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Comment la beauté, selon la définition des surréalistes donnée dans Nadja, peut-elle être « CONVULSIVE » ?

Publié le 19/07/2012

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La beauté n'a pas d'utilité ! Du moins pas chez les surréalistes. Pour Breton, qui reprend la définition de Kant (philosophe allemand très maniaque. Il consacra sa vie à la connaissance et à l'enseignement. Critique de la raison pure. Il parle dans la Critique du jugement, que la libre production de la beauté réconcilie l'entendement (la compréhension), la volonté et la sensibilité.), elle est « une finalité sans fin «. Breton ne décrit-il pas la Porte Saint-Denis comme étant « très belle et très inutile « ? Elle n'a pas de but pratique, elle est passionnelle, hasardeuse. Lautréamont (1846-1870. Il était comte. Les Chants de Maldoror. Considéré comme précurseur du surréalisme) avait en cela introduit le hasard comme principale cause de création et d'évolution de la beauté. Breton reprend d'ailleurs pour lui dans les Vases communicants, la formule de ce dernier « beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie. «.

« La beauté de l'inattendu Pour les surréalistes, elle est le fruit de « rapprochements inattendus ».

C'est pour Breton « un de ces arrangements fortuits, de caractère plus ou moins nouveau dontil semble qu'à bien nous interroger nous trouverions en nous le secret.

» (cf.

p.

17).

Il lie cette création inconsciente à l'œuvre de son ami Chirico qui reconnaît nepouvoir peindre « que surpris par certaines dispositions d'objets » (cf.

p.

14) La beauté est dans l'action et la réaction La beauté est un arrêt sous pression.

« Elle est comme un train qui bondit sans cesse dans la gare de Lyon et dont je sais qu'il ne va jamais partir, qu'il n'est pasparti.

» (cf.

p.

189).La beauté se fixe et s'échappe à la fois.

« De peur d'être mal étreinte », elle ne se laisse « jamais embrasser ».Breton parle de « frissons », d' «appels irrésistibles », d'états qui le « clouent sur place » (cf.

L'Amour Fou).« La statue d'Etienne Dolet […] m'a toujours tout ensemble attiré et causé un insupportable malaise » (cf.

p.

26) écrit-il.

C'est ce genre d'émotion qui traduit aux yeuxdes surréalistes, la Beauté. Conclusion En rejetant les critères de l'Antiquité, à savoir l'idée de pérennité, d'utilité et de quête consciente de la beauté, Breton dresse un nouveau portrait de celle-ci,correspondant aux idéaux du surréalisme.

C'est une beauté évolutive, complexe et liée incontestablement à la vie qu'il recherche.

Une beauté provenant de toutes lapalette d'émotions irréfrénables de l'être humain, de l'inattendu déroutant… Bref, une beauté provenant d'actes et de réaction à ces actes.

Voilà la beauté dessurréalistes : une beauté intrinsèque à chaque Homme, insaisissable, à la fois fixée et fuyante…Mais cette notion de beauté provient-elle bien d'une recherche réaliste, ou est-elle irrévocablement marquée du sceau de l'ineffaçable poésie des surréalistes, voiremême chimérique ? Introduction. La beauté est un concept essentiel chez les surréalistes.

Mais ces derniers ont énormément retravaillé le sens qu'ils voulaient lui donner.

Dans un mouvement nouveauoù le mot d'ordre était « Révolution », la notion de beauté se devait d'être pour eux représentative de tout ce qu'ils recherchaient dans l'être humain.

Les surréalistesont longtemps cherché la beauté sans vraiment parvenir à se satisfaire des réponses apportées.Après avoir posé les prémices d'une réponse unique dans Les Vases communicants, André Breton, chef de file du mouvement, définit noir sur blanc dans son livreNadja, la beauté surréaliste et termine ainsi l'ouvrage en question.

« La beauté sera CONVULSIVE ou ne sera pas.

» clame-t-il.

Il apportera des précisions sur cetteidée dans l'Amour Fou.« La beauté sera CONVULSIVE … » Mais comment la beauté, sujet abstrait par excellence, peut-elle être convulsive ? I.Des concepts traditionnels rejetés.a.L'éternité de la beauté. La beauté n'est pas « enfermée dans son rêve de pierre » (cf p.

189) écrit Breton.

Jusqu'alors, les plus grands philosophes avaient défini la beauté comme une visionconcrète et éternelle.

Elle se situait pour eux dans les grands chef-d'œuvres « impérissables ».

Si Platon définissait la beauté comme « figée », Breton renie cetarchétype.

Pour lui, la beauté est dans la vie, comme nous le verrons plus loin.

Elle ne peut donc pas être immuable.

L'écrivain renie la beauté spectacle, la beauté quine se transforme pas et qui ne nous transforme pas.La beauté ne peut être formelle, c'est-à-dire « perdue pour l'Homme dans l'ombre de ces Odalisques, au fond de ces tragédies qui ne prétendent cerner qu'un seuljour » (cf.

p.

189).! ! : Breton parle ici de la Grande Odalisque, une peinture d'Ingres (1780-1867) faite en 1814, faisant 91 162 cm et se trouvant au Louvres.

C'est une représentationd'un nu vu de dos.

On y retrouve l'influence de Raphaël ( La Vierge à la chaise).

Le Bain turc, Le vœu de Louis XIII.

C'est entre le néo-classicisme et le romantisme.Pour Breton, il s'agit ici de montrer que la beauté n'est pas statique, mais évolue au gré des passions, inutile mais représentative des désirs de l'Homme.

La beauté,pour un Homme, ne doit pas se situer dans l'œuvre d'un autre, mais en lui-même.

Ainsi, lorsque l'Homme évolue, l'idée de beauté évolue avec lui. b.L'utilité de la beauté La beauté n'a pas d'utilité ! Du moins pas chez les surréalistes.

Pour Breton, qui reprend la définition de Kant (philosophe allemand très maniaque.

Il consacra sa vieà la connaissance et à l'enseignement.

Critique de la raison pure.

Il parle dans la Critique du jugement, que la libre production de la beauté réconcilie l'entendement(la compréhension), la volonté et la sensibilité.), elle est « une finalité sans fin ».

Breton ne décrit-il pas la Porte Saint-Denis comme étant « très belle et très inutile » ?Elle n'a pas de but pratique, elle est passionnelle, hasardeuse.

Lautréamont (1846-1870.

Il était comte.

Les Chants de Maldoror.

Considéré comme précurseur dusurréalisme) avait en cela introduit le hasard comme principale cause de création et d'évolution de la beauté.

Breton reprend d'ailleurs pour lui dans les Vasescommunicants, la formule de ce dernier « beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie.

».Les balades fureteuses de Breton dans les marchés aux puces sont l'illustration parfaite de cette recherche quasi constante de l'inutilité.

Il y allait « en quête de cesobjets qu'on ne trouve nulle part ailleurs, démodés, fragmentés, inutilisables, presque incompréhensibles […] » (cf.

p.

62). c.La recherche consciente de la beauté. Breton rejette totalement la doctrine de l'Art pour l'Art, cette théorie sur l'esthétisme faisant de la perfection formelle le but ultime de l'art ( perfection déterminé,réelle) (Théophile Gautier, Leconte de Lisle, les parnassiens dont le nom vient du Parnasse, le mont des Muses grecques.).

La beauté ne peut donc selon lui, être lefruit du travail.

« Sculpte, lime, cisèle.

» disait Théophile Gautier (Art - Emaux et Camées).

Breton lui semble nous dire « sursaute, frissonne, désire… Mais surtoutne cherche pas de raison ! ».Les surréalistes, pour briser cette frontière de la recherche consciente de la beauté, ont beaucoup utilisé l'écriture automatique.

Breton, en parlant de Robert Desnos,assure que « son crayon ( pouvait) poser sur le papier […] ces étonnantes équations poétiques.

» dont tous admiraient la « perfection technique » (cf.

p.

35-36). II.Une évolution perpétuelle et nécessaire.a.Une transformation constante L'Homme se doit de faire évoluer la beauté.

Elle doit être recréée sans cesse.

Breton nous le montre dans Nadja (cf.

p.

175) en nous contant le souvenir d'un peintrevoulant suivre sur sa toile l'évolution d'un coucher de soleil en « luttant d'adresse et de rapidité ».

La manœuvre échoua mais le tableau « inachevé » parut « très tristeet très beau » à l'écrivain.

La beauté n'est pas contemplation, sinon elle devient éternelle, ce que Breton refuse.

Pour cette raison, il se méfie aussi des livres et ne dits'intéresser qu'aux ouvrages « qu'on laisse battants comme des portes », permettant ainsi au lecteur de créer et recréer sur la base qui lui a été donnée, sans figer sonesprit.

La beauté n'est jamais achevée, il faut la faire revivre.

Et pour cela, il faut écouter ses désirs. b.Un « nœud de désirs » La beauté est beaucoup plus riche que l'expression d'un seul désir : c'est un « nœud de désirs », de passions.

La beauté est surdéterminée, au sens psychanalytique duterme.

Cela veut dire qu'elle est le fruit des désirs entrecroisés de l'inconscient.

Son sens est alors manifeste, visible, mais aussi caché, latent.

« La beauté je la vois. »

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