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Chant XIV (Zeus trompé) (14) de l'Iliade d'Homère (commentaire)

Publié le 19/03/2011

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   Le titre traditionnel du chant XIV [Zeus trompé), a été tiré de l'épisode principal. Dans l'ensemble, ce chant continue le récit de la bataille livrée auprès des vaisseaux. Il commence par un raccord assez médiocre, qui, en utilisant le personnage de Nestor, est plus directement en rapport avec la fin du chant XI qu'avec le chant XIII, mais qui suppose la connaissance de ce chant et du chant XII ; car les Troyens ont réussi à faire brèche au mur et à passer le fossé. Laissant Machaon aux soins de la bonne Hécamédé, Nestor s'arme du bouclier de son fils Thrasymède et sortant de sa tente, constate avec tristesse que la défaite des Achéens s'est aggravée, depuis qu'il a quitté le combat. Il rencontre ceux des chefs qui viennent d'être blessés, Diomède, Ulysse, Agamemnon, et le poète, pour situer la scène, nous explique assez obscurément la disposition des vaisseaux sur la plage, en plusieurs rangs. 

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« prit la parole et lui dit : « Voici ; mets cette bande dans ton sein ; elle est belle, et elle contient tout ; je tegarantis que tu ne reviendras pas sans avoir fait ce que ton esprit médite.

» Elle dit, et Dame Héré eut le sourire ; en souriant, elle mit la bande dans son sein. La fille de Zeus, Aphrodite, rentra alors dans la demeure de Zeus, et Héré quitta d'un bond la cime de l'Olympe ; elleentra dans la Piérie et l'Émathie aimable, vola vers les monts neigeux des Thraces, bons cavaliers, sur les plus hautssommets, sans toucher la terre de ses pieds.

De l'Athos, elle passa sur la mer et les vagues, et elle arriva à Lemnos,au pays du divin Thoas.

Là, elle rencontra le Sommeil, frère de la mort ; elle lui prit la main, lui adressa la parole etlui exposa ceci : « Sommeil, maître de tous les dieux et de tous les hommes, si jamais tu as exaucé mes vœux,aujourd'hui encore, écoute-moi.

Je t'en serai reconnaissante éternellement.

Endors, sous leurs sourcils, les yeuxbrillants de Zeus, tout de suite, dès que tu me verras étendue près de lui, pour l'amour.

Je te ferai présent d'unbeau trône indestructible, en or ; Héphaistos, mon fils, l'estropié, te le fabriquera adroitement, et y placera pour lespieds un tabouret ; tu pourras poser tes pieds luisants, en festoyant.

».

Le Sommeil, le doux Sommeil lui fit cetteréponse : « Héré, Déesse souveraine, fille du grand Cronos, il me serait aisé d'endormir tout autre des dieuximmortels, même les flots du fleuve Océan, qui est la source de tous les êtres.

Mais je n'oserais approcher de Zeusle Cronide, ni l'endormir, à moins qu'il ne me l'ordonnât lui-même.

Dans une autre circonstance déjà, un de tes ordresm'a fait recevoir une leçon, le jour où le fils de Zeus, ce Téméraire, revenait d'Ilion, après avoir renversé la ville desTroyens.

Oui, je charmai le cœur de Zeus qui tient l'égide, je versai sur lui, de toutes parts, mon enchantement, etton cœur méditait un méfait contre lui.

Tu lanças sur la mer les souffles des vents redoutables, et tu emportasHéraclès à Cos, l'île bien peuplée, loin de tous les siens.

Zeus à son réveil s'irrita ; il parcourait son palais, ilhouspillait les dieux ; et c'était moi qu'il cherchait plus que tous.

Et il m'eût anéanti en me jetant à la mer, du hautdes cieux, si la Nuit ne m'eût sauvé, la Nuit qui triomphe des dieux et des hommes.

J'allai la trouver, dans ma fuite ;et il se calma, malgré sa fureur.

Il craignait de déplaire à la Nuit rapide.

Et voici que tu m'invites encore à tentercette tâche impossible ! » Dame Héré aux yeux bovins lui fit cette réponse : « Sommeil, à quoi pense ton esprit ? T'imagines-tu que Zeus vadéfendre les Troyens, comme il prit à cœur Héraclès, son enfant ? Va donc, et moi je te donnerai en mariage, unedes jeunes Grâces ; elle portera le nom de ton épouse.

» Elle dit, et mit la joie au cœur du Sommeil.

Il lui répliqua : « Hé bien ! jure-moi par l'eau terrible du Styx, en prenantd'une main la terre, nourricière de bœufs, de l'autre la mer resplendissante, afin que nous ayons pour témoins tousles dieux souterrains qui sont autour de Cronos, jure que tu me donneras l'une des jeunes Grâces, Pasithée, dont jerêve tous les jours.

» Il dit, et Héré aux bras blancs ne refusa pas.

Elle jura, comme il le voulait, par le nom de tous les dieux, qui sontdans l'abîme du Tartare, et portent l'appellation de Titans.

Quand elle eut juré, bien achevé la formule, tous deuxrepartirent, loin de Lemnos et de la ville d'Imbros ; ils faisaient route prestement, couverts d'une nuée.

Ils arrivèrentà l'Ida, à la montagne pleine de sources, mère des fauves ; et à Lectos ils commencèrent à quitter la mer.

Ilspassèrent tous deux sur la terre ferme ; sous leurs pieds, s'agitaient les forêts les plus hautes.

Là le Sommeil, avantd'avoir vu le regard de Zeus, resta perché sur un immense sapin, le plus élevé qui alors eût poussé sur l'Ida et quitouchait, à travers l'air, jusqu'à l'éther.

Il se posta là, caché par les rameaux du sapin, pareil à l'oiseau mélodieux,que, sur les monts, les dieux appellent chalcis, et que les hommes nomment cymindis.

Héré gagna rapidement lacime du Gargare, sur les hauteurs de l'Ida ; Zeus, l'assembleur de nuages, la vit arriver.

Il la vit, et l'amour lepénétra jusqu'au fond de son cœur, comme au premier jour où ils s'étaient aimés, et s'étaient mis au même lit, àl'insu de leurs parents.

Il s'approcha d'elle, prit la parole et lui dit : « Héré ! quel désir t'a conduite ici, du haut del'Olympe ? Je ne vois pas que tu aies ni chevaux ni char, où tu sois montée.

» Dame Héré, artificieusement, lui répondit : « Je vais voir, aux extrémités de la terre féconde, Océan, source desdieux, et leur mère Téthys, qui m'ont nourrie et bien choyée en leur demeure ; je vais les voir, et apaiser leursquerelles interminables.

Voilà beau temps en effet qu'ils ont renoncé l'un et l'autre au lit et à l'amour, depuis que leressentiment est entré en leur âme.

Mes chevaux sont au pied de l'Ida plein de sources, pour me mener sur le sol etsur l'eau.

Mais d'abord je viens ici, du haut de l'Olympe, te faire visite, de peur que tu ne te fâches plus tard, parceque je serai allée, sans te le dire, jusqu'à la demeure de l'Océan, au cours profond.

» Zeus, l'assembleur de nuages,lui répondit : « Héré, tu auras le temps d'aller là-bas, plus tard.

Maintenant, pensons à l'amour, et couchons-nous.Car jamais à ce point l'amour d'une déesse ou d'une femme n'a envahi mon cœur dans ma poitrine, pour le dompter1(ni quand je fus 'épris de la femme d'Ixion, qui a enfanté d'un dieu Pirithoos, seigneur inégalable ; ni quand ce futDanaé, la fille d'Acrisios aux belles chevilles, qui a enfanté Persée, le plus éminent de tous les hommes ; ou la fille dePhénix, à la réputation universelle, qui me donna Minos et Rhadamanthe égal aux dieux ; ou Sémélé ou Alcmène àThèbes, qui mit au monde Héraclès, cet enfant vaillant ; tandis que Sémélé, pour la joie des mortels, enfantaDionysos ; ou Dame Déméter aux belles tresses, ou l'illustre Létô, ou toi-même) ; jamais je n'ai ressenti autantd'amour que j'en ressens aujourd'hui pour toi ; le doux désir est maître de moi.

» Dame Héré, artificieusement, lui fit cette réponse : « Redoutable fils de Cronos, qu'as-tu dit ? Tu veux que nousnous aimions maintenant, sur les cimes de l'Ida, où tout est à découvert ? Qu'arriverait-il, si quelqu'un des dieuximmortels nous voyait couchés, et allait le dire à tous les autres dieux ? Je n'oserais pas revenir au palais des dieuxen me levant de ta couche ; ce serait chose trop facile à décrier.

Si tu le désires et s'il plaît à ton cœur, tu as unechambre, que ton fils t'a fabriquée, ton fils Héphaistos, et qu'il a garnie de portes aux solides jambages ; allons nous. »

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