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BOREL (Pétrus)

Publié le 17/02/2019

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BOREL (Pétrus), dit le Lycanthrope, écrivain français (Lyon 1809 - Mostaga-nem, Algérie, 1859). Bien que considéré encore comme un « romantique mineur », l'auteur de Champavert n’en occupe pas moins une place essentielle dans la révolution littéraire qui ouvre le xixe s. : il est en effet l'un des rares à avoir vécu, jusque dans les excès de son écriture, une marginalité que d'autres se contentaient de thématiser.

 

Il se prénommait bien Pétrus, et sa famille — des petits commerçants fixés à Lyon — n'avait rien de la noble lignée des Borel d'Hauterive dauphinois à laquelle son frère André tenta de la rattacher. Douzième de quatorze enfants, Pétrus suivit les cours au Petit Séminaire de Paris : de là une solide

 

culture et un non moins solide dégoût de la vie en commun. À quinze ans, mis en apprentissage chez un parent architecte aux goûts très classiques, il est rebuté par « l'ignoble pastiche de l'architecture d'Athènes, glacée, nue, rabâcheuse » ; cinq ans plus tard, lorsqu'il met en pratique sa propre esthétique, il ne s'attire que procès et misère. C'est alors qu'il rencontre Devéria et pénètre les milieux de la jeunesse artistique qu'il fascine très vite à la manière de « l'œil convoiteux du serpent qui attire une proie » (Gautier). « Grand-prêtre » du Petit Cénacle, Pétrus est de tous les tapages romantiques ; bousingot conséquent, il fonde une tribu de Caraïbes pour inquiéter le bourgeois ; écrivain, il « jette sa bave » à la face de la société avec ses Rhapsodies (1832), fonde un périodique éphémère, la Liberté, journal des arts (1832-1833), où il engage une « guerre à mort contre l'institut et les Écoles », et lance son Champavert, contes immoraux (1833) : trois tentatives où s'affirment les convictions et le ton de Borel, trois échecs aussi qui le conduisent à isoler sa lycanthropie dans une « hutte de boue et de chaume » de la campagne champenoise. Isolement, non renoncement, car Pétrus va y poursuivre dans la « souffrance » sa mission d’écrivain, traduisant le Robinson Cru-soé de Defoe (1836) et peaufinant un long roman historico-gothique {Madame Puti-phar, 1839), dont Janin devait railler « la composition funeste, déplorable, insensée ». Courant toujours après le succès, Borel se voit contraint, pour subsister, de donner aux revues articles et récits (Jeanniquette, 1839 ; le Trésor de la Caverne d'Arcueil, 1843 ; Gottfried Wolfgang, 1843 ; Quelques mois chez les Amazoulous, 1846).

 

Après le nouvel échec des périodiques, qu’il tente une fois encore de lancer (le Satan, 1844 ; Revue pittoresque, 1845), il sollicite, sur les conseils de Gautier (« Tu as toujours aimé la vie sauvage et libre. Que dirais-tu d'un poste en Algérie ? »), une inspection dans la nouvelle colonie. En janvier 1846, il débarque à Alger; en juillet 1847, il est à Mostaga-nem « pour concourir aux études et à

« l'établissement du centre de population à créer dans les environs >>.

Il semble y trouver le bonheur dans la demeure qu'il s'est construite (Haute-Pensée) entre sa jeune épouse et son fils (qu'il déclare du nom de Borel d'Hauterive).

Mais il se heurte aux autorités qui lui reprochent son >, Pré­ face des Rhapsodies) ; mais révolte diffi­ cile à concilier avec une quelconque inscription dans l'ordre social et qui, de dénonciation en combat, ne peut qu'a­ boutir à l'isolement misanthropique : le dialogue du poète au bonnet phrygien avec son poignard tel que l'a gravé Bouchardy en frontispice du premier recueil pourrait bien être la seule communication souhaitée par le Lycan­ thrope ! D ès lors écrire devient la seule expression de cette révolte faro uch e et solitaire : ni mage ni savant, le poète selon Borel est cet être prométhéen, qui « doit/Ne chanter pour aucun et n'avoir rien sur terre/Qu'une cape trouée, un poignard et les cie ux ».

Même au crépus­ cule de sa vie, il reviendra fièrement sur l'indépendance de sa Muse.

Indépen ­ dance à l'égard des hommes, indépen­ dance à l'égard des formes l'écriture de Borel use de néologismes, d'archaïs- mes, d'une orthographe étymologique qui surprennent et arrêtent le lecteur autant que la typographie très travaillée ou l'excès des épigraphes.

Rien d'éton­ nant, dès lors, si l'arsenal romantique se trouve ici outré : aux > et aux sentiments lan guides , Borel oppose la fulgurance des pass ion s extrê­ mes -le rouge et le noir-, au discours sirupeux l'invective directe.

aux lieux reposants les décors sinistres.

Non que son inspiration soit fondamentalement différente de celle de ses contemporains : cimetières, cachots, étangs existent dans l'abondante produc tion des années 1820-30 ; mais chez lui tout se métamor­ phose par l'ironie d'un regard qui ose aller au-delà des limites du bienséant.. »

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