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CAYROL Jean : sa vie et son oeuvre

Publié le 21/11/2018

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CAYROL Jean (né en 1911). Poète, romancier élu académicien Goncourt en 1973, essayiste, scénariste, directeur de collections aux éditions du Seuil — notamment de la collection « Écrire » où il découvre des écrivains comme Philippe Sollers et Pierre Guyotat — lui-même se définit comme « un aventurier de la page blanche »
qui n’est jamais resté en marge de la société. A vingt ans, cinq vers surréalistes le font se « déshabiller d’un langage appris par cœur » et naître à la poésie. Ses premiers recueils, le Hollandais Volant (1936) et les Phénomènes célestes (1936) sont empreints des images de l’enfance, d’une cosmogonie biblique, d’une interrogation métaphysique où s’annonce déjà la conscience ambiguë d’un univers « désancré » que la guerre va lui dévoiler. En effet c’est elle qui sert de révélateur : dénoncé en 1942 comme résistant, il est incarcéré à Fresnes, puis déporté au camp de Mauthausen. Désormais l’écriture de Cayrol se confond avec l’expérience du monde concentrationnaire : « Le langage ne commence qu'avec le vide » (M. Blanchot).
 
Dans cet au-delà de l’espace et du temps, seuls lui permettent de résister les rêves, les mots aussi, les métaphores, relais de ce no man's land nocturne, dans lesquels il s’aère, se réchauffe; pour témoins, ses recueils : Miroir de la Rédemption (1944), Poèmes de la Nuit et du Brouillard (1946), Passe-temps de P homme et des oiseaux (1947) postfacé par Pierre Emmanuel. Cette même année il devient romancier; Je vivrai l'amour des autres, couronné par le prix Renaudot, réunit deux récits : On vous parle et les Premiers Jours. Le feu qui prend (1948) achève cette trilogie qui renouvelle étrangement l’art romanesque.
 
Jean Cayrol, en effet, ne transporte pas ses souvenirs. Pour ce survivant, écrasé par la machine à « déshumaniser » que furent les camps, revenir signifie encore errer dans « une nuit qui ne fait que commencer ». Il y a un quotidien concentrationnaire; forte de cette révélation, l’écriture entreprend de sortir de l’ombre cette « comédie inhumaine » qui se joue non pas au passé mais au présent.

« Cette aération, c'est le cinéma qui la lui fournit.

Le pouvoir de l'image s'exerce sur les écrivains d'alors, et Cayrol n'y échappe pas plus que Robbe-Grillet.

De sa collaboration avec le réalisateur Alain Resnais naissent en 1955 Nuit et Brouillard donnant à voir Je quotidien des camps puis, en 1963, Muriel ou le temps d'un retour, si malaisé pour Bernard mis à nu par la guerre d'Algérie.

Avec Claude Durand il écrit un essai, le Droit de regard, réalise en 1965 le Coup de grâce où, dans un Bordeaux de cauchemar, l'auteur en finit avec son délateur.

Cette expérience cinématographique va relancer son travail de romancier.

Gaspard dans les Corps étrangers (1959), Bernard (le Froid du soleil, 1964), Jean-Pierre (Je l'en­ tends encore, 1968) s'inventent leur mémoire pour réus­ sir à vivre en contemporains de leur propre existence.

En 1968 l'actualité investit l'écriture: De l'espace humain est une réflexion sur la ville moderne et à venir; Poésie­ Journal ( 1969), sorte de « mini-épopée quotidienne », reflète six mois d'une histoire toute chaude de son prin­ temps.

Deux autres Poésie-Journal suivent: 1977 et 1980.

Histoire d'un désert (1972), Histoire de la mer (1973), Histoire de la forêt (1975), Histoire du ciel (1979) nous plongent dans des milieux de la clôture et du dépassem. »

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