blackbird
Publié le 06/12/2012
Extrait du document
«
Voilà où j’en suis, moi, Juliette Rousse, avec une photo de ma meilleure
amie dans mon tiroir à culotte… Voilà où j’en suis, je me sens trahie,
perdure, naïve, idiote, conne, comme si dans mon dos on m’avait planté un
couteau, mais le pire c’est que ce couteau vient de devant, l’endroit d’où on
ne s’y attendait vraiment pas.
De la personne de qui on ne s’y attendait pas.
Vous savez cette personne en
qui on a tellement confiance, cette personne pour qui on serait prête à
mettre sa main à couper pour défendre sa parole.
Oui cette personne là.
Celle qui d’un coup nous trahit.
Celle qui nous a en fait menti.
Alors veuillez
juste m’expliquer comment je fais ? Comment je fais pour me relever ?
Elle me manque.
Son rire me manque.
Ses conseils me manquent.
Nos
texto me manquent.
Nos conversations téléphoniques me manquent.
Le pire est je crois le doute.
De ne pas savoir ce qu’elle pense, ce qu’elle a
réellement fait.
Souvent, je vais dans les paramètres de mon téléphone.
Identification de l’appel.
Inconnu.
Je fais ensuite défiler les noms de mon
répertoire, et entre Maman et Marion Poret je la trouve Marine, son nom est
encore d’ailleurs suivi d’un cœur.
Est-ce que je dois l’enlever ? Non.
Oui en
fait.
Alors je modifie son nom, et la nomme maintenant simplement Marine,
banale.
Un inconnu parcourrai mon répertoire ne s’arrêterai même pas sur
ce nom, qui est maintenant, fondu au milieu des autres.
Appeler.
Appeler
Marine.
Bip Bip ça sonne.
Allô ? Allô ? Je raccroche.
J’ai entendu sa
voix ? Ca me suffit.
En français, seulement séparée par une cruche, blonde, aux yeux bleus, je
la regarde.
Elle me regarde, je le sens.
Je la regarde, elle me regarde, et ça
pendant des heures… Dès que mon portable sonne, j’espère que c’est elle,
non manque de chance, c’est Matthieu, je t’aime mon amour bonne nuit à
demain.
Je t’aime aussi, bonne nuit.
Heureusement qu’il est là lui…
Je m’endors.
Mon portable sous mon oreiller, histoire de ne pas rater un
appel.
J’y arrive pas à dormir… Je mets BlackBird, je sais qu’elle aime cette
chanson, plus que ça elle se voit en Blackbird… J’arrête avant la fin de la
chanson, sinon je vais pleurer, je n’ai pas encore pleuré.
Et je ne pleurerai
pas.
Je suis forte.
Le lendemain, journée de merde, debout 6h, douche, lavage de cheveux,
cours, contrôle, bonne note, histoire des art, bouffe, latin, topo sur le brevet,
rires, baisers et déception.
Arrivée à la maison, crevée, vraiment fatiguée, il me reste un exercice
d’espagnol je le fais sur mon lit, je m’applique… Je lève la tête et je vois sur
mon tableau aimanté une photo, de Marine et moi, en train de rire à en
pleurer.
Je suis tellement énervée, je prends la photo, tellement en colère,
j’en fais une boule, je l’écrase et la jette dans la poubelle.
Bien évidemment,
loupée.
Alors je me baisse, la ramasse et la remet dans la poubelle, je me
cogne la tête.
J’ai mal.
Je suis tellement fatiguée qu’à 21h15 après avoir lue deux nouvelles d’Anna
Gavalda, j’éteins, mon portable sous l’oreiller toujours.
Soudain mon portable
sonne, OOOOOO JUJUUUUU IL FAUT QUE TU REPOOONDES ALLEEEZ
PUCEETTE ! Rho mince, je n’ai toujours pas changé ma sonnerie, c’est
Marine qui l’avait enregistré et l’avait mise en sonnerie… Mon cœur se met
d’un coup à battre rapidement, et si c’était elle ? Allé je regarde… Et bais
non c’est Matthieu ; Trop fatiguée, il comprendra.
Je ne réponds pas.
Une fois dans mon lit, je réfléchis, à la vie, à l’avenir, au Brevet, à l’Histoire
des Arts, aux copains, et bien sur à elle… Mon portable sonne, encore une
fois, c’est un texto.
Encore Matthieu surement.
Non, non ce n’est pas lui,
c’est Marine (sans cœur maintenant), elle dit : tu me manques.
Elle aussi
elle me manque, mais là ce n’est pas comme dans tous les films, ce n’est
pas comme ça que tout va être réparé, elle m’a trahi… Alors je me lève,
prends la photo dans la poubelle, la défroisse, et pour la première je
m’autorisai à pleurer.
Ca fait du bien..
»
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