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BOSCO Henri : sa vie et son oeuvre

Publié le 17/11/2018

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BOSCO Henri (1888-1976). Né en Avignon, Henri Bosco, après une enfance campagnarde, fit des études de lettres. Agrégé d’italien, il enseignera en France et en Afrique du Nord — cf. son livre de souvenirs Sites et mirages (1951) —jusqu’en 1945, année où il obtiendra le prix Théophraste-Renaudot pour le Mas Théotime. Le prix des Ambassadeurs lui sera décerné en 1948 pour Malicroix. Les romans de Bosco sont hantés par le souvenir de son enfance et de sa terre natale : une Provence mystérieuse, lourde de significations secrètes.
 
Le mystère de la création
 
La nature est au centre de l’œuvre de Bosco. Les paysages de Provence, entre la Camargue et les Basses-Alpes, la transhumance des troupeaux, l'alternance des saisons, les caprices du climat, la pluie, le soleil et le vent lui inspirent de longues descriptions justement célèbres qui sont devenues des morceaux d’anthologie. Mais curieusement rien n’est moins matérialiste que cette fascination qu’il éprouve pour la nature. Celle-ci est toujours vue sous un angle métaphysique qui révèle une profondeur cachée, voire un pouvoir occulte, en tout cas un faisceau de correspondances avec une surnature spirituelle. C’est donc le symbolisme des quatre éléments, le temps cyclique des saisons, un bestiaire sacré, une géographie magique dont le centre est marqué par la demeure ancestrale, que met en scène le réalisme apparent de Bosco. La vie rurale, la description des activités liées au travail de la terre sont à peine évoquées, sauf lorsqu’elles revêtent une valeur mythique. Les personnages eux-mêmes sont plutôt des allégories, en tout cas des êtres hors du commun que leur aisance matérielle ou leur situation sociale met au-dessus des contraintes immédiates de la vie. Grâce à leur oisiveté, ils peuvent donc se consacrer soit à une quête intérieure, soit à la conquête du monde qui les entoure. Les bergers et autres nomades, dans la mesure où ils sont, par définition, conduits à un perpétuel dynamisme, occupent évidemment une place privilégiée parmi les personnages secondaires. L’œuvre de Bosco offre cependant l’originalité de pouvoir se lire aussi comme n’importe quelle narration figurative. Si la présence de forces occultes introduit le lecteur de Hyacinthe (1940) et surtout de l’Antiquaire (1954) dans un univers fantastique, les éléments « surréalistes » de T Ane Culotte (1937) ou de la série des Balesta (1955) sont suffisamment discrets pour apparaître comme de simples énigmes liées aux nécessités de l’intrigue, si bien que certains romans peuvent passer pour des contes réservés à la jeunesse au même titre que le Renard dans l'île (1967) ou /’Enfant et la Rivière (1960), par exemple.
 
Bien plus cependant qu’à évoquer un univers simplement étrange, Bosco se plaît à susciter le mystère même d’un monde tout imprégné d’animisme, la vie secrète des choses, le pouvoir magique de certains êtres. L’inquié
 
tude devant la nature se mue en une angoisse cosmique face à la sauvagerie des éléments, et plus particulièrement de l’air; le sortilège qui enchaîne le narrateur à sa demeure ancestrale est au centre de Malicroix; l’existence d’un don secret plus ou moins diabolique, sujet traité avec un humour parfois caustique dans Sabinus (1957), revient dans plusieurs autres romans; les animaux eux-mêmes ont une signification symbolique (qui peut s’interpréter conformément à diverses gnoses — on a parlé notamment de symbolisme rosicrucien) : il faudra l’intervention « [des enchantements mineurs] de la Syrinx magique » pour venir à bout de la force du serpent; le « génie du mal », dans l'Ane Culotte par exemple; le temps humain lui-même est en correspondance microcosmique avec le rythme des saisons et le rite des fêtes religieuses.
 
Sabinus. — Pierrelousse, petite bourgade du sud de la France, est divisée en deux clans. A l’un appartient Philo-mène Balesta, à l’autre Ameline, sa rivale malfaisante. L’équilibre relatif de cette situation est rompu par l’arrivée de Sabinus, vieux corsaire, qui s'installe bruyamment dans la propriété de Bruissanne, depuis longtemps désertée par la lignée des Balesta. Ses premières visites seront pour Méjemirande, le « prince » de la ville haute, et pour sa cousine, Philomène. L'ancien loup de mer et sa petite-fille, orpheline, s'illustrent par leurs scandales et marquent par là la force de leur caractère. Cependant Ameline découvre dans les papiers de Melchior les secrets du « don ». Elle se rend toutes les nuits dans la propriété de Sabinus, fait une action d'éclat en offrant à la source de Perlefontaine. au lieu d'une madone, la statue que Melchior avait faite d'Élo-die, son premier amour, contrarié.
 
Au cours d’une scène nocturne semi-fantastique, Christine, la petite-fille de Sabinus, surprend Ameline nue, dans l'eau de Perlefontaine, puis aux genoux de Sabinus. Cependant Philomène est cernée par le feu, avec ses troupeaux, dans les alpages. A partir de cet instant les événements se précipitent : le maire, M. de Sébisse, est frappé de paralysie, conséquence d'un sort que lui a jeté Ameline; un autre personnage disparaît de même. Christine manque se noyer en se jetant dans l’eau de Perlefontaine, qui exerce sur elle une irrésistible fascination. Puis elle est enlevée par Ameline. mais libérée par un personnage secondaire. Sabinus sauve Philomène des flammes. Le calme revient : une vraie Vierge est substituée à la statue d'Élodie; Ameline, qui aimait secrètement Sabinus, se suicide.
 
Un univers chargé de sens

« le sang et la sève».

Plus qu'à un naturisme ep1curien la philosophie de Bosco correspond donc à une ascèse mystique.

BIBLIOGRAPHIE Études.

-Jean Lamben.

Un voyageur des deux mondes, Paris , Gallimard.

1952; Michel Barbien.

Symbolisme de la maison dans l'œuvre d'Henri Bosco, Aix-en-Provence.

La Pensée universi­ taire, 1968: J.- P .

Gauvin.

Henri Bosco et la poétique du sacré, Klincksieck.

1974: G.

Raillard.

la Provence de Bosco, Édisu d, 1981; L'Art de Henri Bosco, colloque international de Nice, Corti, 1981.. »

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