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Chapitre 18 de « Candide ou l'optimisme » de Voltaire

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

Cacambo témoigna à son hôte toute sa curiosité; l'hôte lui dit: Je suis fort ignorant, et je m'en trouve bien; mais nous avons ici un vieillard retiré de la cour qui est le plus savant homme du royaume, et le plus communicatif. Aussitôt il mène Cacambo chez le vieillard. Candide ne jouait plus que le second personnage, et accompagnait son valet. Ils entrèrent dans une maison fort simple, car la porte n'était que d'argent, et les lambris des appartements n'étaient que d'or, mais travaillés avec tant de goût, que les plus riches lambris ne l'effaçaient pas. L'antichambre n'était à la vérité incrustée que de rubis et d'émeraudes; mais l'ordre dans lequel tout était arrangé réparait bien cette extrême simplicité.

Le vieillard reçut les deux étrangers sur un sofa matelassé de plumes de colibri, et leur fit présenter des liqueurs dans des vases de diamant; après quoi il satisfit à leur curiosité en ces termes:

Je suis âgé de cent soixante et douze ans, et j'ai appris de feu mon père, écuyer du roi, les étonnantes révolutions du Pérou dont il avait été témoin. Le royaume où nous sommes est l'ancienne patrie des incas, qui en sortirent très imprudemment pour aller subjuguer une partie du monde, et qui furent enfin détruits par les Espagnols.

Les princes de leur famille qui restèrent dans leur pays natal furent plus sages; ils ordonnèrent, du consentement de la nation, qu'aucun habitant ne sortirait jamais de notre petit royaume; et c'est ce qui nous a conservé notre innocence et notre félicité. Les Espagnols ont eu une connaissance confuse de ce pays, ils l'ont appelé _Eldorado_; et un Anglais, nommé le chevalier Raleigh, en a même approché il y a environ cent années; mais, comme nous sommes entourés de rochers inabordables et de précipices, nous avons toujours été jusqu'à présent à l'abri de la rapacité des nations de l'Europe, qui ont une fureur inconcevable pour les cailloux et pour la fange de notre terre, et qui, pour en avoir, nous tueraient tous jusqu'au dernier.

La conversation fut longue; elle roula sur la forme du gouvernement, sur les mœurs, sur les femmes, sur les spectacles publics, sur les arts. Enfin Candide, qui avait toujours du goût pour la métaphysique, fit demander par Cacambo si dans le pays il y avait une religion.

Le vieillard rougit un peu. Comment donc ! dit-il, en pouvez-vous douter ? Est-ce que vous nous prenez pour des ingrats ? Cacambo demanda humblement quelle était la religion d'Eldorado. Le vieillard rougit encore: Est-ce qu'il peut y avoir deux religions ? dit-il. Nous avons, je crois, la religion de tout le monde; nous adorons Dieu du soir jusqu'au matin. N'adorez vous qu'un seul Dieu ? dit Cacambo, qui servait toujours d'interprète aux doutes de Candide. Apparemment, dit le vieillard, qu'il n'y en a ni deux, ni trois, ni quatre. Je vous avoue que les gens de votre monde font des questions bien singulières. Candide ne se lassait pas de faire interroger ce bon vieillard; il voulut savoir comment on priait Dieu dans Eldorado. Nous ne le prions point, dit le bon et respectable sage; nous n'avons rien à lui demander, il nous a donné tout ce qu'il nous faut; nous le remercions sans cesse. Candide eut la curiosité de voir des prêtres; il fit demander où ils étaient. Le bon vieillard sourit. Mes amis, dit-il, nous sommes tous prêtres; le roi et tous les chefs de famille chantent des cantiques d'actions de grâces solennellement tous les matins, et cinq ou six mille musiciens les accompagnent.--Quoi ! vous n'avez point de moines qui enseignent, qui disputent, qui gouvernent, qui cabalent, et qui font brûler les gens qui ne sont pas de leur avis ?--Il faudrait que nous fussions fous, dit le vieillard; nous sommes tous ici du même avis, et nous n'entendons pas ce que vous voulez dire avec vos moines. Candide à tous ces discours demeurait en extase, et disait en lui-même: Ceci est bien différent de la Westphalie et du château de monsieur le baron: si notre ami Pangloss avait vu Eldorado, il n'aurait plus dit que le château de Thunder-ten-tronckh était ce qu'il y avait de mieux sur la terre; il est certain qu'il faut voyager.

« naïf comme le dit son nom en effet Candide évoque le blanc c'est-à-dire la naïveté et l'insouciance. Dans ce chapitre, qui se passe dans le pays d'Eldorado (chapitre 17 et 18), Candide est accompagné de Cacamboet ils découvrent là un pays auparavant méconnu, où l'harmonie et la tolérance sont les maîtres mots.

Ils se rendentchez « le plus savant homme du royaume » selon l'hôte du cabaret d'où venait les personnages au chapitre 17. PLAN Nous sommes ici dans la première partie du chapitre 18 et nous analyserons la structure du texte, les temps etprocédés employés, démontrer en quoi ce texte nous présente un monde luxieux et nous montrerons en quoi cepays est à part des autres. Enfin dans une dernière partie nous justifierons ce que Voltaire critique dans ce passage ainsi que l'évolution dupersonnage de Candide. EXPLICATION Le texte est conçu en sept paragraphes plus ou moins long et les temps qu'on y trouve sont divers, on trouve lepassé simple «Cacambo témoigna» «ils ordonnèrent» «en sortirent» et de l'imparfait «réparait bien» «ne l'effaçaientpas» «des appartements n'étaient».

Mais aussi du présent qui montre une vérité générale «nous avons toujours étéjusqu'à présent à l'abri» et du passé composé «les Espagnols ont eu».

Les temps sont donc multiples, le lecteur estséduit par ce texte. On retrouve dans le texte de nombreuses indications de lieu, notamment «nous avons ici» «ils entrèrent dans unemaison».

Le texte est aussi bien rythmé on note plusieurs interventions des personnages, entre autre une répliquede l'hôte dans le début du chapitre «je suis fort ignorant», la présentation du vieillard «je suis agé de» et denombreuses question de la part de Candide et Cacambo «N'adorez-vous qu'un seul Dieu ?».

La réplique finale estdonnée à Candide et Cacambo «Quel est donc ce pays disaient-ils l'un et l'autre». Ce début de chapitre nous présente des éléments de richesse extérieur par la description des habitations «la porten'était que d'argent, et les lambris des appartements n'étaient que d'or» «incrustée que de rubis et d'émeraudes»«vases de diamant», les ont constructions ont visiblement une très bonne apparence et elles sont biens travaillées«travaillés avec tant de goût».

Ici on peut rappeler une des citations du dernier chapitre de Candide où il comprendque le travail est essentiel «il faut cultiver notre jardin».

Les habitations sont luxieuses mais construite simplement,le champ lexical de la simplicité est évoqué «une maison fort simple» «extrême simplicité». A partir du paragraphe 3 jusqu'à la fin du quatrième ; nous avons en quelque sorte l'histoire de ce pays merveilleux«Le royaume où nous sommes est l'ancienne patrie des incas».

La particularité et le secret qui en fait un mondeparfait est annoncé «aucun habitant ne sortirait jamais de notre petit royaume».

Ils sont éloignés des autres payset les craignent visiblement car ils en voudraient à leur richesse abondante «la rapacité des nations de l'Europe» «nous tueraient tous jusqu'au dernier».

Les habitants d'Eldorado refuse la violence, ils souhaitent garder leur mondetel qu'il a toujours été, le pays est alors protégé «nous sommes entourés de rochers inabordables et de précipices». Par l'échange entre Candide, Cacambo et le vieillard, Votlaire dénonce le problème des religions. «Cacambo demanda humblement quelle était la religion d'Eldorado».

Effectivement Voltaire nous montre une fois deplus un monde utopique pour lui, un pays où il n'y aurait qu'une religion, le vieillard pose même la question tellementleurs propos semblent incohérent à ses yeux «Est-ce qu'il peut y avoir deux religions ?».

La religion en Eldorado estunique «Nous avons, je crois, la religion de tout le monde».

A l'époque de Voltaire, au XVIII siècle les guerresfrappaient entre les peuples qui s'affrontaient juste à cause de leurs divergences religieuses tandis qu'à Eldorado,leurs avis sont identiques «nous sommes tous ici du même avis». A la fin de ce chapitre et du chapitre précédent, Candide murit.

On le retrouve à la fin de ces deux chapitres à tirerdes conclusions, notamment dans ce chapitre il commence à penser par lui-même et se fit de moins en moins à ceque lui disait son précépteur de Westphalie, Pangloss le philosophe optimiste à propos du «meilleur des monde. »

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