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Commentaire, Cinna (les sentiments d'Emilie)

Publié le 25/01/2014

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Le personnage d’Emilie doit lutter face à ses sentiments tous très forts qui la pousse vers un choix fatidique alors qu’aucune solution n’est envisageable, c’est cette pression poussée à l’extrême qui rend son personnage riche et intense mais aussi très complexe.   La haine est un sentiment dominant et lui dicte ses choix, des fois jusqu’à troubler son jugement et l’aveuglée par un désir de vengeance. Les règles de bienséances sont néanmoins respectées par Corneille qui se contente de relater la mort du père. Passant alors par la douleur de la perte d’un être cher à une volonté de meurtre (vers 1 et 2 « Impatients désirs d’une illustre vengeance. Dont la mort de mon père a formé la naissance »), Emilie dévastée, doit affronter la dure vérité et voit son pire ennemi accéder au pouvoir malgré son crime (vers 9 « Quand je regarde Auguste au milieu de sa gloire »), elle a l’impression de ne pas pouvoir surmonter cette épreuve et s’en remet aux Dieux à travers cette métaphore (vers 6 « Durant quelques moments souffrez que je respire »). L’injustice de cette situation ne fait qu’accentuer sa souffrance et son amertume, retranscrites par une personnification (ver...

« S'ensuit alors une succession de ressentiments appuyés par un style d'écriture soigné et appliqué : nous avons à faire à des rimes suffisantes en alexandrin, à des hémistiches (vers 14 « La cause de ma haine, est l'effet de sa rage ») ou encore à des césures (vers 32 « Dans sa ruine même il peut t'envelopper ») exposant à la fois l'antipathie d'Emilie qui est accentuée car elle se répète, ainsi que l'alternance de ses sentiments, tiraillée entre le devoir familial mais terrifiée à l'idée de perdre son amant. L'amour quand à lui est omniprésent et s'oppose directement à la haine, qui sont deux sentiments très forts.

On peut justifier cette affirmation avec une antithèse (vers 18 « J'aime encor plus Cinna que je ne hais Auguste ») qui résume la complexité de ce dilemme et la détresse dans  laquelle Emilie est placée.

Pour autant, à partir du vers 18, sa volonté de vengeance alors dominante (vers 1 « Impatients désirs d'une illustre vengeance » ou vers 16 « Et crois, pour une mort, lui devoir mille morts ») laisse place à son amour pour Cinna, qui est réciproque comme on peut le remarquer avec le déterminant possessif « ton » au vers 33 « Et quoi qu'en ma faveur ton amour exécute »  le plaçant au dessus de tout.   Cet amour passionnel nuit à Emilie qui ne peut se résoudre à donner la vie de son amant pour sauver l'honneur familial, ses marques d'hésitation, de doute sont fréquentes.

Le vers 22 montre le péril dans lequel se jette Cinna  (« Quand je songe aux dangers où je te précipite ») associé à une hyperbole (vers 26 « Sans attirer sur soi mille et mille tempêtes ») ce qui renforce la peur et la culpabilité d'Emilie car on ne peut abattre un empereur sans en retour, recevoir les foudres des Dieux (vers 25 « D'une si haute place on n'abat point de têtes »).

Les « tempêtes » sont donc une métaphore pour désigner les alliés d'Auguste qui seraient prêts à le venger.

On relève le champ lexical de la mort appuyant sur la fatalité de la Tragédie (vers 24 « sang », vers 35 « mortel » et « danger », vers 36 « te perdre »).

Ainsi nous sommes sûrs de la fin tragique de Cinna au vers 27 « L'issue en est douteuse et le péril certain », une opposition qui montre les enjeux de la requête d'Emilie car personne ne peut en prévoir la réussite mais la mort est bien présente.              Jusqu'au bout, Emilie hésitera sur le choix à faire et les conséquences qui en résulteront, ce « doute persistant » est bien figuré par une série de 3 interrogations respectivement aux vers 41-42 et 44 (« La mort d'un ennemi qui coûte tant de pleurs ; Mais peut-on en verser alors qu'on venge un père ? » ; « Est-il perte à ce prix qui me semble légère ? » ; « Et quand son assassin tombe sous notre effort ; Doit-on, considérer ce que. »

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