en moralisant, Héraclite ouDémocrite, il n'a pas d'autre devoir ; malheur à celui qui s'en écarte ». L'ironie fait sourire ou rire.

Et celle-ci met donc les rieurs de son côté.

Se montrer ironiqueau lieu d'attaquer ses ennemis de front renforce la violence de l'attaque.

Socrate son fond dansle décor pour mieux confondre son adversaire, fait comme s'il était conformiste pour mieuxsurprendre, être plus percutant.

L'ironie socratique permet de révéler point par point la vanitéou l'illogisme d'une proposition en ébranlant les postulats de son interlocuteur et en remettanten cause ses hypothèses initiales.

Dans Du Concept d'ironie constamment rapporté à Socrate , Kierkegaard parle de l'ironie comme un moyen d'éliminer les raisons et les justifications quifont de l'homme un hypocrite pour le mettre face à son existence et à ses choix.

Elle permet dedéfaire les systèmes mathématiques et scientifiques qui prétendent absorber la contingence de lavie particulière des individus. - Pascal, dans les Pensées , convainc son interlocuteur libertin à se tourner vers Dieu en posant les limites de la raison humaine (l'homme, face à la voûte céleste, n'est rien ni dans l'espace,ni dans la pensée).

Il juge la raison incapable de rendre compte de la complexité du Monde etconsidère le recours à Dieu dans l'ordre de la charité comme le seul moyen d'échapper àl'illusion et au désespoir. - Molière, dans Dom Juan , représente sa lutte contre les dévots de la Compagnie du Saint Sacrement.

C'est un mythe qui dit le désir profond de liberté de l'individu, borné par descontraintes multiples nécessaires à la vie en société.

Il fait une critique implicite de lareligion à travers le personnage athée de Dom Juan qui a tout de l'attitude du libertin du 17 e siècle et ose s'affranchir des idées traditionnelles qu'il conteste.

Il exprime même des moralesimmorales : la fidélité est la mort ; l'infidélité est la justice.

De plus il donne un louis d'ordans la scène du pauvre non pour l'amour de Dieu mais pour l'amour de l'humanité et lanceironiquement au pauvre « un homme qui prie le Ciel tout le jour ne peut manquer d'être bien dansses affaires ». - L'ironie est l'arme de Voltaire contre les diverses formes d'injustice qui affligent la sociétéde son temps.

Pangloss, dans l'Ingénu , énonce des fausses causalités telles « remarquez bien que les nez ont été faits pour porter des lunettes ; aussi avons-nous des lunettes » ou « la rade deLisbonne était faite pour que l'anabaptiste s'y noyât ». L'aspect parfois ambigu de l'ironie peut véhiculer des messages entre initiés.

Elle fait appel àl'intelligence du lecteur qui doit être suffisamment subtil pour décrypter l'énigme du texte.Selon Renan, « l'ironie est un acte de maître par lequel l'esprit humain établit sa supérioritésur le monde ». L'ironie est un voyage bénéfique qui mène vers le haut et qui ouvre contrairement au mensonge quitire vers le bas.

L'ironie est une forme de langage non littéral privilégiée pour les discourstransgressifs, désobéissants dans le sens où elle laisse à l'interlocuteur la responsabilitéd'interprétation. Elle permet de garder le contrôle de soi et donc d'être plus fort également.

« L'ironie nousdonne le moyen de n'être jamais désenchanté pour la bonne raison qu'elle se refuse àl'enchantement, elle devance toujours le désespoir », selon Jankélévitch.

C'est l'art d'effleurerqui permet d'être libéré des passions. - Dans Le Guépard , le mélodrame est tourné en dérision.

Quand Angelica se rend à Donna Fuguta en tant que fiancée de Tancredi, le père Pironne est séduit par sa beauté et croit voir toutes sesobjections fondre devant la chaleur de la grâce (avec un g minuscule).

Car, il ne faut pas s'y. »