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CAMUS (Albert), écrivain français

Publié le 19/02/2019

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camus

CAMUS (Albert), écrivain français (Mondovi, Algérie, 1913 Villeblevin 1960). Peu d'œuvres se sont imposées si vite et dans le monde entier à des hommes de cultures différentes : don nant en pleine guerre mondiale avec l'Étranger une expression esthétique au « mal du xxc siècle », Camus réussissait à être du même coup actuel et universel. Actuel, parce qu'il montrait la vie humaine marquée par le mal et la violence, sans qu'on puisse en discerner les raisons ou la finalité ; universel, parce qu'il s'exprimait en un roman ramassé, au langage simple et dépouillé (l'« écriture blanche » de R. Barthes), qui prit place tout de suite parmi les beaux exercices de style de la littérature. Camus reste aujourd'hui l'un des auteurs contemporains les plus lus et les plus commentés, en France comme à l'étranger. Mais le recul fait mieux mesurer la complexité d'un être de « malentendu » et d'une œuvre dont les thèmes et les images essentiels sont moins porteurs de vérités définitives que d'interrogations angoissées et éclairantes.

 

Une vie. Camus naquit en Algérie dans un milieu des plus modestes. Il est âgé de quelques mois lorsque son père meurt à la bataille de la Marne. L'enfant va grandir à Alger, entre sa mère, sa grand-mère et son frère aîné. Remarqué par son instituteur, il obtient une bourse qui lui permet d’accéder au lycée. À l'âge de dix-sept ans, il ressent les premières atteintes d'une tuberculose qui marquera désormais toute sa vie, lui interdisant de se présenter à l'agrégation, puis de s'engager dans l'armée. D'autre part, il connaîtra souvent des états anxieux ou dépressifs dont cette maladie sera largement responsable. À la fin de l'année 1930, alors que sa passion pour les livres s'est depuis longtemps déclarée, Camus fait la rencontre de Jean Grenier, son professeur de philosophie, qui deviendra vite un maître. Tout en écrivant ses premiers articles et ses premiers essais littéraires, le jeune homme poursuit ses études à la faculté d'Alger. Cependant, il éprouve un besoin d'action sociale qui le conduit à rallier le parti communiste, en 1934. Cette même année, il épouse Simone Hié, femme fascinante, instable et fantasque. Le mariage sera malheureux, et ne durera guère. Jusqu'à la fin, d'ailleurs, la vie sentimentale de Camus sera complexe et troublée, occasionnant des drames intérieurs dont les échos se feront entendre, très assourdis, dans ses livres. En 1935, il commence l'Envers et VEndroit, bref recueil d'essais méditatifs qu'on peut considérer comme le point de départ de son œuvre. 1936 est l'année de son diplôme d'études supérieures, qui traite des rapports entre hellénisme et christianisme (une des pierres de touche du futur Homme révolté). Parallèlement, Camus se passionne pour la scène et fonde le Théâtre du Travail, troupe dont il sera le metteur en scène et l'un des acteurs. L'année suivante, il quitte le parti communiste, mais son activité politique redouble : journaliste à Alger républicain, puis à Soir républicain, il y dénonce avec courage et constance les excès ou les injustices de la France coloniale. Cette époque féconde voit aussi la naissance de la Mort heureuse, roman qui demeurera inédit jusqu'en 1971. Puis ce seront les essais lyriques de Noces (1939), et la première version de Caligula. Quand éclate la guerre. Camus, pour raisons de santé, ne peut s'engager, mais décide de gagner la France métropolitaine. Il y épouse, en secondes noces, Francine Faure, une Oranaise, et termine la rédaction de l'Étranger. Lorsque l'ouvrage parait, en 1942, c'est le succès immédiat. Malraux et Sartre, parmi beaucoup d’autres, contribuent à attirer l'attention sur le jeune écrivain. L'année suivante, Camus se met à collaborer au journal clandestin Combat : à la Libération, ce journal sera l'un des plus importants de la presse française, et l’auteur de l'Étranger lui fournira des éditoriaux jusqu'en 1947. Entre-temps paraissent

 

le Mythe de Sisyphe (1942), les Lettres à un ami allemand, et l'on porte à la scène Caligula. Cette pièce, avec le Mythe et l'Étranger, fera de Camus le « penseur de l'absurde », tandis que la Peste, parue en 1947, fera de lui le prophète de la « révolte ». S'il donne encore deux œuvres théâtrales {l'État de siège, 1948 ; les Justes, 1949), Camus se consacre alors à un ouvrage de réflexion qui lui tient particulièrement à cœur, et dont l'élaboration ne va pas sans peine : l'Homme révolté. À sa parution (1951), il est l'objet de violentes attaques. Très éprouvé par le sentiment d'être incompris, prisonnier de son personnage, épuisé par des rechutes de tuberculose, secoué par des drames familiaux et sentimentaux, sans parler du drame algérien, Camus traverse une période de stérilité et de dépression. Jusqu'en 1956, année de la Chute, il se rabat sur des adaptations théâtrales ou revient au journalisme (il collabore quelque temps à l'Express). À Alger, en janvier 1956, il lance un vain et pathétique appel à la trêve civile. Le prix Nobel lui échoit en 1957, et cette distinction l’angoisse plus qu elle ne l'apaise. Cependant, il va trouver la force d'adapter pour le théâtre les Possédés de Dostoïevski, d'écrire des Réflexions sur la guillotine et d'entreprendre le grand roman d'apprentissage auquel il songe depuis plusieurs années : le Premier Homme. Le 4 janvier 1960, il meurt dans un accident d'automobile, à l'âge de quarante-sept ans, lui qui disait, en recevant le prix Nobel, que son œuvre était « encore en chantier ».

 

Une œuvre ouverte. Dans son hommage à Camus, Sartre écrivait : « Il faudra apprendre à voir cette œuvre mutilée comme une œuvre totale. » Gardons-nous cependant d'y voir une œuvre fermée, dont on décrirait involontairement les étapes comme celles d'une existence. Il est sans doute légitime de distinguer chez Camus trois moments fondamentaux : les « noces » avec le monde, la découverte de l'« absurde », le choix de la « révolte ». Mais il ne faut pas prendre ces moments pour l'équivalent d'une enfance, d'une jeunesse et d'une maturité spirituelles ; il ne faut pas y voir le chemin vers un équilibre, l'acquisition progressive d'une sagesse. Malheureusement, le Camus quadragénaire n'a pas pu se défaire d'une réputation de trop sereine maturité, de trop juste mesure. Sa mort brutale a comme scellé cette réputation, et donne des allures de conclusions à des pensées ou à des positions qui, dans l'esprit de leur auteur, demeuraient précaires et sujettes à révision. Aucune œuvre littéraire digne de ce nom ne prétend jamais conclure. Celle de Camus moins que toute autre. Malgré certaines ambiguïtés suscitées par un essai comme l'Homme révolté (et d'abord par le recours au genre littéraire de l'« essai »), la sagesse camusienne n'a rien de péremptoire ; elle dissimule

 

et dévoile aux yeux du lecteur attentif

 

une question toujours ouverte.

 

Mis à part des tentatives d'extrême jeunesse, on peut dire que l'œuvre de Camus commence avec l'Envers et l'Endroit (1937), suite de brefs essais dont l'auteur dira lui-même, beaucoup plus tard, qu'ils renferment « les deux ou trois images simples et grandes sur lesquelles le cœur, une première fois, s'est ouvert ». Un très jeune homme raconte son enfance algéroise, sa mère silencieuse et sa grand-mère tyrannique. Il médite sur la mort d'êtres démunis ou mal aimés. Il narre l’expérience de la solitude et de la détresse, lors d'un voyage à Prague ; mais il restitue aussi l'exaltation qui fut la sienne devant les paysages d'Italie ou dans un cabaret de Majorque. Sans qu'on puisse parler à propos de ce livre d'une thématique précise et consciemment développée, on y rencontre cependant déjà les images antagonistes de la lumière et de la mort, de la pauvreté et de la joie, de la solitude et de la communion. Et c'est l'univers de 1‘Envers et l'Endroit que Camus tentera de retrouver dans les esquisses du Premier Homme, ce roman que la mort l’empêcha de mener à bien. Cet univers, il le placera toute sa vie sous l'emblème de la « pauvreté » et de la « lumière » (ou encore de la « misère » et du « soleil »). La « pauvreté », c'est déjà le visage de l'« absurde », car elle met en contact avec la souffrance et la

 

mort, ainsi qu'avec l'« Histoire », c'est-à-dire les maux que des hommes infligent à d'autres hommes. Par la « lumière », Camus connaîtra, au sein même du dénouement, les « noces » : une sorte de bonheur instinctif, de communion avec la beauté d'un paysage, avec les éléments naturels. Ainsi, dès les débuts, l'œuvre de Camus laisse poindre au moins deux de ses trois grands thèmes fondamentaux. « Il n'y a pas d'amour de vivre sans désespoir de vivre », dit l Envers et l'Endroit. Quant au troisième de ces thèmes, il n'est pas absent non plus, car c'est une sourde « révolte » que le jeune Camus, au nom du soleil et de la joie, oppose déjà à la pauvreté, à la souffrance, à la dérélic-tion. La Mort heureuse, sa toute première tentative romanesque, demeurée inachevée, chante à son tour l'ivresse lumineuse des paysages algérois, et l'exaltation d'un être à la fois éperdu de vivre et menacé dans son corps par la maladie et la mort, comme l'était le jeune Camus. Les « noces » avec le monde sont donc vécues sur fond de néant, avec un lyrisme parfois apprêté, mais déjà remarquablement contrôlé. Quant aux essais de Noces, à peu près contemporains de la Mort heureuse, et dont le titre est éloquent, s’ils renoncent à l'affabulation romanesque, ils ne renoncent pas aux thèmes traités dans le roman : la communion avec le monde atteint une intensité telle qu'on ne peut paradoxalement s'en satisfaire ; la splendeur du monde nous envahit avec une telle violence qu'elle suscite et forme en l'homme une question sur son origine et son sens. Mouvement de la conscience transie de beauté, et qui fait songer au chemin de l'âme tel que le décrit Platon dans le Banquet (Camus était fasciné par la Grèce). Mais, ici, l’âme refuse de saluer l’existence d'une Réalité suprême dont la Beauté ne serait qu'un témoignage. La beauté crie vers un sens, mais soulever son voile, c'est découvrir le néant. Nous exigeons un Vrai qui soit à la mesure du Beau, mais il n'y a autre vérité que la mort.

 

Tout était prêt, on le voit, pour qu'apparaisse l'« absurde » comme

camus

« qui devie ndra vite un maitre.

Tout en écrivant ses premiers article s et ses premiers essais littéraires, Je jeune homme poursuit ses études à la faculté d'Alger.

Cependant, il éprouve un besoin d'action sociale qui le con dui t à ra!Her le parti communiste, en 1934.

Cette m ême année, il épouse Simone Hié, femme fascinante, instable et fan tas qu e.

Le mariage sera malheureux.

et ne durera guère.

Jusqu'à la fin, d'ailleurs, la vie sentimentale de Camus sera complexe et troublée, occ asion nant des drames intérieurs dont les échos se feront entendre, très assourdis, dans ses livres.

En 1935, il comm enc e l'Envers et l'Endroit, bref recueil d'essais médita­ tifs qu' on peut considérer com me le poi nt de départ de son œuvr e.

1936 est J'année de son diplôme d'études supé­ rieures, qui traite des rapports entre hellénisme et christianisme (une des p ierre s de touche du futur Homme révolu�) Parallèlement, Camus se pas­ sionne pour la scène et fond e le Théâtre du Travail, troupe dont il sera le metteur en scène et J'un des acteurs.

L'année suivante, il quitte Je parti communiste, mais son activité poli ti qu e r edou ble jo urna lis te à Alger républicain, puis à Soir républicain, il y dé n once avec courage et constance les excès ou les injustices de la France col onial e.

Cette époque féconde voit aussi la naissance de la Mort heureuse, roman qui demeu­ r er a inédit jusqu'en 1971.

Puis ce seront les essais lyriques de Noces (1939), et la p remière version de Caligula.

Quan d éclate la guerre, Camus, pour raisons de santé, ne peut s'engager, mais décide de gagner la Fran ce métropolitaine.

Il y épouse.

en secondes n oc es , Francine Faure, une Oranaise, et termine la rédac­ tion de l'Ét ra ng er.

Lorsque J'ouvrage parait, en 1942, c'est le succès immé­ diat.

Malraux et Sartre, parmi beaucoup d'autres, contribuent à att ire r l'attention sur le jeune écrivain.

L'année suivante, Camus se met à collaborer au journal clandestin Combat : à la Libération, ce journal sera l'un des plus importants de la presse française, et l'auteur de l'Étranger lui fournira des éditoriaux jusqu 'e n 194 7.

Entre-temps paraissent le Mythe de Sisyphe (19421.

le s Lettres à un ami allemand, et l'o n porte à la s cè ne Caligula.

Cette pièce, avec le Mythe et l'Étranger, fera de Camus Je. »

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