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CALLIMAQUE

Publié le 18/04/2012

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Callimaque sut rester l'homme de son temps : il est ce qu'a produit de plus parfait l'époque alexandrine. L'alexandrinisme a pour trait essentiel une sorte d'horreur des extrêmes, une répugnance pour ce qui est trop long et trop fort dans l'expression ou pour tout ce qui est conventionnel. Fruit d'un dosage d'art et de vérité, interprété parfOis d'une façon trop étroite ou avec un goût trop timoré, tout chez Callimaque est mesure et maîtrise de soi...

« encore quelques années après lui, fut à sa mort enseveli dans le tombeau même de son maître et rival.

La seule œuvre de Callimaque que nous ayons conservée en entier est le recueil des Hymnes.

Six pièces célèbrent tour à tour Zeus, Apollon, Artémis, l'île sainte de Délos, le bain de Pallas, la procession du « calathos » en l'honneur de Déméter.

Par quel singulier hasard ces six pièces sont-elles parvenues jusqu'à nous? Quel collec­ tionneur eut un jour l'idée de constituer ce petit recueil d'hymnologie? Nous ne le saurons jamais.

Le texte en est recueilli dans des témoins tardifs et altérés, qui ne remontent qu'à la fin du moyen âge.

Les Hymnes de Callimaque ont particulièrement souffert des injures du temps.

De soi, l'hymne est une « histoire divine », ordinairement présentée dans un cadre religieux ou liturgique.

La mythologie de Callimaque est celle de l'empyrée homérique et de la tradition grecque.

Ce qui est neuf, c'est la manière de voir et de sentir.

Cédant à son génie personnel, Callimaque passe du récit épique au ton lyrique.

Le propre du récit lyrique est d'être tendancieux, subjectif, de chercher à imposer un sentiment.

Nous en accepterions volontiers la donnée, si nous ne sentions le poète gêné par les conventions métriques de l'hexamètre épique ou du distique élégiaque que lui imposent les habitudes du genre.

Que n'a-t-il pu écrire dans le vers libre de Pindare et de Bacchylide! De ce conflit entre l'épique et le lyrique, la poésie de Callimaque garde quelque chose qui ne nous donne pas entière satisfaction.

Callimaque pourtant n'a rien de solennel.

Il a suivi le goût de son temps, qui était facilement mesquin.

Qu'on ne parle pas ici de la froideur de la poésie officielle, du pseudo-classicisme alexandrin.

Le ton est naturellement familier, avec une pointe d'humour : Héraclès fait la leçon à Artémis, les nymphes sont quelque peu bourgeoises ct les cyclopes ont des allures de croquemitaines.

Quelle est dans tout cela la pensée religieuse intime du poète? Callimaque réagissait à la fois contre le syncrétisme, l'évhémérisme· et le mysticisme, trois formules, assez éloignées l'une de l'autre, où s'était réfugié le sentiment religieux de l'époque alexandrine.

Mais comment Callimaque pouvait-il à la fois élever et abaisser la divinité? C'est là un des secrets de sa psycho­ logie.

Le savant qu'était Callimaque, ce « chartiste >>, dirions-nous, regardait avec une ironie bienveillante les affaires des dieux, et le tableau qu'il en trace se charge de toute la sympathie possible pour les anciens âges et pour leur idéal.

On aurait bien étonné Callimaque si on lui avait prédit que ses Epigrammes seraient, deux millénaires plus tard, la partie la plm goûtée de son œuvre.

Non qu'il en ait négligé la facture.

Rien n'est plus soigné que ces petites pièces de circonstance où le poète exprime ses amours, bataille contre ses adversaires, rédige une épitaphe ou une inscription votive.

Il faudrait lire en grec l'épitaphe de Nicotélès pour en apprécier pleinement la sobriété, une phrase réduite à un distique : « Un enfant de douze ans, Nicotélès, son père, Philippe, l'a mis ici dans la tombe, tout son espoir.

» Au total, soixante-trois pièces, reste d'un recueil sans doute plus vaste, constituent aujourd'hui les Epigrammes de Callimaque.

Ces soixante-trois pièces, dont l'authenticité ne saurait être mise en doute que dans de très rares cas, nous révèlent un Callimaque nouveau.

Grâce, esprit, galan­ terie, voilà de quoi parachever le portrait de notre poète.

Ajoutons qu'on y lit sa profession de foi littéraire : «Je hais le poème cyclique.

Je ne veux pas des chemins où se traînent les pas de la foule.

J'ai horreur de l'amant qui s'offre à tous.

Je ne bois pas à la source commune ...

» Callimaque sut rester l'homme de son temps : il est ce qu'a produit de plus parfait l'époque alexandrine.

L'alexandrinisme a pour trait essentiel une sorte d'horreur des extrêmes, une répugnance pour ce qui est trop long et trop fort dans l'expression ou pour tout ce qui est conventionnel.

Fruit d'un dosage d'art et de vérité, interprété parfOis d'une façon trop étroite ou avec un goût trop timoré, tout chez Callimaque est mesure et maîtrise de soi.

A.

DAIN Secrétaire Général de l'Association Guillaume Budé Paris. »

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