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Charles-Louis Philippe

Publié le 07/04/2012

Extrait du document

Evoquer l'oeuvre de Philippe (1874-1909), c'est procéder à une exhumation en forme de réhabilitation. Sans essayer cependant de poser l'insoluble question de la «valeur« de cette oeuvre, on peut tenter d'expliquer l'oubli dans lequel elle est tombée. Plutôt qu'à la disparition prématurée de Philippe, il semble qu'il est dû.à sa situation bien particulière d'écrivain issu du peuple et qui entend rester du peuple, ou mieux, des pauvres....

« nature contre laquelle il n'y a rien à faire, tantôt la richesse est un mal contre lequel il importe de lutter par tous les moyens.

Mais toujours Philippe affirme la nécessité de rester fidèle à son milieu d'origine.

Cette certitude ne masque pas les ambiguïtés, bien au contraire.

Exilé, divisé, Philippe l'est toujours et partout.

Lui, le malade, le faible, est fasciné par toutes les formes de la force et de la puissance.

Dans Bubu de Montparnasse ( 1901 ), Berthe la pauvre prostituée est reprise à Pierre, le gentil garçon, par Bubu le maquereau «petit mais costaud».

C'est dans Croquignole ( 1906), son dernier livre publié, et sans doute le meilleur, que ce conflit est le plus fortement exposé.

Croquignole, sans même le savoir, enlève Angèle au doux rêveur qu'est Claude.

Mais donner la victoire finale à Croquignole est impossible, lui qui possède tout, la force, l'instinct, les sentiments et surtout la liberté grâce à l'argent tombé du ciel.

Le laisser triompher ce serait retomber dans le fatalisme des débuts et dans l'ennui de la vie de bureau (auquel lui, Philippe, échappe par l'activité littéraire).

Il «suicidera» donc Croquignole.

Dans ce livre, Philippe élargit encore le champ du malheur et, d'une façon très actuelle, comprend que l'assurance du pain quotidien ne suffit pas à justifier la vie.

Quel chemin parcouru depuis son premier grand livre La Mère et l'enfant (1900).

qui se terminait précisément sur cet emploi de bureau tant cherché et si difficilement obtenu.

Le malheur, c'est aussi la privation de liberté, le fait d'être enfermé dans un bureau tandis que d'autres se promènent, ou de se retrouver dans une grande ville hostile alors qu'on a passé son enfance dans la petite ville humaine.

Dans Croquignole, à la différence de ses deux livres précédents où les deux mondes de la pauvreté et de la richesse étaient juxtaposés sans aucune communication, Philippe, cruellement, permet, par la magie de l'héritage, le va et vient entre les deux mondes.

Immense protestation : comment, après la découverte de la liberté, accepter de retourner en cage ? La réponse, seul l'écrivain la possède: l'humour, noir naturellement.

La vision du monde de Philippe trouve, dans Croquignole, son achèvement et sa remise en question.

Elle est essentiellement, depuis le début.

découverte naïve du monde et tentative pour lui trouver une justification.

Une description de Philippe ressemble toujours un peu à une leçon. »

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