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BRAULT Jacques : sa vie et son oeuvre

Publié le 21/11/2018

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BRAULT Jacques (né en 1933). Poète né à Montréal. Son œuvre prend sa source dans le souvenir d’une enfance assez pauvre : les trottoirs boueux du printemps où joue le garçon, la ruelle du premier amour pour la petite fille du voisin, le frère mort à la guerre, le père humilié par le chômage, la mère brisée par les corvées. Cette origine urbaine et populaire conférera à sa poésie son authenticité, son dépouillement. Brault s’est attaché à ce paysage urbain, à cette pauvreté de gens qui ont peut-être de quoi manger mais à qui on a volé les mots pour se penser, la langue pour se dire, la mémoire pour se reconnaître. L’aliénation socio-économique et culturelle d’un peuple bâillonné au sein de l’Amérique du Nord anglo-saxonne, cette aliénation se vit quotidiennement dans la dépossession de son passé comme de son présent, dans l’image du père battu qui ne se défend pas, comme

« au théâtre, dans celle du commis de bureau incapable de trouver les phrases convenables pour rédiger sa lettre de démission.

La « Suite fraternelle » (Mémoire, 1965 et 1968), poème le plus célèbre de Jacques Brault, commence par une longue transcription en images négatives de ce man­ que existentiel, de ce non-être collectif; puis opère un « retournement total » autour du geste absolu du frère mort durant la campagne de Sicile : c'est le geste qui dit non à l'asservissement, qui dit oui à un avenir à construire, le geste de l'homme qui se met debout et qui revendique son identité.

La «Suite fraternelle» est portée par un souffle lyrique remarquable par sa gran­ deur calme et déchirée, sa simplicité un peu rugueuse, la générosité qui l'anime.

Après Mémoire, ce souffle lyrique semble cassé.

Le quotidien est plus puissant que le lyrisme, le temps gri­ gnote les idéaux, le vide des jours emporte tout, même la passion.

Puis, face à la pauvreté de la vie, collective ou individuelle, la richesse du lyrisme apparaît un men­ songe ou du moins une illusion.

Pour demeurer en contact avec la réalité, la poésie ne doit pas masquer le non-sens sous des oripeaux de théâtre, mais dire ce non-sens, avec humilité, avec stoïcisme, avec dépouille­ ment.

La Poésie ce matin ( 1 971) puis /'En dessous 1 'ad­ mirable ( 1975) et Agonie.

Récit ( 1984) s'enfoncent dans un monde de grisaille et de désespérance.

L'avenir s'est obscurci, l'eau de la vie, symbole prépondérant dans l'œuvre de Brault, s'est figée, le matin est glacé par un hiver opaque.

Le poète peut seulement risquer quelques maigres mots qui décrivent ce quotidien, qui rappellent des images plus chaudes du passé.

Renonçant aux phra­ ses à la syntaxe élaborée, aux mots-outils, il ne trace sur la page que quelques signes entourés de néant.

Mais Jacques Brault poursuit sa marche dans la lumière de ce faux jour.

Sa route le rapproche du taoïs me: faire du vide du quotidien le chemin de la sagesse, suivre la voie du bas, celle de l'eau, de la fémi­ nité, du contact fécondant avec les choses.

Son détache­ ment n'est pas de l'impassibilité car sa poésie, sous des formes épurées proches de celles de l'Orient, vibre tou­ jours d'amour et de fraternité, car le silence vers lequel elle se dirige est bruissant de la vie à venir.

Un recueil de ses poèmes, Poèmes !, a été publié en 1986.

Poèmes des quatre côtés (1975) «non traduit» le silence et la solitude nordique de John Haines, les. »

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