CLAUDE ROY
Publié le 01/09/2012
Extrait du document
Claude Roy a intitulé son principal recueil, avec autant de malice que de modestie : Le poète mineur. En vérité, il est peu de poètes de son âge à se laisser aller aussi constamment que lui à « l'allure poétique « ; qu'il écrive des poèmes ou des romans, des essais critiques ou des récits de voyages, des articles de journal ou des préfaces, il n'ahandonne jamais ce grand trot égal, aisé, que seul peut se permettre un Pégase aux articulations déliées, aux poumons bien irrigués de sang et d'oxygène.
«
chamarrée de soleil, .mais agité~ d'algues dont on ne voit
pas les racines, mais gorgée de nuit profonde et dange.
reuse,
voilà ce que Claude Roy possède en commun avec
Supervielle
et leurs communs ancêtres ; et voilà ce qu'il
a demandé aux articulations de la pensée moderne de
promouvoir et de renouveler.
Ses vers sont classiques à
quelques_
licences p1·ès, des licences logiques si l'on veut
hien admettre
que notre prononciation a changé depuis
Malherbe,
et dont il a pris exemple chez Louis Aragon.
ll
ne craint pas d'ailleurs de préciser, dans la préface du
Poète mineur: «s'il y a des vers qui .ont l'air faux, c'èst
exprès».
PETIT MATIN
Je te reconnaîtrai aux algues de la mer
tm sel de tes cheveux aux herbes de tes mains
Je
te reconnaîtl'tti au profond des puupières
Je fennerai
les yeux tu me prendras la main
le te reconnaîtrai quand tu viendras pieds nus
sur les sentiers brûlants d'odeurs et de soleil
les
cheveux ruisselants sur tes épaules nues
et les seins ombrugés des palmes du sommeil
! e laisserai alors s'envoler les oiseaux
les oiseaux long-courl'iers qui traversent les mers
f_,es étoiles aux vents courberont leurs fuseaux
Les
oiseaux très pressés fuiront dans le ciel clair
Je t'a.ttendrai en haut de.
la plus haute tour
où pleurent nuit et jour les absents dans le vent
Quand les oiseaux fuiront je saurai que le jour
est lii marqué des pas de celle que j'attends
Complices du soleil je sens mon corps mûrir
de la patience aveugle et laiteuse des fruits
ses jToides mains de ciel
lentement refleurir
dans le matin léger qui jaillit de la nuit.
(Le Poète mineur).
»
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