Claude Gueux: lettre de défense

« Monsieur le juge, Messieurs les jurés, Je défends aujourd’hui les intérêts de Claude Gueux, accusé pour le meurtre de Monsieur D. Mon client est un homme courageux, un père et un mari dévoué qui a seulement dérobé un simple morceau de pain afin de nourrir sa famille.

Par honnêteté, il a avoué sa faute et a été emprisonné.

Il a toujours effectué avec sérieux et soin le travail demandé à l’atelier.

Il s’est lié avec Albin, un jeune homme fragile qui partageait sa ration avec lui.

Tous deux se respectaient énormément et sont devenus liés par une profonde amitié.

Mais Claude a soudainement et sans aucune raison été séparé d’Albin, son seul ami.

Face à cette incompréhension, mon client a demandé à plusieurs reprises des explications à Monsieur D mais celui-ci a toujours refusé de lui répondre. Claude a alors insisté, toujours avec politesse, mais cet homme méprisant n’a pas voulu que les amis soient de nouveau réunis. En plein désarroi, mon client n’a eu d’autres solutions que de frapper ce directeur qui ne cessait de l’humilier.

Il ne comptait, en aucun cas, le tuer.

Pourtant, il a de nouveau reconnu les faits et a voulu se donner la mort.

Vous voyez bien que celui-ci a conscience de la gravité de sa faute.

Mais Claude n’est pas pour autant un criminel ! Ce pauvre homme travaillait dur dans l’atelier et il avait trouvé du réconfort auprès d’Albin.

Sa séparation d’abord avec sa famille puis avec son ami a été très dure psychologiquement.

Il a subi un traitement injuste.

Il a été maltraité par un homme au cœur de pierre, considéré comme tyrannique et cruel.

Mon client a des circonstances atténuantes, il n’est pas dangereux. Et vous qu’auriez-vous fait à sa place ? Et puis comment sa femme et sa fille vont-elles s’en sortir ? Comment peut-on démolir un homme à un tel point ? Je ne dis pas que Monsieur Gueux a raison mais il n’est pas pour autant le seul coupable. Je vous demande un peu d’indulgence et de compréhension. Je vous remercie de m’avoir écouté.. »