COLIN MUSET : sa vie et son oeuvre

COLIN MUSET (xiiie siècle). Sept manuscrits du xiiie ou du xive siècle ont conservé une quinzaine de chansons attribuées à Colin Muset, dont quatre où l'auteur se nomme lui-même. Leurs qualités de style communes, principalement la vivacité, le pittoresque et le ton enjoué, constituent une sorte d’indice d'authenticité interne qui renforce l’hypothèse de l’existence d'un poète du nom de Colin Muset dont nous ne savons absolument rien par ailleurs. Ce que l’on a pu reconstituer de sa vie est tout à fait conjectural. Quant au nom même, qui se prête à un jeu de mots permanent (« muse », « muser », « muset », Muset), et que l’auteur tente d'imposer par la répétition, il y a tout lieu de penser qu’il s'agit d’un pseudonyme habile et plaisant.

 

Au moment où les grands trouvères produisent les plus belles réussites de la lyrique courtoise, l'œuvre de Colin Muset, malgré sa brièveté, ne manque pas d’intérêt. Certes, elle comporte des échos de la chanson traditionnelle, avec son vocabulaire abstrait et noble, sa syntaxe ample qui se moule dans le volume de la strophe, ses lieux communs du renouveau du printemps, de la Dame à qui l’on doit le service d’amour, des « losen-giers » dont il faut se méfier; encore que l’auteur se permette des libertés inattendues qui neutralisent les effets de distance et d’élévation au profit d’un jeu amoureux proche du badinage.