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CHÉNIER André : sa vie et son oeuvre

Publié le 21/11/2018

Extrait du document

Faut-il alors choisir entre la vérité de l’objet — le « sublime » — et celle du sujet parlant, la métaphore?

 

La poésie de Chénier est tout entière déchirée par cette incertitude, ou cette contradiction. Le xviiie siècle vit profondément cette crise du signe et de l’écriture, qui se traduit par la hantise de l’opacité et de l’artifice des mots. Mais Chénier déplace le problème vers une critique de la langue française en tant que telle; « armée d’obstacles indociles », elle ne possède plus la souplesse du grec et du latin avec leurs inversions, leurs ruptures de construction qui permettent, croit-il, de substituer à l’ordre logique de la phrase celui, affectif, des passions et des sensations. L’acte poétique consiste donc à faire violence à la langue, à la décaper de sa « rouille barbare », à retrouver ces mots « heureux, faciles, transparents » dont usaient les Anciens. Dans /’Invention, Chénier reprend à son compte la géographie linguistique élaborée par Rousseau dans V Essai sur l'origine des langues : le latin, langue du Sud, du soleil et des dieux, a tout à la fois disparu et éclaté (italien, français...) sous les coups des barbares (« le Nord ») :

 

De leurs affreux accents la farouche âpreté

 

Du latin en tous lieux souilla la pureté.

 

La poésie apparaît alors comme une « tension vers », un travail sur la langue plus important peut-être que la création. Pourtant l’Azur de Chénier n’est pas mallar-méen : il possède la réalité tangible de ces poèmes de Virgile ou de Properce, vieux missels toujours ouverts.

 

Mais la différence des langues rend-elle possible l’imitation des Anciens? D’autant que le propre du « génie » est d’être « inimitable » (les Causes...). En réalité, comme La Fontaine dans son Épître à Huet, Chénier récuse toute idée d’imitation globale :

 

Tantôt chez un auteur j'adopte une pensée...

 

Tantôt je ne retiens que les mots seulement

 

(l'invention).

 

Emprunts et création s’unissent dans le poème par une « couture invisible ». Ainsi, dans le texte ancien, se trouve gommé le niveau spécifique de l’écriture; le fond et la forme deviennent objets de perception et d’utilisation distinctes; l’acte créateur se fait en quelque sorte interstitiel, le poète moderne remplit le vide alterné de la pensée ou des mots et perpétue de la sorte le texte initial. « Je crée avec eux », affirme Chénier. La nécessaire « naïveté » du poète consiste à coïncider avec ce flux continu de mots et/ou de « pensers » qui circule depuis « l’antique Permesse » jusqu’à lui :

 

Puis, ivres des transports qui nous viennent surprendre Parmi nous, dans nos vers revenons le répandre

 

(l'invention).

 

Cette « imitation créatrice » (les Causes...) de l’Antiquité trouve sa base philosophique dans le sensualisme. Chénier cite littéralement l'Essai sur l'origine des connaissances humaines de Condillac : « L’invention consiste à savoir faire des combinaisons neuves ». La création absolue est impossible, l’originalité de l’« inventeur » se limite à la manière de composer l’ensemble des messages sensibles. Les sensations premières effectivement reçues du monde extérieur se combinent ainsi avec celles, secondes, que le « penseur lettré » éprouve à la lecture des Anciens, et le poème en réalise la synthèse créatrice. [Voir Élégie].

 

Une langue poétique

 

L’ambition de Chénier — la recherche d’une langue originelle, ou plutôt d’une origine des langues qui serait la poésie même — explique peut-être sa relative stérilité et son refus de toute publication : seuls presque, VOde sur le Jeu de Paume et l'Hymne aux Suisses de Château-

 

vieux furent connus de son vivant. Car cette langue poétique doit être capable d’assumer ou de masquer une série d’antinomies. Celle de la poésie et de la prose, en régénérant une langue française aux prosaïsmes barbares (qui apparaîtront dans les ïambes pour figurer la hideur révolutionnaire); celle du partage des genres poétiques, qui déjà traversait d’un « fil léger » la poésie gréco-latine (mais ces genres, affirme Chénier, sont tous fondés en nature, et l’important est à la fois de les servir sans oublier leur origine commune, « l’antique Permesse »); celle de l’imitation et de la création, qu’il faut joindre d’une « couture invisible »; celle enfin de l’éternel humain et de l’« imagination » subjective. D’où, aux moments de moindre réussite, une impression d’artifice et de disparate. Le français poétique de Chénier abuse du mot noble, « arène » pour sable, « tapis » pour couverture, « onde amère », etc.; de « pensers antiques » laborieusement acclimatés, de périphrases énigmatiques : Pythagore devient ici « le muet de Samos qu’admire Métaponte » (« la Jeune Locrienne »), même si une ruse de l’histoire littéraire nous fait goûter dans cette obscurité le plaisir tout moderne d’une « inanité sonore ». Ainsi encore ces vers entièrement composés de noms propres, incantatoires et pour nous insignifiants : « Salut, Trivie, Hécate ou Cynthie ou Lucine » (Diane). Mais la « couture » devient trop visible avec cet alexandrin quasi mnémotechnique, qui réunit les gloires de la science moderne : « Torricelli, Newton, Kepler et Galilée » (l'invention). En revanche, l’ultime antinomie est toujours résolue et la grande réussite de Chénier réside dans l’association du « figuré » et du « sublime » :

 

O vous du Sebethus naïades vagabondes

 

Coupez sur mon tombeau vos chevelures blondes.

 

Adieu, mon Clinias; moi, celle qui te plus,

 

Moi celle qui t'aimait, que tu ne verras plus

 

(« Néære », Bucoliques}

 

Correspondance entre la simplicité d’expression d’un sentiment profond et une image mythologique qui dit le vrai d’une amoureuse abandonnée, suscitant dans son délire un monde imaginaire...

 

Le lecteur moderne s’irrite parfois de la répétition obsédante de certains procédés stylistiques, inversions et rejets. Mais précisément l’inversion est le signe d’une perception « passionnelle » du monde extérieur, qui modifie l’ordre normal de la langue en lui substituant celui de « l’imagination ». De même l’omniprésent rejet isole en tête de vers un adjectif, par quoi se disent les qualités sensibles de l’objet : la démarche sensualiste rejoint ici le code de la rhétorique classique (cf. Diderot, Lettre sur les sourds et les muets) :

 

Pourquoi cette rougeur, cette pâleur subite, Perfide?...

 

(« Camille », les Amours)

 

Les figures classiques, métonymies et allégories, concourent au même but en donnant aux choses une vie propre qui s’impose au lecteur sans médiation en éliminant du récit poétique toute présence humaine accessoire :

 

Une clef vigilante a pour cette journée

 

Dans le cèdre enfermé la robe d'hyménée...

 

(« la Jeune Tarentine », Bucoliques}

 

L’allégorie mythologique a pour fonction symétrique d’humaniser les objets : manger du pain se dit ici « connaître Cérès » (« le Malade »). Dans les Causes et les Effets..., Chénier invite les auteurs modernes à poursuivre l’ouvrage des Anciens : « L’allégorie est la langue de l’esprit... il faut encore en inventer de nouvelles. La poésie donne un corps, un visage... Vénus est le besoin de jouir; Apollon, les Muses désignent le penchant et le goût de la poésie. » Mais justement, faute d’invention en ce domaine, l’allégorie produit l’effet inverse : conçue

CHÉNIER André de, dit André (1762-1794). Où se trouve le vrai Chénier? Sa vie et ses écrits, également contradictoires, se prêtent aux « oublis » commodes et aux légendes; en premier lieu, celle du Poète assassiné. Mais l’auteur de « la Jeune Tarentine » est aussi un violent pamphlétaire anti-jacobin, et c’est celui-ci que l’on guillotine en 1794. Poète, Chénier s’est attaché à définir les buts et les moyens de son écriture : « Sur des pensers nouveaux faisons des vers antiques » (l’Invention, 1787). Mais ces « pensers nouveaux » n’ont produit que deux épopées laborieusement avortées, pendant dix années de production bucolique et élégiaque répétant sans fin les thèmes et les « pensers » de Virgile, Horace ou Tibulle. Enfin cette célèbre profession de foi, « L’art ne fait que des vers, le cœur seul est poète », paraît annoncer le « Frappe-toi le cœur » de Musset, et l’on glose à l’envi sur le « pré-romantisme » de Chénier. Mais ce sont les poètes « artistes » et les parnassiens qui à plus juste titre revendiqueront l’héritage...

L'idéal antique et les réalités du siècle

 

André Chénier est né à Constantinople. Il n’a que trois ans lorsque son père Louis de Chénier, commerçant en drap, décide après vingt années passées en Orient de rentrer en Europe avec les siens : une épouse, grecque de culture et de tradition sinon de race; cinq enfants, parmi lesquels deux deviendront célèbres, André et le cadet Marie-Joseph, futur dramaturge et député à la Convention. Arrivée en France, la famille se disperse bientôt. En 1767, Louis de Chénier s’embarque à nouveau, seul cette fois, pour le Maroc où il exerce pendant quinze ans les fonctions de consul dans la ville de Salé. Restée à Paris, sa femme fait montre d’une grécité tapageuse et militante : elle ouvre un salon « grec » où, au fil des années, se rencontreront autour de divertissements folkloriques des hellénistes comme Philippe Brunck, des savants comme l’Espagnol Izquierdo, le poète Ecouchard-Lebrun, le dramaturge italien Alfieri, et aussi des « voyageurs » et des archéologues venus de Pompéi ou d’Herculanum dont l’exploration commence au xviiie siècle.

 

De son côté, le jeune André est tout d’abord envoyé chez un oncle, drapier à Carcassonne, avant de retourner à Paris en 1773 comme élève du distingué collège de Navarre. L’éducation y est moderne, presque « philosophique » : large place est faite aux sciences, aux doctrines à la mode comme le sensualisme de Condillac. Chénier y trouve aussi des amis choisis, qu’il évoquera dans ses Epîtres : François de Pange, Abel de Malartic, les deux frères Trudaine, fils du très riche et très « éclairé » Trudaine de Montigny, ami de Turgot. En 1781, sorti du collège, il fait ses débuts dans le salon maternel alors à son zénith; Lebrun, en particulier, l'encourage et le forme à la poésie. C’est l'époque des premières Bucoliques, mais aussi, bientôt, d’une dure rencontre avec la réalité : soucieux de l’avenir de son fils, Louis de Chénier l'envoie comme « cadet-gentilhomme » dans un régiment cantonné en Alsace. Dégoûté par un hiver 1782-1783 passé à Strasbourg (plusieurs Épîtres en témoignent), il quitte l’armée et revient à Paris, retrouver ses amis du collège de Navarre, jeunesse dorée, cultivée et progressiste. Avec les Trudaine, se succèdent parties fines et voyages culturels, en Suisse sur les traces de Rousseau (1784), en Italie sur celles des élégiaques. Mais la vie mondaine apporte son lot d’épreuves : physiques, avec une néphrite persistante; affectives, avec diverses mésaventures sentimentales dont les héroïnes sont évoquées dans les poèmes dits les Amours : Lycoris, une danseuse de l’Opéra; Camille, alias Mme de Bon-neuil, une beauté créole à la mode; la mystérieuse D’.Z.N., etc.

 

Il existe, en ces années 1783-1787, un autre Chénier, le poète vivant et travaillant dans une « mansarde » de la maison familiale, rue du Sentier; nouant des amitiés intellectuelles avec Condorcet, le peintre David; poursuivant son œuvre dans l’obsession des grandes épopées, l'Hermès et / Amérique (celle-ci célébrant les « Insur-gents » et le Nouveau Monde), toujours remises à demain. L’année 1787 constitue un tournant. Chénier conduit alors une réflexion sur l’acte poétique et le nécessaire engagement du poète : l'invention, remaniée par la suite, dresse l’ambitieux programme des épopées à venir : « Sur des pensers nouveaux faisons des vers antiques »; reprenant des thèmes identiques, l’Epître sur des ouvrages justifie ce « mélange heureux » de l’antique et du moderne, « qui donne à des fruits nouveaux une antique saveur ». En cette même année — pour autant que les œuvres de Chénier puissent être datées avec certitude! — l'Hymne à la Justice dénonce une France devenue « un séjour servile », et aussi « l’impie Anglais, usurpateur avide ». C’est en Angleterre pourtant que se rend alors Chénier, contraint par la misère d'accepter l’emploi de secrétaire particulier de M. de La Luzerne, ambassadeur de France : années de doute et de dépression « sans parents, sans amis, et sans concitoyens »...

 

Revenu en France en 1790, Chénier croit y trouver réalisé son idéal d’une monarchie constitutionnelle et méritocratique, où « nul talent n’est fils de la faveur royale ». Mais simultanément il dénonce l’alliance des « prolétaires » et des « démagogues », plaies des cités antiques et de la France révolutionnaire (Avis au peuple français sur ses véritables ennemis, août 1790). Militant à « la Société de 1789 » et au parti Feuillant (modéré), il se lance dans le journalisme politique, attaquant violemment les Jacobins dans ses articles du Journal de Paris, des brochures (Réflexions sur l'esprit de parti, 1791); l'Hymne aux Suisses de Châteauvieux publié en 1792 cite nommément les puissants du jour : « Quarante meurtriers, chéris de Robespierre »... Inquiet, menacé après le

 

Dix-Août (1792), Chénier se tait, va et vient entre Paris et la province alors que son frère Marie-Joseph est promu gloire nationale. Retiré à Versailles en avril 1793, il y retrouve une amie d’autrefois, déchue de sa splendeur, Fanny, l’épouse du banquier Le Couteulx, à laquelle il consacre plusieurs poèmes dont le célèbre « Fanny, l’heureux mortel qui près de toi respire »... Le 7 mars 1794, il est arrêté à Paris; accusé de recel de documents, enfermé à Saint-Lazare, Chénier proclame dans ses ïambes son mépris pour les hommes au pouvoir. Indignation, désespoir, mais aussi dignité devant la mort : le cri et l’insulte ne se disent qu’au travers d’une forme impeccable. Tout alors est réuni pour que naisse la légende d'un Chénier-Chatterton, victime innocente des engrenages de l’Histoire. Ce n’est pourtant pas le poète (qui n’a presque rien encore publié) que l’on guillotine le 7 thermidor 1794, mais le pamphlétaire vaincu dans un combat sans merci contre les Jacobins, dont le crime suprême est peut-être, pour Chénier, d’avoir compromis l’image de l’Antiquité : « Ils se comparent à Caton! Caton avait-il réduit le vol et le brigandage en principes de droit? Caton avait-il tour à tour fatigué le dédain des rois par les adulations les plus stupides et irrité les passions d’une multitude ignorante par des applaudissements sanguinaires? »

 

Les leçons de l'Antiquité

 

La dévotion de Chénier aux modèles gréco-latins apparaît en chacun de ses poèmes, à commencer par les Bucoliques, qui empruntent à Callimaque, aux Eglogues de Virgile, aux Elégies de Properce. Souvent Chénier procède à la contamination de sources différentes; à propos de « Lycoris », poème des Amours, il décrit ainsi sa manière : « l’idée » lui est venue d’un « beau morceau » de Properce, auquel il a mêlé, « suivant (sa) coutume », « des morceaux de Virgile et d’Horace et d’Ovide »... Cette réelle érudition, nourrie des travaux et des éditions savantes de Brunck et de Walckenaer, s’accompagne d’une adhésion totale au mythe élaboré par le XVIIIe siècle : dans la perspective rousseauiste d’une décadence de l’humanité de l’état de nature à l’état de culture, l’Antiquité représente le stade de la « nudité » originelle de l’homme et du monde : « Les anciens étaient nus, écrit Chénier dans les Causes et les Effets de la perfection et de la décadence des lettres et des arts; leur âme était nue... ils n’avaient qu’à copier la nature encore toute nue ». L’époque moderne est celle du vêtement, du masque : masque moral de l’homme, qui apprend à feindre; masque physique d’une nature devenue trop urbaine : «J’ai fui la ville aux Muses si contraire» (Elégie, II). Le signe et l’agent de cette duplicité, c’est l’écriture désormais « factice » : faire des « vers antiques », ce sera d’abord retrouver cette transparence originelle des mots, qui permettait autrefois de « copier la nature ».

 

Pourtant cette écriture antique est contradictoire : elle trouve sa perfection dans le « sublime », où l’absence de toute figure de rhétorique repérable manifeste l’authenticité absolue du référent. Chénier, après Diderot et Rousseau, s’extasie sur le « Qu’il mourût » d'Horace, épipha-nie d’un éternel humain qui perce au travers des coquetteries de la langue et réunit par-delà les siècles Corneille à Eschyle. Mais simultanément l’Antiquité est pour Chenier le temps de la spontanéité « naïve » et des passions : la peur, l’amour qui substituent l’« imagination » à la description, à la « copie ». Comme l’affirme Rousseau dans l'Essai sur l'origine des langues, « le mot figuré naît avant le mot propre, lorsque la passion nous fascine les yeux et que la première idée qu’elle nous offre n’est pas celle de la vérité ». Mais cette illusion « métaphorique » dit le vrai d’une passion ressentie.

« des « voyageurs » et des archéologues venus de Pompéi ou d'Herculanum dont l'exploration commence au xvm• siècle.

De son côté.

le jeune André est tout d'abord envoyé chez un oncle.

drapier à Carcassonne, avant de retourner à Paris eo 1773 comme élève du distingué collège de Navarre.

L'éducation y est moderne, presque « philoso­ phique » : large place est faite aux sciences, aux doctri­ nes à la mode comme le sensualisme de Condillac.

Ché­ nier y trouve aussi des amis choisis, qu'il évoquera dans ses Epîtres : François de Pange, Abel de Malartic, les deux frères Tmdaine, fils du très riche et très de la maison familiale, rue du Sentier; nouant des amitiés intellectuelles avec Condorcet, le peintre David; poursui­ vant son œuvre dans l'obsession des grandes épopées, l'Henn.ès et !Amérique (celle-ci célébrant les « 1nsur­ gents >> et le Nouveau Monde), toujours remises à demain.

L'année 1787 constitue un tournant.

Chénier conduit alors une réflexion sur l'acte poétique et le nécessaire engagement du poète : l'Invention, remaniée par la suite, dresse l'ambitieux programme des épopées à venir : «Sur des pensers nouveaux faisons, des vers antiques »; reprenant des thèmes identiques, 1' Epître sur des ouvrages justifie ce «mélange heureux >> de l'anti­ que et du moderne, «qui donne à des fruits nouveaux une antique saveur>>.

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C'est en Angleterre pourtant que se rend alors Chénier, contraint par la misère d'ac­ cepter l'emploi de secrétaire particulier de M.

de La Luzerne, ambassadeur de France : années de doute et de dépression « sans parents, sans amis, et sans concitoyens » ...

Revenu en France en 1790, Chénier croit y trouver réalisé son idéal d'une monarchie constitutionnelle et méritocratique, où «nul talent n'est fils de la faveur royale>>.

Mais simultanément il dénonce l'alliance des «prolétaires » et des «démagogues >>, plaies des cités antiques et de la France révolutionnaire (Avis au peuple français sur ses véritables ennemis, août 1790).

Militant à > et au parti Feuillant (modéré), il se lance dans le journalisme politique, attaquant violem­ ment les Jacobins dans ses articles du Journal de Paris, des brochure� (Réflexions sur l'espri t de parti, 1791 ); l'Hymne aux Suisses de Châteauvieux publié en 1792 cite nommément les puissants du jour : , «des morceaux de Virgile et d'Horace et d'Ovide>> ...

Cette réelle érudition, nourrie des travaux et des éditions savantes de Brunck et de Walckenaer, s'accompagne d'une adhésion totale au mythe élaboré par le xvm• siè­ cle : dans la perspective rousseauiste d'une décadence de l'humanité de l'état de nature à l'état de culture.

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