Bourget idéologue
Publié le 06/04/2012
Extrait du document

Bourget a été l'un des premiers analystes de son temps : de 1880 à 1885, il en a dit l'inquiétude et la multiplicité. Né dans la bourgeoisie intellectuelle, Bourget a profondément admiré ses maîtres, ces «accoucheurs d'âmes«, et il a hérité de leur dogmatisme. S'il put si bien caractériser la décadence comme un phénomène de dédoublement, c'est que ce dédoublement existait en lui : le lyrisme de ses vers de jeunesse (par exemple Les Aveux, de 1882) est sans cesse ...

«
morale dès les Nouveaux Essais de 1885, dont le succès le
lance comme romancier.
Avec lui, l'intrigue s'intériorise; on
est quitte des descriptions un peu faciles des épigones de ce naturalisme auquel il n'a adhéré que bien peu de temps, vers
1878 : le «petit fait vrai» devient psychologique.
L'enquête
de
Jules Huret consacrera le succès de cette évolution
romanesque.
Durant cinq ans, de
Cruelle Enigme au Disciple, Bourget traduit sa dualité dans des romans où il mêle à des
descriptions voluptueuses une étude sévère des
inconséquences du cœur: Thérèse de Sauve croyante et adultère, le beau-père criminel et aimable d'André Cornélis,
ne sont que des types caractéristiques de cette maladie de la
volonté, diagnostiquée chez l'inconscient Armand de Crime d'Amour.
Parce que la maladie psychologique est
évidemment plus fréquente chez les oisifs, et aussi parce que
Bourget est attiré par eux, tout se déroule dans les milieux de
bourgeoisie et de noblesse où on les rencontre.
L'argent y est
devenu possession, au lieu d'être but du travail comme chez
Balzac (l'un des maîtres à écrire de Bourget) ; costumes et appartements ne sont que les éléments du dandysme et
l'expression d'une stabilité sociale: la complaisance avec
laquelle ils sont intégrés quiètement à la vision du monde
renseigne sur l'ambiguïté d'un Bourget qui, de plus en plus,
analyse les tourments modernes pour leur trouver des
remèdes conservateurs.
Le Disciple marque un moment capital de son évolution ;
ce fut aussi une étape pour ses contemporains.
Le roman se lit encore, on y sent un accent vrai, personnel.
Bourget s'y
délivre de son ancien
Moi qu'il aime encore.
Le petit
Clermontois, le précepteur amoureux qu'il fut à Trouville en
1872, se retrouvent en Greslou: il intéresse.
Mais les autres
personnages,
Sixte, Charlotte, le comte André, sont déjà
terriblement figés dans leur rôle.
Surtout, les dés sont pipés
dans
le jeu de la démonstration, car l'orgueil et la névrose de
Greslou sont les vraies causes de
sa conduite, non les théories
de Sixte, dont la demi-conversion est une solution bien facile
à
la crise du monde contemporain : solution de repli, de
régression.
Bourget assurait qu'il avait surtout voulu poser un
problème, mais
la solution en était incluse dans les données
mêmes, et c'est ce qui souleva le tollé de la Revue scientifique
et d'Anatole France, cependant que Brunetière renchérissait.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- ÉTAPE (L'). de Paul Bourget
- ESSAIS DE PSYCHOLOGIE CONTEMPORAINE Paul Bourget (résumé & analyse)
- DISCIPLE (le) de Paul Bourget
- DISCIPLE (Le) Paul Bourget (résumé & analyse)
- SIXTE Adrien. Personnage du roman de Paul Bourget le Disciple