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BRASILLACH Robert : sa vie et son oeuvre

Publié le 21/11/2018

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BRASILLACH Robert (1909-1945). Peut-on parler en toute neutralité de Brasillach écrivain? S’il passa sa vie à écrire, et dans tous les genres, Brasillach fut surtout un cas sociopolitique. Son exécution le 6 février 1945 au fort de Montrouge fut celle qu’il avait souhaitée (avec quel succès, hélas!) à tous ses ennemis : juifs, francs-maçons, communistes, partisans de la République; à Blum, par exemple : « Le petit matin frais où l’on conduira Blum à Vincennes sera un jour de fête dans les familles françaises » (Je suis partout, 24 mars 1939). Le 6 février 1945, l’extrême droite a gagné un « martyr ».
 
L'ascension littéraire d'un militant fasciste
 
Fils d’un officier tué en 1914, Brasillach grandit entre une sœur, une mère et un beau-père. Il entre à l’École normale supérieure en 1928. Dès 1931 (et jusqu’en 1939), il signe la « Causerie littéraire » hebdomadaire de F Action française; à partir de 1933, il assure régulièrement la chronique théâtrale de la Revue universelle et de 1933 (1934...). La victoire du Front populaire le précipite de la chronique littéraire à la diatribe politique. A dater de juin 1936, il collabore à Je suis partout (qui est très « pacifiste » vis-à-vis du IIIe Reich) et, dans divers ouvrages, vante le fascisme de nos voisins. C’est Léon Degrelle et l'avenir de « Rex » (1936), qui chante la « beauté originale » du chef fasciste belge; c’est le Siège de l'Alcazar (1936) puis l’Histoire de la guerre d'Espagne (1939, en collaboration avec Maurice Bardèchc, son beau-frère et compagnon de route) qui célèbrent cette guerre civile comme le « lieu de toutes les audaces, de toutes les grandeurs, et de toutes les espérances ». Pendant l’Occupation, Brasillach est à la proue de la collaboration intellectuelle, étant rédacteur en chef de Je suis partout depuis son retour d’un Oflag en 1941 jusqu’à septembre 1943 — il écrit ensuite dans Révolution nationale. Mémorialiste de soi-même, il décrit dans Notre avant-guerre (1941) ce chemin qui le mena de Maurras à l’émerveillement, en 1937, devant les fastes nazis de Nuremberg.
 
Les exercices littéraires d'un « brillant ulmien »
 
A côté de ses deux mille pages d’écrits engagés, Brasillach a laissé une œuvre critique presque aussi abondante, qui n’a pas d’autre méthode que la sympathie; ce sont les analyses fines du feuilleton littéraire de /’Action française, un Présence de Virgile « khâgneux » (1931), un Corneille héroïque (1938), des aperçus sur les mises en scène modernes (Animateurs de théâtre, 1936), une Histoire du cinéma qui resta longtemps un ouvrage de référence (1935, en collaboration avec Maurice Bardè-che). 


« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)Mémoire 1987 - On sait que Robert Brasillach, normalien, romancier, critique littéraire puis rédacteur en chef de Je suis partout, avait prôné, plus encore que la collaboration avec l'Allemagne hitlérienne, une véritable alliance pour assurer l'avenir de laFrance aux côtés d'une Allemagne victorieuse.

Alain Decaux, lors de son émission passionnée, mercredi sur Antenne 2, a bienexpliqué en quoi avait consisté le pari perdu de Brasillach.

Il s'était, en somme, trompé de vainqueur.

L'écrivain qu'il avait été, lejournaliste polémiste qu'il était devenu, le militant qu'il ne cesserait plus d'être seraient sanctionnés pour des mots.

Pour desphrases tracées au fil d'une plume sans doute alerte, et d'une actualité qui l'était moins.

En Brasillach, le 6 février 1945, au fort deMontrouge, on n'a pas fusillé un écrivain mais un journaliste militant.

D'un grand talent ? Mais justement. D'où viendrait que le talent excuserait tout ? Et qu'il aurait fallu pardonner les mots, les paroles, les écrits, quand on nepardonnait pas les actes des brutes qui suivaient à la lettre ces mots, ces paroles, ces écrits ? D'où viendrait qu'il aurait été plusgrave de tirer avec une mitraillette que d'encourager des faibles d'esprit à le faire ? Pour les gens dont la plume est le métier, lesmots sont des actes, les phrases des actions.

Le talent, alors, n'est qu'une circonstance aggravante.

Voilà pourquoi on pouvaitcondamner à mort Brasillach, les lois d'alors le permettant. Ce qui n'excuse pas son exécution : l'heure aurait dû venir, au contraire, de lui appliquer, par une magnanimité ironique, lesprincipes qu'il aurait refusés à d'autres.

Car la parole des vainqueurs de 1945 n'aurait pas dû être de la même conséquence que lasienne, s'il avait vaincu avec l'Allemagne, gagnant son pari fou. On hésite encore sur les raisons qui firent que de Gaulle, après avoir annoncé à Me Isorni qu'il gracierait Brasillach, son client, yrenonça trois jours plus tard.

Parce qu'on lui avait montré une photo au sujet de laquelle il se serait mépris, confondant les visagesde Brasillach et de Doriot, ce dernier seul arborant (avec quelle fierté !) un uniforme allemand ? Peu croyable, en tout cas trèsléger.

Pour donner des gages aux communistes ? Plus probable. " C'est un honneur d'être fusillé " Longtemps après, à Colombey, de Gaulle étant retiré des affaires (provisoirement...), on parle du cas de Rebatet, autre nazifrançais, qui vient d'être condamné à mort.

Le président Vincent Auriol va-t-il le gracier ? Un convive évoque le souvenir deBrasillach.

De Gaulle lâche : " Vous savez, Rebatet, ça n'est rien.

C'est un honneur d'être fusillé.

" Ainsi faisait-il écho à cequ'avait dit Brasillach lui-même à son procès.

Quand la sentence de mort fut annoncée, on avait entendu, dans la salle, ce cri :" C'est une honte ! " Brasillach avait répliqué : " Non, c'est un honneur.

" En somme, quand on écrit, il faudrait faire très attentioncar on peut avoir tort, perdre la raison, celle des autres, la guerre et la vie.

La manière de perdre rachète certains crimes. La fin de Brasillach fut digne et courageuse. BRUNO FRAPPAT Le Monde du 15 juin 1987 CD-ROM L'Histoire au jour le jour © 2002, coédition Le Monde, Emme et IDM - Tous droits réservés. »

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