BOUCHET Jean : sa vie et son oeuvre
Publié le 18/11/2018
Extrait du document
BOUCHET Jean, dit le Traverseur des Voyes Périlleuses (1476-1557?). Poète. Né dans une famille bien connue de Poitiers, Jean Bouchet a laissé une œuvre énorme. Encore se plaint-il, écrivant une heure tous les jours, d’avoir composé trop peu de pages... Tout influencé encore par les Grands Rhétoriqueurs, Bouchet leur survit fort longtemps, et il reste édité et lu pendant tout le siècle. Dix ans avant sa mort, Rabelais, qui lui fut reconnaissant de l’avoir initié dans sa jeunesse à la poésie, l’évoque sous les traits du « Traverseur des Voyes Périlleuses » : c’était le pseudonyme que Bouchet s’était choisi dès ses premières œuvres, vers 1500. Périls tout moraux, cependant, car sa vie fut paisible. Il fait, à Poitiers, des études de droit; en 1497-1498, il fréquente assez la cour de Charles VIII pour rappeler plus tard qu’il a été « courtisan ». Il semble qu’il rédige à Paris (1497-1504?) les Angoysses et Remedes d'amours, poèmes fort réussis de rhétorique amoureuse : l’amoureux et sa dame s’y plaignent en longues élégies, mais l’auteur et Pallas révèlent en rondeaux, ballades ou longs discours qu’amour humain n’est que folie et qu’il faut s’élever vers l’amour de Dieu.
«
sie,
l'évoque sous les traits du « Traverseur des V oyes
Périlleuses » : c'était le pseudonyme que Bouchet s'était
choisi dès ses premières œuvres, vers 1500.
Périls tout
moraux, cependant, car sa vie fut paisible.
Il fait, à Poi
tiers, des études de droit; en 1497-1498, il fréquente
assez la cour de Charles VIII pour rappeler plus tard
qu'il a été «courtisan».
Il semble qu'il rédige à Paris
(1497-1504?) les Angoysses et Remedes d'amours, poè
mes fort réussis de rhétorique amoureuse : 1' amoureux
et sa dame s'y plaignent en longues élégies, mais l'auteur
et Pallas révèlent en rondeaux, ballades ou longs dis
cours qu'amour humain n'est que folie et qu'il faut s'éle
ver vers l'amour de Dieu.
Cette même folie règne dans
les Regnars traversant les périlleuses voyes des folles
fiances du monde, paru aussi à Paris dans les mêmes
années, dans la lignée de la Nef des fous de Sébastien
Brandt : dans un grand paysage vide se succèdent les
r,enards, les chiens, les poules et les loups de tous les
Etats et de toutes les activités de la société humaine.
Publié malgré l'opposition de Bouchet, sous le nom de
Brandt, ce livre provoqua les premiers débats entre
auteurs et imprimeurs-libraires.
Mais Bouchet est déjà
rentré à Poitiers, où il devient procureur et se marie,
menant une vie de bourgeois aisé, qui ne connaît, en
dehors des redoutables épidémies de peste, que les soucis
du ménage.
Il ne quitte la ville que pour les cénacles littéraires et
savants de Fontaine-le-Comte et de Ligugé, où il rencon
tre les d'Estissac, ses amis rhétoriqueurs tel Jean d'Au
ton, le> qui l'inspirent, a été au service de la grande
famille poitevine des La Trémoille, dont Bouchet s'est
fait l'historiographe, lorsque ses chefs meurent à Mari
gnan et Pavie; pour eux, il édifie le Temple de bonne
renommée (1516) et le Panegyric du Chevallier sans
reproche (1527), architectures déploratives louant les
héros morts, ks vertus morales et chevaleresques, les
a rts et science:; qu'ils aimèrent.
Au moment où naît le
« patriotisme >> français, il s'intéresse aussi aux rois de
France et à sa province : les Annales d'Acquitaine, véri
table succès de librairie, sont une mine de renseigne
ments hi,storiques, qu'il ne cesse d'augmenter.
Ses Epftres morales et familières, rédigées surtout
entre 1524 et 1534, montrent encore, depuis le travail du
vers jusqu'au souci moral, tout ce que Bouchet doit à la
Grande Rhétorique; elles peuvent apparaître comme un
manuel versifié qui stigmatiserait tous les états de la
société et établirait une morale de l'état et de la famille
selon les principes évangéliques de« foi conj ointe à cha
rité », mais la monotonie du décasyllabe est continuelle
ment rompue par les remarques vives et touchantes, par
les échanges bien réels avec ses correspondants, et fina
lement par l'indulgence de cet homme paisible pour un
monde >.
Il est bien représentatif de ce courant, si profond au
xvie siècle, d'une littérature morale, chrétienne, satiri
que, austère et pourtant familière, dépourvue des fictions
de la mythologie, et installée dans la rigueur des formes
poétiques longues.
BTBLIOGRAPHIE
Seuls textes accessibles actuellement : Épîtres morales et
familières, réimpression en fac-similé, Mouton, 1969, avec une
introduction de J.
Beard; la Déploration de l'Église militante,
éd.
J.
Britnell, Genève, Droz, 1991.
A consulter.
-A.
Hamon, Un grand rhétoriqueur poitevin,
Jean Bouchet (1476-1557?), 1901, Genève, Slatkine Reprints,
1970, don ne l'essentiel de ce que l'on peut savoir de Bouchet et
fournit des fragments de textes, dont quelques-uns sont repris
par Paul Zumthor dans son Anthologie des grands rhétoriqueurs,
Paris, U.G.E., >, 1978 .
On trouve d'autres détails sur
Bouchet dans : Jean Plattard, l'Adolescence de Rabelais en Poi
tou, Pari s, 1923, p.
60-73; Paul Zurnthor, le Masque et la
Lumière, Paris, Le Seuil, 1978; J.
Beard-Britnell, Jean Bouchet,
à paraître..
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